«La rédaction de la Constitution passe par une forte mobilisation de la société civile» El Massar a organisé à Hammamet une soirée débat sur le paysage politique dans le pays et son devenir en présence des différents courants politiques. Au cours de son discours d'ouverture, Jinane Limam universitaire et membre d'El Massar a rappelé la vision de son parti concernant la conjoncture politique en Tunisie appelant à une mobilisation forte pour une assemblée constituante souveraine. Une étape inévitable pour faire entrer la Tunisie dans l'ère d'une deuxième République, dans l'ère de la démocratie. Parlant de la constitution, ,Fadhel Moussa Président de la commission des juridictions judiciaire, administrative, financière et constitutionnelle à l'ANC a précisé qu'elle n'est pas encore prête . « Aujourd'hui dit-il nous sommes arrivés à présenter un projet de brouillon de la constitution. Ce qui veut dire qu'on n'a pas encore préparé un document qui pourra être transmis à l'assemblée plénière pour être discuté et approuvé. Il faut s'attendre qu'il ait un prolongement pour rediscuter dans le cadre des commissions. La date du 23 octobre de la finalisation de la rédaction de la constitution est impossible. Le recours au référendum en cas où l'ANC n'obtient pas les 2/3 des voix est envisageable. Nous espérons nous éloigner de cette hypothèse. La loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics n'a rien prévu. Pour cela il faudrait qu'il ait un consensus. Et là il faudrait une forte mobilisation de la société civile qui a son poids dans le changement des décisions à l'ANC. » Le doyen Fadhel Moussa a dénoncé le flou du paysage politique, en l'absence d'une feuille de route claire pour la période transitoire, capable de garantir une transition démocratique et la réalisation des objectifs de la révolution ; l'apparition d'une force politique qui tend à dominer la scène politique et sociale du pays et à imposer sa domination à travers son emprise sur les institutions de l'Etat et de ses mécanismes, ce qui menacerait l'avenir de la démocratie.
Les islamistes n'ont plus la majorité dans l'ANC
Samir Bettaieb, l'élu PDM de l'assemblée constituante et porte-parole de la voie démocratique et sociale a précisé que des différends persistent à l'Assemblée sur des questions fondamentales, comme la nature du régime (semi-présidentiel ou parlementaire), la consistance des libertés, l'indépendance de la magistrature et bien d'autres questions. « Nous craignons avoue t-il un blocage, surtout que chaque article nécessite l'adoption par la majorité absolue, alors que l'adoption de la Constitution se fera par la majorité des deux tiers. Le comble de cette situation c'est de voir des constituants demander des changements au dernier moment, comme ce fut le cas dans la commission de la juridiction judiciaire, financière et constitutionnelle où l'on est revenu sur l'indépendance financière du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire à l'avant-dernière réunion, alors que la majorité des députés pensaient que le dossier est clos et ce sont toujours les députés d'Ennahdha qui sont derrière ces changements de dernière minute. Ce courant islamiste veut proposer en cette période une loi qui stipule l'incrimination de l'atteinte au sacré. Il y a un risque sérieux aussi que les droits des femmes soient minorés. L'article 28, prône la complémentarité entre l'homme et la femme et renie par la même le principe d'égalité, principale revendication des manifestants le 14 janvier 2011».
Le député Bettaieb a dénoncé les décisions de certains députés, marquées de tiraillements, d'improvisation, de marginalisation du rôle de l'Assemblée Constituante .Il a appelé à une grande mobilisation de la société civile dans les plus brefs délais pour examiner et débattre des dossiers urgents. Certes avoue t-il ces islamistes n'ont plus la majorité dans l'ANC. Ils ne seront pas sûrs de gagner la prochaine bataille surtout que plusieurs députés d'Ettakatol et du CPR ont rejoint l'opposition. Les attentes des tunisiens sont immenses.. On ressent beaucoup de frustrations et d'exigences. L'ANC aura du pain sur la planche et l'implication de tous les tunisiens dans la rédaction de ce destour est primordiale pour réussir cette transition démocratique » conclut Samir Bettaieb