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Vite un plan Marshall pour Gafsa
Longtemps exploitée, mais toujours laissée pour compte
Publié dans Le Temps le 18 - 02 - 2011

Par Mohamed Fadhel Mokrani - Durant des siècles, la relation entre la ville de Gafsa et le pouvoir central de Carthage puis de Tunis a été une succession de rebellions et de révoltes auxquelles les seigneurs du nord répondaient par des guerres punitives et des expéditions militaires musclées.
Gafsa a toujours payé le tribut de son désir de liberté par le sang et l'hégémonie martiale des Etats qui ont imposé tout au long de ces siècles un impôt suffoquant et un contrôle sans partage des richesses de la région. La position militaire stratégique de Gafsa, offrait une occasion supplémentaire aux Etats de tout bord (Carthage, Numidie, Byzance, Empire Ottoman, Beylicat de Tunis, France) de s'intéresser à cette région, d'en contrôler le territoire et de s'en approprier les passages et les routes qui constituaient un réel avantage militaire.
La prospérité extraordinaire connue Gafsa à la fin de la période Romaine et sous le règne des Byzantins était essentiellement le résultat de l'élévation de la cité au rang de Municipe puis de Colonie Romaine. Une période de démocratie qui a permis à la cité et à ses habitants de prospérer et de participer à l'essor qu'a connu le pays tout entier. Il n'est pas difficile de comprendre par conséquent le refus du changement qu'imposait la conquête Arabe et le temps que Gafsa a mis pour se convertir à la nouvelle religion et à la langue arabe (six siècles après cette conquête les Gafsiens pratiquaient encore la langue latine).
Depuis les premières années de l'indépendance, Gafsa, la citadelle la " Murée/Cafaz", s'est renfermé sur elle-même et s'est isolée à l'intérieur de ses murailles, par la volonté de Bourguiba, dans un isolement militant. Pour cette Cité, nonobstant l'indépendance, l'histoire se répète encore et encore avec une résignation et une insolence génétique.
Caractère rebelle
Fidèle à son caractère rebelle, la voilà qui se fait remarquer avec Ahmed Tlili qui se dresse contre les politiques de Bourguiba, la voilà avec Lazhar Chraiti et ses " fellagas " qui fomentent un coup d'Etat militaire, contre " El Moujahed Al Akbar ". Voilà Ezzedine Cherif, avec sa brigade armée jusqu'aux dents, qui défie le pouvoir et s'empare de la ville, pendant plusieurs jours. Voilà les villes minières qui se rebellent pendant plusieurs mois et paralysent toute activité d'extraction et d'expédition du précieux minerai. Chaque événement était accompagné de son lot de morts et de destructions mais aussi avec davantage de marginalisation de la population de la région par rapport au reste du pays.
Il faut rappeler qu'à l'indépendance, le gouvernorat de Gafsa englobait l'actuel gouvernorat de Tozeur et le gouvernorat de Sidi Bouzid. Dans le but de mieux contrôler la région, Bourguiba a décidé en 1973 puis en 1980 de faire respectivement de Sidi Bouzid et de Tozeur des Gouvernorats à part.
Les deux dernières décennies ont fait mieux que d'imposer l'oubli, elles ont frappé l'Etat d'amnésie et Gafsa, pour le nouveau régime despotique et mafieux, a tout simplement cessé d'exister.
Bourguiba, tout comme son successeur exerçaient après chaque soulèvement, après chaque grève, plus de répression et abattaient sur la région les pires sanctions. A chaque fois elle était encore plus affligée et un peu plus écartée de l'histoire et de la géographie de la Tunisie. Gafsa était tout simplement et depuis 55 ans punie par les deux despotes. Les Ministres, les conseillers, ce que nous appelons la société civile et la majorité écrasante de " nos intellectuels " avaient assurément et malheureusement la face tournée vers le Sahel et le nord.
Ne parlons pas des médias qui n'existaient que pour les maîtres de Carthage et leurs courtisans.
Les richesses de la région (phosphate : la Tunisie est le 5ième producteur mondial, les dattes et l'agriculture) constituaient pendant près de deux décennies, hormis, l'huile d'olive, les seules et uniques richesses réelles de la Tunisie qui ont permis le développement des régions côtières et le lancement des projets économiques stratégiques (tourisme) et industriels qui font aujourd'hui la prospérité de ces nouveaux pôles économiques. Le pétrole d'El Borma qui est venu renforcer plus tard la trésorerie de l'Etat se trouve encore par hasard dans le sud, même si les champs sont en dehors du Gouvernorat de Gafsa.
Rien à l'horizon
Pendant ce temps le Gouvernorat était démembré, et la misère s'installait de plus en plus. Malgré son rôle de détentrice des richesses, aucun projet digne de ce nom n'est venu transformer le paysage industriel et économique de la région. La part de prospérité de Gafsa, tout comme le reste du sud pétrolier, n'étaient pas au rendez-vous.
Dans tous les pays du monde, les régions minières, pétrolières ou tout simplement possédant une richesse naturelle bénéficient d'une part consistante de cette richesse qui sert à sa prospérité et à son développement. Ce n'était pas le cas à Gafsa.
Aujourd'hui, on estime que le minerai de phosphate à lui seul (sans compter la transformation du minerai dans les usines des engrais chimiques), rapporte quotidiennement à l'Etat la valeur de trois milliards de millimes, soit près de Mille Cent Milliards de millimes par an. (Près de 3000 milliards de nos millimes si l'on y incluait les autres branches du secteur). Dix pour cent de ce chiffre auraient fait de cette région difficile une place viable capable d'offrir des soins, de dispenser des études modernes d'offrir des emplois, d'attirer les spécialistes de tout bord et de leur offrir les atouts d'une vie confortable dans une zone au climat réputé difficile.
Le tourisme qui fait la prospérité des zones côtières du pays a oscillé au gré des difficultés et de la concurrence, pour ne pas dire de l'hégémonie des Tours Opérateurs et des choix politiques des pays pourvoyeurs, entre le tourisme des plages, du golf et des marinas et le tourisme culturel, écologique et même de chasse.
La civilisation Capsienne, le passé romain et byzantin, les oasis et les ressources en eaux minérales de la région (à ce propos, ces eaux aux qualités curatives et médicales avaient fait l'objet d'un projet de sanatorium présenté par les Allemands dans les années 60, sont aujourd'hui utilisées par les laveries de phosphate et ont disparu du paysage -Sidi Ahmed Zarroug-, tout comme les sources des piscines romaines qui ont fini par tarir après des milliers d'années !!!) pouvaient offrir des trésors de découvertes à des dizaines de milliers de touristes férus d'histoire et de culture. Mais il n'y avait pas d'autoroutes, ni de vrais hôpitaux ni de vrais centres commerciaux ni de vraies conditions de vie pour recevoir ces invités. Déjà que les Tunisiens eux-mêmes refusaient de s'installer dans ce bled pour les mêmes raisons.
Plus qu'une punition...un bannissement
Comme jadis chez les Vandales, on bannissait les prisonniers à Capsa, aujourd'hui, partir travailler à Gafsa est plus une punition, un bannissement, qu'une opportunité professionnelle. La consolation est que ces " exilés " ont souvent les larmes aux yeux, quand la période " d'exil " arrive à son terme et souffrent de devoir quitter ce peuple si fier et si hospitalier, connu pour son courage, pour sa parole donnée et pour son humour.
Aujourd'hui, la Révolution de la dignité et de la liberté, du 14 Janvier 2011, partie du bassin minier et de Sidi Bouzid, porte en elle cette envie de justice et ce désir de liberté et de démocratie. Elle changera sûrement les rapports entre le pouvoir central et la région. La Tunisie est une et solidaire et à ce titre toute politique économique, industrielle, culturelle de santé, d'éducation et de l' emploi, doit être orientée vers ces régions en priorité pour qu'elles puissent rattraper le retard subi.
Les femmes et les hommes de la région de Gafsa méritent plus qu'une identité nationale, ils méritent de la reconnaissance et de la gratitude. Ils ont fait l'histoire et la feront encore. Leur patriotisme, leur travail et leur génie nous interpellent et nous rappellent qu'ils étaient numides, carthaginois, romains d'Afrique, Byzantins musulmans et Tunisiens et se plaçaient à chaque étape dans les premières lignes du front pour défendre leur pays, leur identité et leur dignité.
Aujourd'hui, le Gouvernement provisoire se doit d'engager un plan " Marshall " en faveur de cette région déshéritée par la volonté des hommes et riche par la volonté de Dieu. Un fonds spécial devra être constitué d'urgence. Il servira à financer les projets publics d'infrastructures de base (routes, santé, éducation, culture, etc..), La construction de l'autoroute du Sud doit démarrer aussi de Gafsa et non attendre son arrivée dans 4 ans. Les travailleurs de la région doivent prendre part dans sa construction,
Dans le même temps, 15 % des revenus des phosphates doivent alimenter ce fonds chaque année et serviront à renforcer l'activité industrielle, touristique et économique de la région, Un Institut de recherches fondamentales sur les phosphates doit être créé et se consacrera aux recherches sur l'extraction de l'uranium du minerai (l'uranium naturel est très recherché et les réserves connues seront épuisées dans les 15 prochaines années). Cet Institut attirera les chercheurs et les scientifiques et Gafsa sera un pôle convoité et cessera d'être le goulag tunisien.
Dans la nouvelle Tunisie libre, nous nous devons d'être francs et sincères. Nous tous, Citoyens, hommes politiques, intellectuels, journalistes, cadres de la nation, devons assumer nos erreurs passées et permettre aux gens d'en bas de se sentir pleinement Tunisiens et accepter leurs appels à participer à la reconstruction d'une Tunisie moderne, libre et démocratique. Comme à l'époque romaine, dans la nouvelle Tunisie juste, démocratique et libérée, les habitants de Gafsa et de toutes les autres régions du pays feront exploser leur génie créateur pour faire de ce pays, du nord au sud, une terre où il est agréable de vivre et où l'on crie haut et fort qu'on est TUNISIEN.


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