Même si le gouvernement semble avoir tranché optant pour la date du 24 juillet initialement arrêtée comme rendez-vous électoral, la Haute Instance- soutenue par « la commission des sages »- campe elle sur sa position de la reporter aux 16 octobre pour les raisons portées à la connaissance de tout le monde. Nous autres citoyens sommes pris dans le triptyque où chacun jette la responsabilité sur l'autre. Cela commence à frôler le ridicule avec une communication qui nous a ramené à une ère qu'on croyait révolue. Pour être honnête, dans cette affaire, « la commission des sages » détient une part de responsabilité importante (mais pas entière). Elle me rappelle le voyageur qui a un train à prendre à huit heures pétantes, il se réveille à huit heures moins cinq et se rend compte qu'il doit se préparer, faire son bagage et se rendre à la gare le tout en cinq minutes ! Il était plus judicieux de lancer les préparatifs des fameux moyens logistiques depuis longtemps (ou bien une partie au moins), sachant que le recrutement et la formation des volontaires qui assureront le processus électoral n'entrave en rien les débats sur le choix du mode du scrutin ou sur l'exclusion des RCDistes pour une telle ou telle durée. Il en va de même pour la préparation des listes des électeurs et leurs mobilisations ; ces électeurs savent tout de même qu'ils sont conviés à des élections et non à une partie de cartes abstraction faite sur les programmes, la composition et les noms des membres de la haute instance etc… Les réactions discordantes des partis politiques, pour des raisons de calcul politicien, n'ont fait qu'aggraver la situation. Ces partis se trompent de calcul et font preuve de manque d'expérience voire de naïveté, somme toute logique eu égard à l'absence d'une pratique démocratique antérieure. Ils confondent l'élection d'une assemblée constituante avec les élections législatives, présidentielles ou locales. Ces dernières sont de nature à doter l'élu d'un mandat (impératif ou représentatif) au terme duquel et après une période régulière il reviendra devant l'électeur rendre des comptes et dont la sanction sera la reconduite de son mandat ou bien sa « résiliation ». Or le mandat dans le cas de l'assemblée constituante est unique et non reconductible du fait qu'on vote pour la rédaction d'une constitution unique, idem pour le programme du gouvernement de transition et éphémère issu de cette assemblée. 'il ne pourra jamais résoudre tous les problèmes hérités surtout dans un court laps de temps Un parti peut échouer dans son programme et surmonter les sanctions des électeurs et refaire surface, mais un parti qui érige une constitution avec une seule dominante idéologique qui s'avérerait impopulaire même chez une partie du peuple, risque d'être à terme définitivement disqualifié de l'échiquier politique. Les exemples sont nombreux et le RCD ex PSD(pour ne pas aller loin) en est une parfaite illustration. Aucun parti n'a intérêt à détenir la majorité au sein d'une assemblée constituante. Il lui suffit juste de peser sur les orientations et d'acquérir une certaine visibilité. Il est de l'intérêt de tous les partis politiques de parvenir à un paradigme de consensus sur le texte de la constitution. Par ailleurs on peut assimiler la phase de la « création » de la constitution au BIG BANG dans la mesure ou il s'agit d'une création ex nihilo animée par la seule énergie de la volonté populaire et portée par le pouvoir constituant originaire (en cas de révolution ou de création d'Etat) par opposition au pouvoir constituant dérivé (en cas de révision de la constitution). C'est l'étape qui vient avant l'étape zéro. Or la notion de la volonté populaire est une chimère qu'on ne peut satisfaire ; il est impossible que le peuple dans son ensemble soit porté par la même volonté. La majorité qu'on a souvent tendance à confondre avec la volonté populaire n'est autre que la souveraineté populaire expression du suffrage universel. Néanmoins la volonté populaire du peuple tunisien révolté peut se traduire dans ses aspirations qui l'ont poussé à se révolter et sur lesquelles l'ensemble des partis est d'accord mais ne coïncident pas forcement avec l'identité propre de ces partis. Pour toutes ces raisons et pour se sortir de cet imbroglio de dates et de procédures, il serait préférable que tous les partis et autres représentations de la société civile se constituent en assemblée constituante (ou en congrès) avec une répartition égalitaire parfaite en s'entourant de spécialistes qui seront chargés d'esquisser un squelette de constituions (la formulation et la forme des constitutions de tous les pays démocratiques se ressemblent). Les membres de l'assemblée se chargeront de sa rédaction par le vote. En parallèle cette assemblée se chargera de désigner ou élire un gouvernement de transition avec un minimum de prérogatives contrôlées par cette même assemblée. On pourra espérer que le peuple à qui on épargnera les tergiversations, sera convoqué pour des vraies élections et pourquoi pas le jour de la fête de la révolution. adeljugh [email protected]