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« La réalité est, malheureusement, différente des aspirations politiques et des écrits sophistiqués »
Thema - Nouveau pacte de démocratie, de développement et de sécurité dans l'espace euro-méditerranéen
Publié dans Le Temps le 03 - 05 - 2011

Interview de Rym Ayadi : Directrice de recherche au Centre d'études des politiques européennes à Bruxelles - Quel nouveau pacte de démocratie, de développement et de sécurité post révolution ? Il est certes un vrai défi de donner des réponses sans ambiguïtés politiques sur cette question de nature déjà ambiguë. Y avait-il un pacte de démocratie, de développement et de sécurité auparavant, pour parler d'un nouveau ?
Serait-il peut-être plus pertinent de se demander comment construire ensemble un pacte de démocratie, de développement et de sécurité durable pour l'espace euro-méditerranéen ? Rym Ayadi, Directrice de recherche au centre d'études des politiques européennes à Bruxelles, experte des développements économique, financier et politique, en Europe et dans la région MENA dirige depuis avril 2010 le consortium euro-méditerranéen (MedPro). Elle a animé lors du dernier forum international de Réalités un panel sur le nouveau pacte pour la démocratie, le développement et la sécurité dans l'espace euro-méditerranéen.
• Le Temps: Quel nouveau pacte de démocratie, de développement et de sécurité post révolution ?
• Rym Ayadi: Il est certes un vrai défi de proposer des réponses sans ambiguïtés politiques sur cette question de nature déjà ambiguë. Y avait-il un pacte de démocratie, de développement et de sécurité auparavant, pour parler d'un nouveau ? Les événements historiques qu'ont connu les pays du Sud de la méditerranée ont jeté l'ancre sur une vague de questions sur les politiques euro-méditerranéennes des dernières décennies. Des politiques qui viraient plus à l'échec qu'à la réussite pour certains (ou même pour la plupart). Commençons d'abord par comprendre les anomalies de ces politiques pour pouvoir aller en avant et ne pas se trouver prisonnier dans la même cage des concepts et aspirations politiques qui restent du domaine de la théorie. La révolution de la rue tunisienne a mis en exergue trois notions qui sous l'effet des masses ont interpellé les décideurs politiques des pays développés et ont exigé une révision de leur position politique vis à vis des dictateurs qui jadis servaient confortablement leurs intérêts sécuritaires et économiques. Trois notions fondamentales pour tout être humain : la liberté, la dignité et la justice qui ont été oubliées et bafouées dans le règne du régime déchu et qui après la révolution devraient être préservées et respectées comme objectifs dans la nouvelle Constitution tunisienne. Une autre notion que le peuple tunisien a hautement montré au reste du monde, la solidarité non seulement pour restaurer la sécurité des quartiers quand le système sécuritaire a fait défaillance mais aussi pour accueillir à bras ouverts les frères libyens qui fuyaient un autre dictateur engagé à consolider son crime contre son peuple et les bombes de l'Occident qui visaient à raser les troupes pro-dictateur…
• Comment de telles notions censées être des valeurs universelles ont pu sonner l'alarme sur des politiques renforçant des régimes qui les bafouaient ?
-Prenant le cas de la Tunisie, qui a signé un accord d'association avec l'Union européenne en 1995, dans le cadre du fameux processus de Barcelone, qui théoriquement visait à renforcer la coopération et dialogue politique principalement à travers des réformes de nature démocratique et de bonne gouvernance (qui normalement aurait eu pour résultante l'ancrage de la dignité des citoyens et le droit à la justice), de renforcer le dialogue culturel à travers la promotion de la société civile (qui naturellement nécessite une société libre), et la coopération économique ayant pour cible la mise en place d'une zone de libre échange en 2010. Cependant, la réalité est malheureusement différente des aspirations politiques et des écrits sophistiqués. Une coopération qui a largement focalisé sur les aspects et réformes économiques et a omis les aspects et réformes politiques. Une politique qui en pratique s'est trouvée soutenir inconditionnellement des régimes non démocratiques (et tout ce qui va avec de la corruption au non respect de la dignité, la justice et la liberté des citoyens) et sous le prétexte de la poursuite sans questionnement des réformes économiques libérales et de records économiques globaux qui en résultent (une croissance soutenue à hauteur de 3 à 4 %, une augmentation relative du PIB par tête (en moyenne)), tout en mentionnant une balance commerciale déficitaire pour la plupart du temps (à l'exception de l'Algérie et la Libye qui tous deux exportent du gaz et du pétrole), et d'une coopération aveuglée dans la lutte contre le terrorisme et les migrations illégales (qui sont révélés par les licences accordées pour les exports des armes et autre produits (qui d'ailleurs ont été utilisés contre les manifestants pacifiques), sans se soucier du partage équitable des richesses entre les régions et classes, la création de l'emploi (dans des pays où les niveaux de chômage des jeunes ont dépassé les 30%). Un diagnostic à résultante maigre pour la rive sud, auquel s'ajoute une crise économique européenne qui ne fait qu'accentuer les problèmes économiques et de marché de travail surtout pour les pays à grande dépendance à l'égard de l'Union Européenne, tels que la Tunisie ; et qui rend les questions budgétaires hautement pénibles. Les relations euro-méditerranéennes ont aussi souffert des divergences politiques au sein de l'union européenne, surtout que les pays du nord de l'Europe et l'Allemagne sont plutôt virés vers l'est que vers le sud. Une divergence qui rend toute politique européenne vis-à-vis du sud obsolète et peu cohérente.
• Pourrait-on parler de pacte euro-méditerranéen pour la démocratie, le développement et la sécurité ?
-Au vue de l'action militaire hâtive sur la Libye initiée par la France, de la décision de la France de réviser l'accord de Schengen, un pilier de la construction Européenne, due aux quelques milliers de Tunisiens qui fuient leur pays faute d'emplois, de l'enveloppe de quelques centaines de millions d'Euros accordée à la Tunisie et à d'autres pays du sud pour soutenir leur quête vers la démocratie, est ce qu'il y a eu vraiment un changement de politique ? Ou c'est un faux semblant de soutien conditionné pour préserver cette position fragilisée par les erreurs politiques ? Le 8 Mars, pour répondre aux rues arabes de voisinage, le partenariat ambitieux lancé par la commission européenne pour la démocratie et la prospérité partagée avec le sud de la Méditerranée, relance l'espoir. Une promesse européenne pour soutenir les processus de démocratisation et renforcement des institutions, un partenariat renforcé avec les populations (sur l'appui de la société civile et les programmes d'échanges), et la promotion d'une croissance et un développement économique durables et inclusifs, grâce au soutien des PME, à la formation professionnelle, l'amélioration des systèmes de santé et d'enseignement et au développement des régions peu favorisées tout en introduisant le concept de différenciation et une enveloppe budgétaire plutôt maigre largement allouée au contrôle des frontières, aux aides humanitaires résultant de la crise libyenne et au soutien à la transition démocratique. Rappelons nous de l'allocation de l'union Européenne de base à la Tunisie de 17 M € en deçà des espérances. Une révision est en cours de la politique de voisinage et la volonté de passer à des statuts avancés tout en renforçant le dialogue politique et le concept de différenciation. La différenciation est une stratégie incitative : les pays allant plus loin et plus vite dans leurs réformes pourront compter sur un soutien plus important de la part de l'UE. Les aides seront réallouées ou recentrées lorsque des pays prennent du retard dans la mise en œuvre des programmes de réforme approuvés ou s'ils en réduisent la portée. Une stratégie attrayante sur papier, mais difficile à mettre en exécution car elle nécessite un système de monitoring performant sur place. Dans ce cadre, le rôle de la société civile est essentiel. Renforcer leur capacité est la clé pour suivre les réformes et à participer efficacement aux dialogues concernant les politiques à mener. Le risque est une course vers le bas. La société civile doit en profiter de programmes de jumelage et de formation pointus. Un autre volet essentiel de la coopération est la facilitation de la mobilité. La commission proposera des directives spécifiques qui seront ou pas adoptées par le conseil et le parlement européen. Dans le long terme, la commission aspire à libéraliser le régime des visas au cas par cas. Une stratégie ambitieuse qui risque d'être bloquée par les événements des derniers jours à Lampedusa et la décision de la France de la révision des accords de Schengen .Un autre domaine d'une importance fondamentale dans la région est la promotion du développement économique inclusive à travers la promotion du secteur des MPME, un secteur clé pour la création des emplois. Dans ce cadre l'accroissement du portefeuille de la BEI (de plus 1 Milliard€) est le bienvenu ainsi que la possibilité que la BERD intervienne dans le financement des PME dans la région. L'Union pour la Méditerranée jouera aussi un rôle dans le développement des PME en facilitant l'accès au financement, et au renforcement de la capacité dans le cadre de la sixième initiative pour le développement du secteur privé. S'ajoute à ceci, la nécessité d'adopter dans les plus brefs délais les règles d'origine préférentielles pan euro méditerranéennes et de revitaliser la coopération entre secteurs (particulièrement les secteurs du tourisme et de l'agriculture et de lever les obstacles tarifaires et non tarifaires face aux produits du sud. Sur le plan politique, l'UE a un rôle pivotal dans le processus de paix en Proche Orient. La mise en place d'un Etat palestinien est une condition nécessaire au développement de la région. Finalement, l'UPM doit être repensée pour se remettre à l'ordre du jour en la dotant des moyens pour renforcer ce partenariat et éviter la trappe du blocage politique. L'UPM doit être vue comme un instrument de co-développement et peut être adéquat pour accompagner la transition démocratique dans les pays du sud ; l'UPM peut se doter de nouveaux projets sectoriels – agriculture et tourisme importants pour le sud. Pour conclure, l'histoire euro-méditerranéenne est dans un tournant dans son histoire, soit l'opportunité est saisie pour développer le sud et le nord coude à coude, soit elle est perdue, comme d'ailleurs elle a été perdue par le passé, confirmant les écrits de l'historien Fernand Braudel.


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