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Notre déesse berbère « fait des vagues »
Traversée à bord du Tanit
Publié dans Le Temps le 28 - 06 - 2012

On était le samedi 23 juin, après-midi. Le port de la Goulette était débordé. Le trafic humain était à son comble. On s'affairait par-ci et par-là.
Une longue file de voitures quittait le port et une autre tentait de se frayer son chemin vers le fameux car ferry, nouvellement acquis par la Compagnie Tunisienne de Navigation, le Tanit.

Le paquebot venait d'accoster au port de la Goulette. Provenant de Marseille, avec à son abord, quelque 2570 passagers et 970 véhicules, il réceptionnait de suite de nouveaux usagers pour une seconde pérégrination à destination de Gênes, cette fois-ci.

Un fastueux palace marin

Tout le monde à bord ! Nous quittâmes le port. Emus, les centaines de passagers, après avoir effectué les formalités d'usage, partirent à la découverte non moins impressionnante du grand navire, flambant neuf.

Les premières impressions ne tardèrent pas. Les témoignages collectés montraient un éblouissement total de la part des voyageurs. On prenait le temps de découvrir les lieux, les yeux captivés par la beauté des lieux et le faste ostentatoire des lieux.

Onze étages tout confort à découvrir en l'espace d'une traversée méditerranéenne durant 18 heures, c'est trop peu. Alors, pour figer le temps et garder en mémoire le trajet, les passagers se plaisaient à se prendre en photo dans tous les coins et recoins du Tanit.

Le faste était apparent. Emerveillés, on se pavanait dans ce luxueux et chaleureux espace flottant. Des sièges pour massage étaient disposés ça et là face à la mer. De longues baies vitrées permettaient aux voyageurs de contempler l'horizon et de profiter du clapotis de la mer.

La décoration était exclusivement tunisienne, inspirée de nos coutumes et traditions artisanales. Des cadres accrochés aux murs contenant des mini-margoum rajoutaient aux lieux cette aura typiquement tunisienne, chose qui a beaucoup plu à l'une des voyageuses qui nous annonça : «L'intérieur du Tanit m'a beaucoup plu et du coup ça m'a donné une idée sur la décoration que je désire faire chez moi en Italie. Voir le décor du Tanit m'incite à décorer mon chez moi avec le style de mes ancêtres. On a besoin de ces racines et de notre identité que le Tanit reflète !»

Dans le 11ème étage, un café maure dont la splendeur architecturale et la vivacité des couleurs nous rappelle le célèbre et centenaire café de Sidi Bou Said avec une touche moderniste. Avant d'y pénétrer, une mosquée était spécialement conçue et disposait de plusieurs exemplaires du livre saint. De l'autre côté du café maure, une porte menait aux piscines où une vue impressionnante surplombait la Méditerranée. Des chaises longues étaient étalées ça et là face à la mer, pour donner aux usagers un moment de détente et sérénité. Une longue baie vitrée rajoutait au charme des lieux tout en assurant la sécurité des voyageurs.

Un étage en dessous, le Tanit est serti d'un spacieux centre de shopping. Cet espace offre aux usagers du paquebot, de multiples choix de produits et d'articles de cadeaux. Le personnel y était accueillant et très courtois et l'espace était aménagé de manière assez moderne et futuriste.

Le personnel du Tanit, une fourmilière dévouée

On se perd facilement dans ce labyrinthe où l'on peine à retrouver sa cabine, le chemin des restaurants ou la réception. Fort heureusement, le personnel du Tanit était là, avec un sourire contagieux, pour nous guider. Ces jeunes employés travaillaient comme des fourmis et étaient partout. Ils meublaient les ascenseurs, les couloirs, les multiples ponts, les garages, les cafés, les piscines...

Dans la grande majorité, l'équipage du Tanit, qui malgré son jeune âge, est formé d'un personnel expérimenté et passionné par son travail. Certains d'entre eux, se confiant à nous, nous révélèrent leur dévouement pour leur métier malgré la dureté de leurs tâches et la pression du travail. Un des stewards nous confia : «J'aime beaucoup ce que je fais. Je ne me vois pas loin du navire. Je prends la mer depuis plus de 10 ans. Certes, c'est dur d'être loin de chez soi et surtout de ne pas pouvoir profiter de la vie estivale comme monsieur tout le monde, mais ici, je suis dans mon cadre.»

En le quittant, nous rencontrâmes un autre employé qui s'affairait, telle une abeille, dans l'un des trois restaurants du Tanit. Le temps d'une petite pause, il nous déclara : «Vous savez, je suis féru de mon métier. Heureusement que les conditions de travail ont beaucoup évolué ! Notre salaire était dérisoire par rapport aux sacrifices et aux conditions dans lesquelles nous travaillions. Aujourd'hui, Dieu merci, on touche dans les mille dinars et plus mais nous sommes toujours dans la précarité. On n'est payé que durant la saison estivale, le reste de l'année, on est chômeurs et on ne touche aucun millime.». Un de ses collègues, que l'on a déjà vu s'affairer dans les cabines et se trouvait maintenant dans le restaurant, plateau à la main, chose qui nous étonna d'ailleurs, se rejoignit à nous et prit la parole : «Ici je suis dans mon élément mais le Tanit est gigantesque ! On n'arrive encore pas à s'y retrouver ! On éprouve de l'angoisse à réceptionner les voyageurs de Gênes ! Le hic, c'est que l'on est peu nombreux par rapport aux exigences du bateau et de ses usagers. Vu que le personnel est très peu nombreux, on est obligé d'être partout. On nettoie les cabines, les sanitaires, on sert dans les cafés et les restos. On guide les voyageurs. On veille aussi à la propreté des lieux. Quand on finit un service, on enfile sa tenue de serveur ou autre. Personnellement j'appréhende la réception à Gênes parce que l'on se doit de répondre à toutes les exigences du client. Il faudrait penser à augmenter le nombre du personnel. La saison estivale s'annonce et avec l'arrivée du Tanit, c'est encore pire !»

Arrivé à Gênes, le Tanit accueilli en grande pompe

Il était 17h30. Le Tanit entre pour la première fois au port de Gênes. On retient son souffle. Et l'Italie accueille le dernier né de la CTN à bras ouverts. Deux bateaux entouraient le Tanit et l'accompagnaient dans son entrée inaugurale au port. A la corne de brume du paquebot tunisien, répondaient celles des deux navires accompagnateurs qui arrosèrent le Tanit par des jets d'eau. Les voyageurs étaient excités et martelaient la scène par leurs caméras et appareils photos.

Une grande réception a eu lieu dans le 10ème étage du Tanit où nombreux officiels tunisiens et italiens étaient là curieux pour découvrir le nouveau car ferry géant de la Méditerranée.

Les Italiens qui étaient présents étaient tiraillés entre rester à la réception ou regarder le match de qualification de leur équipe nationale. Un match que l'Italie a fini par gagner se qualifiant pour la demi-finale de la ligue européenne. On nous annonça alors que le Tanit était de bons augures pour l'Italie et qu'il ramenait avec lui la joie et la fête. Notre déesse berbère Tanit en serait pour quelque chose et a accouché d'une victoire.

Pour la célébrer, l'armée italienne s'est postée devant le Tanit et durant une heure, a lancé en non-stop, des feux d'artifices grandioses.

Equipiers aux postes de manœuvre ! On lève les voiles vers la Goulette

Le lendemain, les ressortissants tunisiens vivant en Italie, en France et en Suisse, prirent le Tanit pour profiter des vacances et de leur nouveau palace flottant.

Tout s'est déroulé dans les règles de l'art. Quelques malentendus ont été notés. Des files d'attente devant la douane interne du paquebot. Certains codes de cabines ont été bloqués à cause d'une mauvaise manipulation de la part du propriétaire de la cabine ou à une petite panne du système. Quelques réclamations ont été enregistrées. Le soir venu, le tumulte s'est apaisé et, bercé par le Tanit, on pouvait profiter de la quiétude de la mer et du luxe des lieux.

Nous avons noté quelques débordements de la part de quelques uns des voyageurs. Ces actes s'attaquent au Tanit et aux matériels qui y sont disposés.

C'est dans ce sens, que le PDG de la CTN joints par plusieurs usagers du Tanit, lance un appel aux usagers de veiller tous ensemble à la conservation du paquebot qui est un bien national au service de tous les Tunisiens. Ces derniers nous ont fait savoir qu'ils comptent sur le civisme des usagers et de leurs enfants pour prendre soin du Tanit.

Le lendemain, mardi 26 juin, à 11H30, le paquebot accosta au port de la Goulette pour accueillir de nouveaux voyageurs et les accompagner vers de nouveaux horizons. Quant à l'équipage, telle une fourmilière, il ne cessait de distribuer son sourire malgré l'épuisement. Ces dévoués à la vie maritime «ont le transport de l'ivresse, sans en avoir le trouble et l'aveuglement » comme le disaiet si bien Fénelon.


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