La Haute Instance met de l'eau dans son vin et elle fait, bien entendu en l'absence d'Ennahdha, et des autres dissidents : partis de Hamma Hammami et celui de Moncef Marzouki : « Commission politique », institutionnalisation d'un « ordre du jour » et d'autres propositions de remaniements organiques, au sein d'une Haute Instance qui est en train de tituber, d'accuser les coups de butoir des contestataires et qui donne l'impression de s'interroger sur sa propre légitimité. Yadh Ben Achour l'a dit à plusieurs reprises : « il est normal que les dissensions surgissent et se fassent tenaces parce que nous n'avions pas l'habitude de nous exprimer en toute liberté »… En d'autres termes, une intelligentsia opprimée depuis toujours pourrait ressentir des difficultés à s'accomplir dans un contexte où s'installe la Démocratie qui a elle aussi, elle surtout, son éthique et ses règles. Quelque part néanmoins, Yadh Ben Achour se prête avec un peu trop de scrupules aux ébauches d'accords de compromis… Cependant ce que craignent les gens qui croient en cette Haute Instance, c'est-à-dire les Tunisiennes et les Tunisiens qui croisent les doigts pour une Constituante digne du tournant historique qui l'a rendue possible, eh bien on a peur que le sens du compromis et le fameux consensus que recherche le Président de l'Instance ne procèdent de dangereuse abdications face à l'arrogance d'Ennahdha et de ses substrats. Forte des scores dont l'accréditent les agences de sondages, elle est parfaitement dans sa psychologie et dans sa logique « légitimiste ». Elle se considère donc comme étant en droit de dicter ses choix. Les pesanteurs au sein de la Haute Instance seraient-elles à ce point inégales ? Auquel cas, Yadh Ben Achour devrait bien dire les choses telles qu'elles se présentent et surtout, surtout, éviter de se déjuger. Surtout en ces jours où, soudain, on remet en question la légitimité de la Haute Instance… Ils sont par milliers à l'attendre au tournant et résolus à la diaboliser.