De Mustapha ZOUBEIDI - Qu'il soit un succès passager ou symbolisé par un titre, un honneur n'est jamais jugé que sous l'angle sous lequel on le voit. Pour le bénéficiaire et ses alliées, il ne peut être que triomphe. Pour les rivaux, par contre, il est toujours entaché de doute sinon de fraude et au mieux dépendant d'une chance insolente. Ces sentiments puisés dans la subjectivité, généralement s'estompent dès que le jugement s'élève au dessus des vaines contingences dont la masse des passionnés s'enivre à l'envie. A l'étage des responsabilités, en effet, les qualificatifs changent de termes et prennent normalement un autre sens même si celui, qui dans la colère ou le dépit, on a maladroitement confié à une mauvaise presse ou que les ondes ont amplifiés. Car à ce stade, peut importe ce que vraiment on pense, le savoir-vivre et la diplomatie, à défaut de sentiments sincères, commandent la courtoisie si ce n'est pas la sportivité. Comme ils exigent de l'autre côté la modestie et l'humilité. Mais hélas ! D'autres impératifs viennent s'imposer, moins honorables mais plus payants, pour faire oublier jusqu'à l'objet officiellement convoité, et s'attacher aux seuls noms du vainqueur et du vaincu, qui seuls déterminent les réactions sous l'effet de la subjectivité. Car ce n'est pas toujours l'émulation, même poussée à ses extrémités qui, chez nous, régit les rapports entre nos grands clubs, mais la pression que la masse, aveuglée par sa passion, exerce jusque sur des hommes qui, à force de lui prêter le flanc finissent par se comporter contrairement à leur intelligence et leur valeur par ailleurs avérées. On se tromperait si on croit que ce qui s'est passé ces dernières semaines était nouveau ou inédit. Les exemples foisonnent et pour ne citer qu'un seul, rappelons-nous cette finale il y a trente ans, quand un grand club a remporté de haute lutte le titre, a abandonné sur le gazon son trophée qu'on venait de le lui remettre par dépit d'avoir perdu ce jour là, la coupe au profit d'un adversaire à qui il reprochait son nom. Comme quoi aucun club de ceux qui font l'histoire du football dans notre pays n'est à l'abri de ces extravagances. Tous ne dédaignent guère, nous en sommes convaincus, de jouer la mauvaise comédie en jugeant depuis l'angle sous lequel ils regardent l'honneur selon qu'il soit le leur ou celui d'autrui.