Par Hechmi GHACHEM - Ratatouille inextricable que celle que proposent les Hommes de Théâtre ces derniers temps dans leur frénésie, absolument légitime, de sortir des sables mouvants où les avait enfoncés plus d'un demi siècle de dictature et de mise au pas. Et ce qui augmente la teneur de l'obscurité qui nous empêche de discerner entre les treize points proposés comme primordiaux pour défricher le terrain, c'est que ce sont encore pratiquement les mêmes qui parlent. Eux ou ceux qui font partie de leur clan et de leur sempiternel plan pour récolter les bénéfices de la moisson que ce soit par temps clair et tranquille de répression ou par temps de révolution. Le point le plus abracadabrant est peut-être celui de mêler les problèmes des troupes professionnelles à ceux des amateurs. On ne comprend pas pourquoi. D'autant que cette dernière catégorie est encadrée –généralement- par une association et la loi qui régit ce genre de structure à but non-lucratif est on ne peut plus explicite et transparente. Evidemment qu'il y a dans les vieux tiroirs du ministère de tutelle un “décret“ interne qui encourage toutes les associations culturelles dans leur démarche créative mais l'on se garde bien de le montrer et la majorité des gens ignorent jusqu'à son existence. Les associations théâtrales peuvent donc jouir des subventions fixées par ce “décret“ occulté à bon escient et pour le reste… qu'elles se débrouillent. Reste l'amalgame entretenu par certains concernant l'obtention de la carte professionnelle. A ma connaissance, il était convenu –et ce depuis une vingtaine d'années- que ces cartes sont octroyées à ceux qui ont fini leurs études théâtrales dans les conditions requises et à toute personne ayant participé “d'une manière aboutie“ à trois créations dans le cadre d'une institution professionnelle. La porte demeure donc ouverte à tous ceux qui veulent faire de cet art leur métier, y compris les amateurs. La disparition de tous les comités et commissions qui ont été des véritables boulets aux pieds pour notre quatrième Art est, sans hésitation, une très bonne décision qui se serait, de toute façon, imposée d'elle-même dans le cas où on aurait hésité à les condamner à l'anéantissement. Reste que la seule commission valable dans son essence et ses objectives mais qui a –hélas- été détournée de sa fonction pour s'ériger en commission de censure c'est celle de la sélection théâtrale. Le problème du taux des subventions allouées dans un premier temps comme base minimale ou syndicale et, dans un second, comme choix nécessaire à la compétitivité artistique (et donc à l'essor du théâtre) doit être actionné selon un barème de reconnaissance et d'évolution matérielle du travail proposé mais, aussi et surtout, de sa valeur en tant qu'œuvre d'art. Et puis l'on se demande surtout pourquoi le Ministère de tutelle prend tant de plaisir à faire suer les artistes pour l'accomplissement du travail qu'il lui revient de faire. Il n'a qu'à ouvrir ses vieux tiroirs et il y trouvera toutes les propositions et législations sur lesquelles tant d'Hommes de théâtre se sont penchés. L'administration s'étant toujours contentée de jeter les rapports de ces travaux à la poubelle, pour faire plaisir au pouvoir qu'elle servait, devrait s'atteler à la tâche et faire ses propres propositions à un secteur qu'elle a jusque là étranglé jusqu'à l'étouffement. Après tout elle est payée pour cela!