C'était avant-hier soir dans la liesse générale que s'est terminé le Congrès du PCOT qui a commencé Vendredi. Au programme, il y avait la déclaration finale des travaux qui ont duré deux jours, le Samedi et le Vendredi, et une soirée musicale animée par la chanteuse palestinienne Rim Banna, Mohammed Bhar et le groupe « Al Bahth al Moussiqui ». Des journées culturelles ont été organisées en marge du congrès. L'appellation du parti maintenue
La direction nationale a été élargie, elle comprend vingt-et-un membres au lieu de dix. Les congressistes dont le nombre était aux environs de deux cents ont majoritairement opté pour le maintien de l'appellation du parti et renvoyé la question qui n'a pas été discutée d'une manière approfondie à des échéances ultérieures. Ils ont également discuté l'amélioration de la loi fondamentale et l'ordre interne pour que le Parti s'adapte aux nouveaux changements intervenus dans le monde. Les congressistes ont enfin voté des projets qui seront présentés aujourd'hui dans une conférence de presse par le porte-parole, Hamma Hammami.
L'onde de choc
Lundi, une table ronde était organisée autour du thème « La Révolution tunisienne et ses répercussions internationales » avec la participation notamment du Congrès Internationale des partis et associations marxistes-léninistes. La Révolution tunisienne qui est pacifique et consciente a fait entrer le monde dans une période postmoderniste, ont-ils noté. Les 200 000 diplômés universitaires ont constitué l'onde de choc qui a rendu sa réalisation inéluctable, ont estimé ces observateurs. Elle a montré à l'évidence que les partis classiques sont dépassés par les événements et que l'heure est aux masses et aux partis révolutionnaires. Ses émules sont devenus nombreux, ils sont dans le monde arabe, en Espagne, en Grèce, en France et bientôt partout, c'est une puissante vague qui déferle sur tous les continents, ont-ils fait remarquer. Le premier congrès public Vendredi, le jour de l'ouverture, le Palais des Sports d'El Menzah était archicomble, la foule très enthousiasmée et aussi bigarrée : parmi la présence, il y avait des femmes voilées. C'était la preuve qu'il n'y a pas d'hiatus entre religion et communisme, que les deux peuvent cohabiter et que celui-ci n'est pas l'idéologie des athées. Dans son allocution, le porte-parole du parti, Hamma Hammami, et après avoir remercié de leur présence ses camarades et les invités, il a rappelé les circonstances très difficiles du travail clandestin et les grands sacrifices qu'ont consentis sous les dictatures de Bourguiba et Ben Ali les militants du parti dont notamment Nabil Barakati qui a payé de sa vie. C'était donc après vingt cinq longues années de clandestinité que le PCOT a tenu son premier congrès public.
Les forces de la réaction
C'était sous la bannière du slogan « Pour l'achèvement des tâches de la révolution » qu'a démarré ce congrès historique tant attendu. En guise de réponse à ce slogan, Hamma Hammami a précisé que cette mission sera accomplie quand le peuple prendra le pouvoir et que cela ne sera possible que lorsqu'on aura supprimé les résidus de la dictature. Les forces réactionnaires tentent d'encercler la Révolution et Sebsi de la vider de son contenu en faisant revenir par des portes dérobées le RCD et la police policière, a-t-il ajouté. Il a également dénoncé ce qu'il appelait la complicité du gouvernement avec les criminels qu'il continue de protéger en refusant de les présenter à la justice pour être jugés et la fomentation de conflits tribaux et régionaux. « Sebsi accuse des partis politiques sans les nommer, mais il est clair qu'il dirige son doigt accusateur vers le Parti des Travailleurs et des partis de gauche. On lui a demandé d'ouvrir une enquête sur les événements de Menzel Bourguiba, sa réponse était négative comme les fois précédentes, je l'ai invité à un face à face télévisé qu'il a refusé, a précisé Hamma Hammami. » Sur le plan économique et social, le premier ministre n'a rien fait, selon lui : « le pauvre est toujours pauvre et le riche est toujours riche, Sebsi n'a pas résolu les problèmes urgents, bien au contraire, il les a conservés et a instauré l'anarchie ». Donc, pour le porte-parole du PCOT, le gouvernement provisoire nage à contre-courant et essaye d'entraver la marche en avant par plusieurs moyens dont notamment ses tentatives de monter ce qu'il appelle les athées contre les Islamistes dans le but de fourvoyer les citoyens en leur faisant oublier leur lutte principale contre les criminels. « Les ennemis de la Révolution n'ont pas de leçons à nous donner surtout pas le premier ministre et son gouvernement, le peuple tunisien connaît bien ses amis et ses ennemis, il a donné raison au PCOT quand il a détrôné Ben Ali, a-t-il commenté. »
Lutter contre toutes les dictatures
Dans le chapitre démocratique, il était clair : « nous ne ferons pas substituer une dictature temporelle par une dictature intemporelle qui enfile l'habit religieux. Les forces de rétention ne cessent de détourner l'attention de notre peuple des questions fondamentales en évoquant le problème identitaire, les causes fondamentales pour lesquelles il a lutté et qu'il continue à le faire sont bien évidemment la démocratie, la dignité et l'égalité sociale. Nos compatriotes ont besoin d'un droit au travail institutionnalisé, de la gratuité de l'enseignement et de la santé, la foi est une affaire personnelle dans laquelle personne ne doit s'immiscer, ni l'Etat, ni les partis pour qu'on puisse garantir la séparation entre la politique et la religion, a enchaîné Hammami. » Pour ce qui est des libertés, il s'est exprimé en termes sévères : « Kasbah 3 était un mouvement légitime qui a été réprimé, nous exprimons notre solidarité avec les victimes de la répression et exigeons la libération de tous les détenus et de tous ceux qui viennent d'être enrôlés. » Pour terminer, il a appelé le peuple et ses militants à continuer leur bon homme de chemin en vue d'achever les tâches de la révolution qui se distingue par ses dimensions arabe et mondiale, qui est l'antagoniste de l'impérialisme et du sionisme et dont la perspective est la libération de l'homme de l'exploitation. Hamma Hammami a souligné l'importance de transformer le rendez-vous des élections de l'Assemblée Constituante en un moment révolutionnaire pour concrétiser tous ces objectifs.