Parfois le destin n'attend qu'un signe pour bifurquer et prendre une autre voie que celle qu'on prévoit, en général, au constat d'une situation donnée, c'est à la dimension de la réversibilité de cette situation qu'on mesure l'évènement pour le considérer comme aléatoire ou miraculeux, en tenant compte de sa fréquence aussi. Or ce qui s'est passé pour notre équipe nationale, samedi dernier, n'est ni rare ni encore moins inédit. L'exemple qui a surgi de notre mémoire et qui remonte à huit ans avant la fin du siècle dernier est plus qu'édifiant. A la faveur d'une guerre qui allait faire éclater la Yougoslavie, le Danemark fut repêché pour remplacer cette dernière, dans l'un des groupes le plus faible de la compétition qui réunit les nations européennes. Non seulement ce pays qui n'a connu en 32 ans qu'une demi finale et une longue série d'éliminations prématurées, allait se payer à cette occasion, le luxe de remporter la Coupe d'Europe après avoir disposé des Pays-Bas et de l'Allemagne. Après cet exploit qui a étonné le monde entier, les Danois n'ont rien changé au statut de leur football, amateur ou presque, sauf de soumettre leurs clubs à une émulation plus poussée et encourager une formation à leur base plus généralisée. Ce pragmatisme élémentaire leur a permis d'éviter une bousculade aux fauteuils d'honneur par leurs dirigeants et la prétention de croire qu'ils avaient réussi uniquement par eux-mêmes. Ce que la Yougoslavie, par son forfait leur a involontairement offert. Qui, en Tunisie, ne rêve pas aujourd'hui d'un tel come back en Afrique 19 ans après celui du Danemark en Europe ? Un rêve légitime que nous mériterons de faire si, toutefois nous parviendrons à imiter les Danois jusqu'au bout. Dans l'humilité, dans la réussite et surtout dans la considération que plutôt d'attendre que la Providence nous accorde ses faveurs, seules l'intelligence et la détermination sont à même de nous faire construire un destin et de faire de notre rêve une réalité et non un cauchemar. M.Z