A Sfax, c'est enfin, le soulagement qui succède au sentiment de frustration, voire de colère causé par le retard dans la publication du décret-loi portant nomination de la délégation municipale spéciale chargée de la gestion des affaires de la cité, un retard d'autant plus inexplicable que la liste des membres de la nouvelle équipe, remaniée, a été déjà été publiée précédemment au JORT. Vu la dégradation à vue d'œil de la situation, déjà chroniquement peu reluisante, l'installation de la délégation spéciale était attendue avec l'impatience que l'on imagine par les citoyens, désolés depuis longtemps par les prestations municipales, depuis longtemps matière à critique. A présent que c'est chose faite, le nouveau conseil municipal doit mettre les bouchées doubles pour relever un défi majeur, celui de rétablir la confiance entre la municipalité et le citoyen. Plus qu'un défi, ce serait même une gageure pour plusieurs raisons. En effet, non seulement les recettes de la municipalité auraient chuté à 50% par rapport à la même période de l'exercice précédent, mais qui plus est, on enregistre une accumulation de déficits au niveau de toutes les prestations et de tous les services : malpropreté, manque d'hygiène, étalage anarchique, occupation illégale d'espaces publics, construction anarchique et surtout grève ouverte des agents de réglementation sur fond de revendications salariales et professionnelles, etc… en somme, du pain sur la planche et un test sérieux pour la nouvelle équipe. Mais, faute de baguette magique, le nouveau conseil municipal doit se rendre à l'évidence : avec les moyens du bord et vu l'étendue du périmètre urbain, soit 5600 ha, ainsi que le foisonnement des domaines d'intervention de la municipalité, le travail municipal ne saurait guère être une sinécure. En plus des domaines d'intervention classiques comme la collecte des déchets ménagers et autres, l'entretien et la maintenance de l'infrastructure de bas, la voierie, l'embellissement de la ville, la création et l'entretien des espaces verts, la municipalité de Sfax a en effet la charge de gérer différents espaces et ses compétences s'étendent à une multitude de secteurs, qu'ils soient sportifs, culturels ou économiques, qu'il serait fastidieux d'énumérer, alors que ces espaces devraient être rattachés aux ministères de tutelle respectifs. La question qui se pose à ce propos est de savoir quelles attributions a le nouveau conseil municipal dont le « mandat » ne saurait guère dépasser les six mois, si toutefois il parvenait à se maintenir. A-t-il le pouvoir de s'attaquer à des questions d'ordre stratégique, d'entreprendre des actions profondes de restructuration et d'engager les futurs conseils dans une politique de long terme, ou bien se contenter de parer au plus pressé et de gérer le quotidien ? Comment promouvoir les prestations fournies aux citoyens, consolider les attributs de la qualité de vie et contribuer à l'impulsion du développement local en l'absence de moyens appropriés ? Comment gérer ce qui reste du budget, déjà assez étriqué, après avoir versé les salaires et autres traitements servis aux 2000 employés administratifs et aux ouvriers ? Que faire de l'héritage lourd des projets ratés à l'instar de l'aménagement désastreux de l'avenue Hédi Chaker, de l'inutilité de l'espace de la Famille et de l'Enfant , de la mauvaise gestion des zones bleues, du piteux état du jardin public, de la rareté des parkings.. ? Autant de questions sur lesquelles les membres de la délégation spéciale sont appelés à se pencher, avec à notre sens, une priorité absolue à accorder à la communication : d'abord pour donner l'information exacte et fiable sur l'état des lieux, ensuite pour mettre les habitants de la ville devant leurs responsabilités et les inciter à s'acquitter de leur devoir de citoyens, d'autant qu'ils n'ont plus l'alibi de l'exclusion quant à la gestion des affaires de leur cité, le nouveau conseil n'ayant pas de coloration politique, du moins affichée, a en principe une large représentativité. C'est donc aussi un test pour le sens civique des citoyens qui sont appelés à payer la taxe locative, à cesser toute contravention aux règlements en vigueur et à se montrer dignes de notre glorieuse Révolution. Taieb LAJILI
Composition de la délégation Président : Néjib Abdelmoula Membres : Ouassim Sellami, Habib Hriz, Ismahane Tahri, Mohamed Jamoussi, Brahim Ben Salah, Anouar Abdelkéfi, Ali El Euch, Mohamed Zouari, Skander Sellam, Mohamed Néjib Ghorbel, Mustapha Belhaj, Madiha Kanoun Masmoudi, Héla Ben Mahfoudh, Mohamed habib Bouhlel, Farhat Makni.