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Il était une fois…
Livre : « Les portes du Menzel » de Abdelmajid Bouslama
Publié dans Le Temps le 25 - 05 - 2011

Mais le constat qui s'impose, une fois fermé ce livre de quelque 340 pages, c'est qu'une vie bien remplie, c'est surtout une vie que l'on se construit, à la force du poignet ; en gagnant chaque jour, un peu plus de terrain, sur l'adversité, et sur les difficultés qui jalonnent un parcours, où les bosses et les chemins en creux, s'ils vous alourdissent le pas, et vous lestent de plomb, ne vous empêchent pas d'avancer. Ce qui n'est pas donné à tout le monde.
Et s'il faut parler de « success story », ce livre est tout indiqué pour mettre du cœur au ventre à tous ceux qui ont eu, un jour ou l'autre, la tentation de tout abandonner, pensant que lorsque l'on n'est pas né, avec une cuillère d'argent à la bouche, l'horizon est bouché d'avance. Et qu'il faudra accepter de se laisser porter par tous les vents contraires, sans opposer de résistance. Sauf que lui n'en croit rien. Pourtant, il est venu de loin…
Mais s'il a décidé un jour de raconter sa vie, ce n'est certes pas pour s'enorgueillir, quelque soixante ans après, d'avoir su tirer son épingle du jeu, quand d'autres, armés du même bagage, c'est-à-dire avec presque rien au départ, auraient été dépassés par les évènements, et auraient choisi d'abdiquer. Mais c'est plutôt parce qu'il est parvenu à ce moment, où l'âge aidant, l'on éprouve la nécessité très fort, de se retourner, pour revoir sa vie à rebours, par fidélité à ses origines, et par devoir de mémoire, pour assurer la transmission en somme, afin que ces enfants, et les enfants de ses petits enfants, sachent d'où ils sont venus, pour qu'ils ne se perdent pas à leur tour en chemin. Car une identité tronquée fausse tout, et lui a toujours refusé d'oublier.
Il était une fois, un petit enfant qui a ouvert ses yeux au monde dans un Menzel à Jerba…
Il est une autre fois, un adulte, n'ayant pas égaré en chemin sa part d'enfance, et qui vit aujourd'hui dans la plus belle ville du monde, c'est-à-dire Paris, et qui porte son Menzel, comme les odeurs, et les bruits de son enfance, dans son cœur.
Il était une fois… mais c'était juste hier.
On l'aura compris, « Les portes du Menzel » de Abdelmajid Bouslama, (Ed. Abencerage et Cartaginoiseries), récit largement autobiographique, n'est pas un de ces ouvrages que l'on peut parcourir distraitement des yeux, en pensant à autre chose ; ou que l'on se plaît à feuilleter d'une main, juste pour la beauté du geste, avant de le reléguer dans quelque tiroir obscur, d'où il ne sortira plus, et de passer à autre chose. Ce livre est un compagnonnage ; qui commence à rebours, quelque part dans la ville des Lumières, avant d'achever sa ronde, après mille et un détours, dans cette même ville des Lumières, où l'auteur choisira au final, de revenir. Est-ce à dire que la force du lien, qui l'a toujours soudé à ses racines, a fini par s'effilocher, jusqu'à ce que ce lien soit rompu ? Loin s'en faut…
Le petit enfant de Jerba, qui marchait pieds nus, ne mangeait pas tout à fait à sa faim, et a perdu sa mère très tôt, happée par une tuberculose alors qu'elle n'avait que vingt-trois ans, est actuellement pneumologue consultant à Paris. Spécialiste diplômé de la Faculté de Médecine de Paris et ancien professeur agrégé de la Faculté de Médecine de Monastir, avait-il conscience, en embrassant cette voie, longue, et ô combien semée d'embûches pour le fils d'épicier qu'il était, plutôt voué à hériter du métier de son père, qu'à entreprendre des études, longues, et au-dessus des moyens de sa famille, qu'il ne cherchait, en réalité, et par-dessus tout, qu'à avoir raison de la maladie qui avait emportésa mère à la fleur de l'âge, le laissant démuni et fragile, à l'âge où il avait le plus besoin de sa tendresse ?
On ne sait pas. Toujours est-il que c'est ce chemin-là qu'il a choisi de suivre, et qu'il en est heureux et fier aujourd'hui.
Bien de l'eau est passée sous les ponts… Et tous ces souvenirs enfouis, que l'auteur a laissé affleurer à la surface de sa mémoire, pour les raconter dans ce livre riche, qui fourmille de détails, sur la Tunisie d'avant, et d'après l'indépendance -il est né en 1942-, vous prends et ne vous lâche plus, puisque le contraire est tout aussi vrai. Et s'il fera, à coup sûr, le bonheur de tous les étudiants en médecine, à qui certains détails, parleront plus qu'à un lecteur néophyte, il ne laissera pas indifférent tous les autres, parce que c'est un livre au ton juste, qui sonne vrai, vous transmet son allégresse, et vous touche au cœur à bien d'égards. C'est aussi un hommage à la connaissance, et comme une éternelle gratitude à cette miraculeuse institution qu'a toujours été, et que sera toujours l'école, même si beaucoup de choses ont changé aujourd'hui. L'école a changé la vie du petit Majid, et l'a sauvé. Qu'il soit devenu « Bob » pour les uns, « Boubou » pour les autres, ou encore « Dès lors que » lors de son escale tunisienne, il est toujours cet enfant qui adorait sa grand-mère, vouait une affection sans bornes pour son oncle Youssef, autre rayon de soleil de son enfance, et qui aimait son père sans avoir jamais osé le lui dire. Parce que «ça ne se faisait pas », et lui, comme les siens était pudique.
Il parlera tout de même comme un poète, de son histoire d'amour avec celle qui est toujours la femme de sa vie, sa lumière et son refuge.
Et c'est justement quand Abdelmajid Bouslama, en quelques brefs passages, met son cœur à nu, pour raconter le départ pour le « Grand ailleurs », de tous ceux qu'il a tant aimé et qui ont rendu douce son enfance malgré l'absence de sa mère, ou qu'il parle de son Menzel, de ses retrouvailles vingt- ans après, avec les paysages de son enfance, qu'il nous émeut le plus. On se retourne à notre tour, pour apercevoir au loin, sur un chemin poussiéreux, la silhouette furtive d'un petit garçon vêtu d'une blouse grise avec une « Chéchia » rouge sur la tête, revenu de son école, qui rejoint enfin les portes de son Menzel…
Samia HARRAR

« Les portes du Menzel » de Abdelmajid Bouslama ; (Ed. Abencerage et Cartaginoiseries) ; 340 pages.


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