La toute dernière apparition télévisée d'Abdelfattah Mourou sur Ettounssiya ne nous semble pas du tout avoir grandi le deuxième homme d'Ennahdha aux yeux de nombreux Tunisiens qui voyaient en lui l'islamiste modéré et le modèle d'une sagesse politique bien tunisienne. Le week-end dernier, dans l'émission «klem ennass», il nous parut surexcité, presque dépressif en répondant aux questions de l'animateur et de ses journalistes. Certes, Si Mourou se calma un peu et fit même l'amuseur par la suite ; mais le public sensé, le public mesuré ne peut pas lui pardonner sa réponse o combien agressive, et très discourtoise à Maya Ksouri qui lui reprochait en souriant d'induire les téléspectateurs en erreur au sujet de l'action syndicale au sein de l'U.G.T.T. Mourou, Maya et « Bouss el wawa » Tout d'abord, le président-adjoint d'Ennahdha jugea d'emblée que la journaliste avait un parti pris « gauchiste » et qu'elle défendait une conception communiste du travail politique et syndical. « Tu es venue ici avec ton « timbre » particulier », lui dit-il, pour signifier que Maya n'était pas neutre ! Il l'accusa même de l'interroger sans être disposée à entendre sa réponse ni à suivre sa logique. Pour enfoncer encore le clou, il acheva sa réplique trop passionnée en raillant « les manches retroussées » de la jeune journaliste ! Maya était pourtant très décemment vêtue et ne provoqua pas Si Mourou au point de le voir sortir si ostensiblement de ses gonds. Le deuxième homme d'Ennahdha, qui mettait en avant le progressisme de son mouvement, parti débarrassé désormais, à l'en croire, de ses démons rétrogrades, se permit toutefois une pointe très inconséquente sur les bras à moitié dénudés de Maya. Pendant la même émission, une jeune chanteuse tunisienne fredonna à Sidna Cheikh l'un de ses airs préférés. Elle avait les bras entièrement nus mais cela n'offusqua nullement notre mélomane septuagénaire quasiment ensorcelé par la voix de la sémillante interprète. Par ailleurs, Si Mourou ne fit aucune remarque sur les déhanchements outrageusement suggestifs de Haïfa Wahbi dont il connaît le tube sulfureux « Bouss el wawa ». Il parla uniquement à son sujet des défilés vestimentaires auxquels elle s'adonne en chantant. En ce qui concerne Amina Fakhet, Sidna Cheikh ne tarit pas d'éloges sur ses potentialités vocales et s'abstint de tout commentaire à propos de sa tenue de scène bien pimentée, sensuellement parlant ! Duplicité chérie ! Si comme le préconise Si Abdelfattah, le monde est aujourd'hui partagé entre progressistes et réactionnaires, son « show » de l'autre jour ne peut le ranger que du côté des seconds. On ne peut prétendre être évolué, émancipé, vivre son siècle tout en attendant des femmes journalistes qu'elles accomplissent leur travail en burka ! Quand d'autre part on défend l'Islam tolérant, bien enraciné en terre tunisienne, on doit s'adresser plus élégamment aux femmes comme le recommande le Coran et comme le professe le prophète des Musulmans. De plus, lorsqu'on atteint un certain âge et qu'on est désigné à une haute responsabilité au sein d'un Parti qui soi-disant prône le dialogue, l'ouverture à l'autre, qui se dit contre l'exclusion et pour la concorde nationale, on ne vilipende pas aussi véhémentement ses adversaires politiques et l'on ne traite pas les gens selon les « timbres » qu'on leur colle d'instinct. A notre humble connaissance, seuls les Islamistes affichent des estampilles sur leurs fronts ! Une autre paire de manches ! Nous espérons que Si Abdelfattah a visionné plus d'une fois son dernier « show » sur Ettounsiya: avec le recul, il ne doit pas être très fier d'avoir aussi gratuitement malmené une brillante et belle journaliste tunisienne. Celle-ci n'est peut-être pas la plus indépendante de ses collègues, mais nous lui devons au moins d'avoir un soir, sur la même chaîne et dans la même émission, bien embarrassé l'actuel Ministre de l'Education Nationale qui, néanmoins répliqua avec un rare flegme et une infinie politesse. M.Tahar Hmila dont on dit beaucoup de mal dans certains cercles politiques, fut aussi l'un des invités de « Klem ennass » et répondit avec beaucoup de tact à Maya qui pourtant ne se montra guère tendre à son égard ! En tout cas, jusqu'à nouvel épisode, aucun des interlocuteurs de Maya ne s'en est pris à sa manière de s'habiller ou de se maquiller. Si Abdelfattah lui doit des excuses à notre avis. La pauvre ! Nous la sentions ronger son frein durant tout le reste de l'émission ! Ce n'était assurément pas à cause de la diatribe de Mourou contre la gauche et le communisme. Nous sommes presque convaincus que Maya s'en balance éperdument. En revanche, pour ses manches, elle tient sans doute à sa liberté de les retrousser jusqu'au coude ou jusqu'à l'épaule ! A moins que nos nouveaux « progressistes » ne soient pas de cet avis ! Et ça c'est une autre paire de...manches !