C'est la réalité vécue samedi après-midi par un petit propriétaire en conflit avec la société de conserve alimentaire implantée sur un terrain limitrophe de celui dudit propriétaire acheteur de ce terrain de feu son père depuis 1985 et dont la situation foncière est légale à tout point de vue après un jugement du Tribunal Foncier de Béja. Et il se trouve que ce propriétaire en voulant construire des Hangars sur cette terre-après avoir accompli toutes les formalités auprès des ministères de l'Agriculture et de l'Equipement ainsi qu'auprès des services de la protection civile et autres administrations s'est heurté à l'existence de canalisation d'eau et d'un canal d'évacuation d'eau usée (ce dernier verse ses poisons dans la Medjerda sans la moindre autorisation des services de la protection de l'environnement). Sans les toucher, il s'est adressé au propriétaire de l'usine par voie d'huissier notaire pour enlever les obstacles qui ont entraîné l'arrêt des travaux entrepris. Aucune réponse ni suite ne furent données à cette requête jointe d'un délai de cinq jours. En dépit de ce mutisme le propriétaire s'est éloigné quelques mètres de ces canalisations pour creuser dans des endroits prévus par le plan de construction aux fondations. Et quelle ne fut sa surprise en heurtant une seconde canalisation d'adduction d'eaux vers l'usine. De nouveau un constat par l'huissier notaire et une requête auprès du Tribunal de Première Instance de Béja. Pour sa part la partie adverse s'est livrée à l'intimidation avant d'aller chercher soutien auprès des autorités régionales et locales, comme cela fut le cas depuis que cette usine a été implantée vers la fin des années soixante du temps du collectivisme. Comment elle s'est implantée sur cette terre et en face de l'hôpital de Mjez El Bab et dans une cité urbaine ? Là c'est une autre histoire sur la quelle on reviendra et avec des détails. La terreur du samedi après-midi Après avoir échoué à amadouer le propriétaire pour lui permettre de réparer le canal, en question dont aucune indication n'a été fournie sur son passage ni par le vendeur du terrain ni par la société de conserve alimentaire qui devait joindre au contrat d'achat du terrain sur lequel a été bâtie la convention signée avec le premier propriétaire lui permettant la passage sous terre d'un « canal d'adduction d'eau à l'usine », mais aucune trace d'un accord, sur un canal d'évacuation d'eaux usées qui existe pourtant les responsables se sont adressés au tribunal de Béja pour qu'il les autorise à réparer le canal en question, mais en fournissant des données erronées sur le titre où la rupture du canal a eu lieu en donnant celui où se trouve l'usine qui n'est pas celui du litige. En outre ils ont indiqué et avec mauvaise foi que le propriétaire était héritier, pour signifier qu'ils ont astreint aux clauses de la convention signée par son père en 1970, alors qu'il était propriétaire par achat et qu'il n'a pas été avisé par qui que ce soit de l'existence desdites canalisations ce qui l'exempt du respect de cette convention et lui donne droit d'exiger leur enlèvement de sa par celle enregistrée en son nom en tant qu'acheteur. Le Tribunal qui n'était bien sûr au fait de toutes ces données a donné son autorisation pour que les travaux de réparation soient effectués sous la supervision d'un huissier notaire accompagné d'un expert en bâtiment. Mais cette opération exige légalement que le propriétaire en soit informé de manière légale. Et ce ne fut pas le cas dans la mesure où il n'était pas sur les lieux. Arguant de l'urgence de la situation les responsables de l'usine et leurs avocats ont essayé de faire le forcing sur le procureur de la République en permanence à Béja pour autoriser le recours aux forces publiques son refus d'outre passer la loi n'étant pas pour plaire à ces donneurs d'ordre et à qui on ne refusait rien. Le passage à l'acte Samedi 9 juillet, vers le coup de dix sept heures, on décide d'arrêter les machines à l'usine après avoir gonflé en bloc les ouvriers contre le propriétaire du terrain. Les femmes ont été choisies pour aller manifester devant la délégation, alors que les hommes ont été chargés d'attaquer le propriétaire sur sa terre. Plus d'une centaine étaient mobilisés pour l'opération coup de poing. Ils ont envahi la petite propriété se trouvant en bordure de la route et ce, jusqu'aux locaux. Ne trouvant pas le propriétaire, ils ont attaqué son frère aîné qui était sur place avec les gourdins et un madrier tranchant qu'il est parvenu à éviter par miracle. Un tonneau en métal lui fut envoyé en pleine figure. Deux pauvres ouvriers furent tabassés. Ils ont aussi amené avec eux un engin pour creuser et poser des canaux à la place de ceux endommagés. Ceci rappelle à bien des égards ce que commettent les colons israéliens contre les palestiniens en Cisjordanie. Une demi-heure après, deux ou trois responsables de l'usine appelés par leurs ouvriers ont rejoint la cohorte des agresseurs. Ils se sont fait accompagner par leur avocat devenu maître de chantier. Le pauvre frère du propriétaire n'a dû son salut qu'à l'arrivée du délégué accompagner de quelques membres des forces de l'ordre. Il est parvenu après de dures palabres à calmer les enragés pour enfin exiger d'eux de sortir l'engin du terrain qu'ils occupaient. Mais le comble dans tout cela est l'attitude de l'avocat et des responsables de l'usine ; une attitude qui ne cherchait qu'à attiser le feu avec les accusations à peine voilées à l'endroit du frère du propriétaire, le rendant « responsable de tout ce qui se passait et de ne pas tenir compte des centaines d'employés, touchés dans leur gagne-pain avec l'arrêt du travail. Créant du coup un problème social majeur »… Ceci se passait devant ces mêmes ouvriers qui, en entendant ces paroles devinrent encore plus furieux pour commettre n'importe quoi. Encore une fois c'est la sagesse du délégué et des forces de l'ordre qui a pesé pour voir ces hordes d'enragés quitter les lieux, après on ne sait quel ordre leur ayant été donné par voie de téléphone aux responsables et à l'avocat. Avant de conclure, l'on se doit de signaler que le propriétaire qui a eu vent de ce qui se passait sur sa terre a alerté un huissier notaire qui s'est déplacé sur les lieux pour faire son constat, accompagné d'un photographe lequel a immortalisé la scène par quelques photos où on distingue clairement les ouvriers de l'usine avec leur tenue de travail. La suite ce furent des palabres sans issue puisqu'après avoir accepté qu'un accord soit signé entre les deux parties en attendant ce que le tribunal va décider, et en arrivant dans le bureau du délégué, un coup de téléphone de Tunis dissuada, et l'avocat et les responsables de l'usine de signer cet accord. Entre-temps l'usine s'était remise en marche sans le moindre problème et elle a continué le lendemain et le surlendemain, sans aucun embouteillage des camions transportant les tomates Car l'usine dispose de deux puits avec sondage et d'un débit d'eau de la SONEDE largement suffisant pour ses besoins. Mais toute l'opération a été montée pour créer un climat de tension et à dessein. Et là ce n'est qu'un petit exemple sur les agissements de certains qui se croient encore au-dessus de la loi et qui ont intérêt à ce que la tension persiste. On y reviendra.