Etrange, vous avez dit étrange ? C'est un univers glauque, où percent par à-coups, quelques rayons de lumière; mais ça ne suffit pas pour chasser l'impression d'une nuit tenace, que ne viendra point effacer le jour. Ce n'est pas le « livre de l'intranquillité », ce n'est pas Borgès, mais il y a quelques cousins, issus de germains, qui y font une entrée fracassante, nouvelle après nouvelle, histoire de mettre vos nerfs à rude épreuve, de les malmener au gré des pages, jusqu'à ce que vous n'ayez qu'une envie: vite grignoter les dernières pages et prendre vos jambes à votre coup, pour oublier très vite ces histoires, au parfum étrange, qui laissent dans leur sillage, quelque chose qui ressemble à une sensation de malaise, indéfinissable, qui vous saisit sournoisement, menace de ne plus vous lâcher, jusqu'à ce que vous ayez basculé dans un état « d'apesanteur», propice à une fuite en avant, car il y a appel d'air. Ces « Vieilles Nouvelles » (Ed. Arabesques) de Ilham Ben Milad, obéissent à une même respiration, qui est celle d'une antenne, enseignante universitaire de son état, qui semble fascinée par un univers régi par l'absurde, à la limite du surréalisme et qui ne craint pas de s'y affronter par l'écriture, inventant un monde hanté et peuplé de fantômes, au gré duquel sa plume voyage allègrement, sans sourciller, n'ayant pas peur de confondre morts et vivants dans une folle farandole. On peut aimer, ne pas aimer, mais on ne reste pas indifférent…