Depuis l'avènement de la Révolution glorieuse en Tunisie, hormis les soubresauts sécuritaires et les quelques incidents de parcours, somme toute prévisibles en pareille phase de transition, chaque jour nouveau est porteur d'initiatives louables confirmant la métamorphose salutaire que vit la société tunisienne en ébullition. Une brise rafraîchissante souffle désormais sur nos contrées, déliant les langues dans son sillage, faisant sortir les âmes, pour longtemps engourdies, de leur apathie et de leur mutisme forcé, et réconciliant les esprits les plus réticents avec leur environnement contextuel. Cet air nouveau, embaumant le ciel de notre pays du parfum de la liberté et de la démocratie, a insufflé un sang nouveau dans un corps social dégoûté, malade de son système politique, contraint, des décennies durant, à l'inertie et à la passivité. L'activisme associatif, qui était l'apanage quasi exclusif des adhérents et des inconditionnels sympathisants de l'ex-parti au pouvoir, se démocratise et retrouve progressivement ses lettres de noblesse, déblayant largement la voie devant les bonnes volontés pour se manifester et s'épanouir. Dans ce contexte de ferveur patriotique, l'île de Djerba vient d'enregistrer l'éclosion de nouvelles associations à vocations diversifiées, agissant dans des domaines multiples, politique, culturel, social, et environnemental, lancées par des groupes de citoyens d'horizons intellectuels et professionnels divers. Leur souci majeur est de promouvoir les assises de la société civile dans l'île dont les composantes agissant de longue date ont montré leurs limites en termes d'efficacité et de conformité aux principes de l'engagement associatif. Quatre associations dignes de ce nom viennent d'annoncer la couleur dans ce nouveau paysage de la vie associative : LOGOS, une association à vocation culturelle devant œuvrer à diffuser la culture du dialogue et de l'échange édifiant, et qui a entamé ses activités par un atelier de réflexion sur le thème de « l'espace public et la démocratie » organisé à la date du 02 avril ; l'Association pour la Solidarité et le Développement, qui a inauguré son parcours naissant par la tenue d'une conférence dimanche 01 mai sur le thème de la solidarité et du développement; l' Association AL KARAMA Pour la Culture et la Paix » à vocation culturelle et sociale axant ses priorités sur l'ancrage de la démocratie, de l'égalité, de la justice, et sur la vulgarisation des principes de la cohabitation civile, de la paix, de la solidarité et de la conscience citoyenne ; elle vient d'organiser, en guise d'avant première, à la date du samedi 14 mai, une conférence portant sur le thème «La Révolution et les défis de l'édification du processus démocratique »; l'Association La Brise Verte, à vocation environnementale qui est entrée en lice en organisant, dimanche 08 mai, en collaboration avec l'Association pour la Sauvegarde de l'Île de Djerba et les scouts, une campagne de propreté et d'embellissement ayant concerné l'artère principale de la ville de Houmt-Souk. Cette éclosion en masse d'associations confirme le nouvel état d'esprit du commun des Tunisiens en nette réconciliation avec le contexte du renouveau prévalant. Ces forces vives et ces compétences à l'origine de l'émergence de ces associations, et qui se sont tenues pour longtemps à l'écart de toute implication dans le tissu associatif en place, sont maintenant résolument décidées à sortir de l'ombre du silence et du laisser-faire, armées de bonne volonté et pleines d'espoir en l'avenir, désireuses de rattraper le temps perdu et apporter leur contribution au bien-être et au développement harmonieux de leur île. Un pareil engouement, même s'il est tardif, circonstances atténuantes obligent, ne sera que pour soulager cette île de Djerba, continument harcelée par les convoitises mercantiles, usurpées de ces richesses et de ses spécificités patrimoniales séculaires et millénaires par des forces ignares ou obscurantistes. Toute association, pourvu que ses membres soient mus par une volonté sincère et une conscience citoyenne véritable, servira l'intérêt général et le bien commun et ne fera que consolider les remparts pour contrecarrer les velléités à la nuisance, malheureusement en croissance.