Nul doute que la jeunesse tunisienne, endolorie, de par le passé, marquera à jamais le destin du monde arobo-africain. Cet effet boule de neige, qui s'est propagé à la vitesse de la lumière, a redonné une bouffée d'air frais libérateur et permis de rêver, désormais, d'un avenir meilleur et prospère. La démocratie ne serait plus un leurre ou purement un phénomène fantasmatique pour les peuples tyrannisés durant des décennies. Pour célébrer l'avènement de la fameuse «démocratie», quoi de mieux que l'art pour le dire ? C'est art qui qui était la seule arme, durant de longs siècles, pour ne proférer que les maux et la servitude dont étaient victimes et les Africains et les Arabes. Consacrer les censurés d'antan Le vendredi dernier, le rendez-vous était donné aux jeunes tunisiens, jeunes héros sans guide, si ce n'est leur dignité. La Fondation Mo Ibrahim qui œuvre pour la qualité de la gouvernance dans le continent africain, a décidé d'offrir à ces héros de la Révolution tunisienne une soirée mémorable pour fêter la démocratie. Le concert s'est choisi comme décor, la Coupole d'El Menzah, et comme artistes, une pléiade de chanteurs, comédiens et musiciens africains célèbres et dont certains ont longtemps été limogés par la dictature benalinienne. Des chanteurs comme Bendir Man ou Badiaa Bouhrizi, persécutés et censurés par la police politique, symboles aujourd'hui de la bravoure juvénile de nos jeunes. Leur donner la voix c'est leur permettre de véhiculer toujours et encore des messages porteurs d'espoir à toute jeunesse martyrisée et frustrée par un dictateur. Le rêve est désormais permis. L'art de dire les maux, dénoncer l'abominable, risquer sa vie, défier la peur qui les tenaillaient parce que l'on ne pouvait plus se taire, parce que tout être humain a le droit de vivre dignement, voilà autant de codes libérateurs. Quoi de mieux que de permettre à ces chanteurs et artistes à scander à haute voix, les sons de la «Démocratie» le temps d'un concert ? Une pléiade purement africaine La soirée dont le titre était «L'Afrique fête la démocratie » a attiré une foule immense. La Coupole était pleine à craquer. Pour cause, le concert était 100% africain avec la présence d'une pléiade d'artistes mondialement connus et très sollicités par le public. En outre, le choix d'une diversité musicale très attrayante a attiré une foule énorme. Entre musique contemporaine (Hip Hop, Funk et chants postrévolutionnaire) et traditionnelle (du Stambeli et de la percussion), le public a été «royalement servi». Les touche-à-tout ont pu se laisser bercer par des rythmes endiablés de la Hip Hop (Dj Cut Killer, Bizerta, ARMADA), de la World Music (Angelique Kidjo), de la scène tunisienne contemporaine (Badiaa Bouherzi, Bendir Man et l'humouriste Lotfi Abdelli), et du Blue Funk (Keziah Jones, Nigéria). Youssou Ndour, célèbre chanteur mondialement connu a chanté pour la jeunesse tunisienne. Il était accompagné par sa troupe «La super étoile de Dakar». Au final, le concert a été une véritable réussite, se plaçant en porte-à-faux avec la soirée franco-tunisienne intitulée «Hymne à la liberté», jugée avoir été un véritable fiasco par les spectateurs dont certains sont partis au cours de la soirée avec un terrible goût d'amertume… Or, au cœur d'un contexte assez délicat et précaire, où les sociétés africaines pataugent encore, peut-on déjà parler de démocratie ? N'est-ce pas un peu trop tôt ? Ne devrions-nous pas attendre un peu, guetter les grands enjeux politiques qui se trament actuellement, surtout en Tunisie, avant de parler véritablement de «Démocratie» et de la fêter dignement ? Pourvu que la soirée soit un signe prémonitoire qui signerait effectivement l'avènement et la consolidation de la «Démocratie» Les fonds du concert purement africain «L'Afrique fête la démocratie» ont été versés à la fondation du Croissant Rouge tunisien.