Décidément, avec la semaine bloquée destinée au passage des examens trimestriels, les cours s'arrêtent et n'ont pas l'air de reprendre lors de la semaine post-bloquée qui, elle, est consacrée exclusivement à la correction des devoirs et la remise des notes. Alors que la circulaire relative au contrôle continu stipule que le 1er trimestre s'étend sur la période allant du 15 septembre au 15 décembre. Mas il parait que nos élèves du secondaire se permettent des vacances prématurées dès qu'ils ont fini leurs examens trimestriels. Ceci se passe ainsi chaque année et chaque fin de trimestre. D'où une interruption quasi-totale dans le déroulement des cours et dans la progression des programmes officiels, accompagnée souvent d'un laisser-aller aussi bien au niveau de la concentration que dans la discipline des élèves qui ont l'attention branchée surtout sur les notes et les résultats qu'ils auront obtenus. Quand les parents s'en mêlent Partout, dans les collèges et les lycées, c'est la fièvre de la semaine post-bloquée. Une effervescence gagne nos établissements scolaires chaque fin de trimestre et une atmosphère nerveuse règne sur les rapports parents/élèves/professeurs. On les voit partout dans la cour, dans les salles de classe, dans le train, dans le bus et à la maison, faisant et refaisant leurs comptes et l'on peut remarquer leur joie ou leur malaise selon que le résultat affiché par la calculatrice est bon ou mauvais. Les uns sont satisfaits, les autres sont déçus, d'autres encore vont jusqu'à discuter leur note avec le professeur dans l'espoir de grignoter encore quelques quarts de points. C'est alors qu'à cette occasion certains professeurs sont taxés de sévères et d'incompréhensifs, d'autres sont plutôt qualifiés de tolérants et de paternels. Certains parents investissent les couloirs et s'amassent devant la salle des professeurs, qui pour s'enquérir des résultats de leurs chérubins, qui pour protester la note obtenue dans telle ou telle matière, allant jusqu'à comparer la note de leur enfant à celle obtenu par l'un ou l'autre camarade. C'est que l'importance qu'on accorde, à tort ou à raison, aux notes dans notre société, prend des proportions alarmantes, chez l'élève comme chez ses parents ; si bien que la note obtenue, qu'elle soit bonne, moyenne ou mauvaise, pourrait déterminer la nature des futures relations entre parents et enfants. Souvent, une mauvaise moyenne trimestrielle risque de bouleverser les projets de vacances tant attendus. Les notes scolaires, ainsi conçues, sont une source de bonheur ou de malheur pour l'élève qui, s'il est bon, travaille d'arrache-pied pour exceller et faire de plus en plus plaisir à ses parents et, si au contraire, il est médiocre, il fait de son mieux, usant de tous les moyens, même illicites, (fraudes et de tentatives de fraude sont très courantes dans nos écoles) pour arracher la moyenne et ainsi échapper aux reproches des parents. Seul le résultat qui compte ! De même, la plupart de nos élèves semblent malheureusement se préoccuper des notes plus que de la formation, de telle sorte que l'intérêt matériel le remporte souvent sur l'intérêt intellectuel. Les bonnes notes et le classement d'abord, le reste importe peu, tant que, dans notre système, tout dépend des notes et des moyennes : passage de classe, concours, accès aux écoles pilotes, orientation... Si l'élève aspire à améliorer ses notes, c'est surtout par crainte de ne pas satisfaire un désir parental et de ne pas être à la hauteur. En d'autres termes, la note n'est plus considérée aux yeux de certains élèves comme étant l'évaluation de l'effort fourni, mais plutôt un indicateur du degré d'entente entre parents et enfants. Par ailleurs, les notes scolaires sont toujours un point de litige entre profs et élèves : c'est une surenchère qui s'installe le jour de la remise des notes des devoirs de synthèse lors de cette semaine post-bloquée. C'est à qui obtiendrait une note meilleure que celle de son camarade ! Au lieu de se pencher sur les fautes qu'il a commises dans sa copie pour les éviter une autre fois, l'élève s'occupe à comparer sa note à celles des autres, car pour lui seule la note est essentielle ; ce qui attire souvent la jalousie, la rancœur et la colère parmi les élèves. D'après l'avis de certains professeurs interrogés, pour la plupart des élèves, la formation est reléguée au second plan, c'est plutôt la note qui compte le plus ! En effet, la note scolaire, devenue la force motrice qui pousse l'élève à travailler, est actuellement le seul critère employé pour distinguer l'élève appliqué et sérieux de l'élève dissipé et paresseux. C'est notre système éducatif qui privilégie la note : les critères d'évaluation des élèves, durant tout son cursus scolaire, sont basés sur la somme des notes qu'il obtient. Et dire que la banalisation des 18, 19 et 20/20 est devenue monnaie courante dans nos établissements scolaires ! Or, selon certains responsables en éducation et en pédagogie, les vrais critères sont en dehors de la note obtenue par l'élève, d'autant plus que la majorité des élèves peuvent aujourd'hui passer d'une classe à une autre supérieure sans fournir de gros efforts en comptant sur les cours particuliers et la générosité trop excessive de certains enseignants !De plus, les cours particuliers semblent devenir un passeport pour le niveau supérieur. C'est ainsi qu'on assiste actuellement à une « boulimie » de bonnes notes octroyées, souvent à tort et à travers, apparemment due à des critères d'évaluation subjectifs et trop courtois. C'est pourquoi, toute éventuelle réforme de notre système éducatif devrait prendre en considération les critères d'évaluation de nos élèves.