Structure gouvernementale plutôt inédite que celle que met Hamadi Jebali en place. Il y a, a priori, trois composantes. Le réformisme, avec des ministres chargés d'assainir des départements dont nous savons tous qu'ils sont viciés. La gestion structurelle des ministères à la manière classique avec, bien sûr, des secrétariats d'Etat. Et, troisième composante, la « régionalisation » départementale des Affaires étrangères avec une sorte de spécialisation à l'américaine. Cela rompt avec le classicisme d'antan, la concentration des pouvoirs aux mains des ministres, avec, cependant, une forte prise de Hamadi Jebali sur tous les départements, sanctifiée par la présence d'Ennahdha à la tête de la majorité écrasante des ministères. En soi, cela ressemble à une espèce de verrouillage. Il est vrai que nous sommes dans un parlementarisme hybride. Mais c'est, justement, ce côté hybride avec une Constituante qui fonctionne déjà comme une chambre d'enregistrement – hormis les querelles de façade enclenchées par une opposition qui ne sait pas se positionner – et un président de la République qui s'installe déjà dans la symbolique, moyennant quelques dérapages verbaux, eh bien, tout cela, confère à Hamadi Jebali, des pouvoirs immenses, ce qui choquera un peu les Tunisiens guère habitués à ce genre de système, et guère habitués à voir un Premier ministre aux commandes du pays. Ce n'est pas forcément négatif, mais l'impression qui se dégage c'est que tout paraît un peu trop programmé, un peu trop calculé ce qui, finalement, interpelle quant aux fondements des élections elles-mêmes. Non, qu'il s'agisse d'en contester la régularité et la sincérité des votants. Mais, tout se passe avec une précision de métronome. Et l'on ne sait pas trop s'il faut béatement s'en réjouir ou abusivement s'en méfier. Maintenant, tout dépendra de Hamadi Jebali. Et celui-ci sait que le temps joue contre lui. Mais, il ne doit pas échouer. Et du coup, Ennahdha se retrouve face à une obligation de résultat.