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Rallye des villes royales
Promenade dominicale
Publié dans Le Temps le 20 - 01 - 2013

Comme le monstre du Loch Ness, le tourisme culturel resurgit régulièrement dans le discours des responsables du tourisme tunisien. Il en est question depuis ... des lustres, au moins ! Et si, un jour, on décidait de le réaliser, même modestement, au lieu d'en parler, seulement !
Allons ! Cap au Nord-Ouest vers les « villes royales » !
Dougga
Qui ne la connaît pas ? Pourtant, quand on parle de tourisme culturel, suffira-t-il d'admirer les vestiges de l'époque romaine des IIème-IIIème siècles, l'époque des Sévères : les empereurs « africains » ? Déjà, son nom pose problème. « THUGGA » latin cache mal, parait-il un vocable plus ancien « TUKKA » ou « ˆ ̄.È » libyco-punico-grec. Etait-elle vraiment vassale ou sujette de la métropole carthaginoise ? Faisait-elle partie de la région limitrophe du territoire de Carthage peuplée de berbères, tellement imprégnés de culture carthaginoise qu'on les nomine parfois : « libyco-puniques » ? N'était-elle pas numide puisque l'écrivain latin Salluste affirme que les Numides étaient « voisins de Carthage » ?
Claude Poinsot écrit qu'elle devint peut-être, une des résidences du roi massyle Massinissa à la suite des conquêtes de ce dernier, après la bataille de Zama. Pourtant, elle ne fut pas qualifiée, comme d'autres, de « regia ». Un temple, à ce roi « déifié », y aurait été construit. Le mausolée dit libyco-berbère, pourrait être un monument qui lui aurait été consacré.
Aurait-elle été la « TOKKA », conquise par les armées d'Agathocles, tyran de Syracuse ? Ne serait-ce pas plutôt Toukabeur, voisin de Chaouach et de Medjez ?
Voilà un beau prologue pour des visiteurs « cultivés » qui vont savourer l'architecture du théâtre et le contenu de superbes dédicaces, dont personnes ne parle jamais ! Une des deux mentionne D. Marcius Quadratus, le constructeur. N'est-il pas un « africain » ?
On pourra se demander le type de spectacles donnés dans ce théâtre qui a offert son cadre à la Comédie française ? Cette dernière a fait accourir des spectateurs de toute la Tunisie, malgré la « rusticité » des moyens de transport de l'époque.
En arrivant au « Temple de Saturne », du « Saturne africain » qui recouvre certainement le « Baal Hamon » des Carthaginois, on fera remarquer la petite taille des trois cellas : salles construites, par rapport à l'area dont le sol recouvre les restes d'un sanctuaire où on vénérait Baal. Est-ce parce que le Temple punique est une « aire sacrée », seulement ! A quoi servaient les deux encastrements en forme d'empreintes de pieds creusés en face des cellas, dans l'axe du temple ?
Puis, on se demande où était la ville berbère, bâtie dans une contrée qui d'après l'écrivain Appien en comptait cinquante autres ? Dans cette enceinte dite préromaine ? Elle se trouve bien près des tombeaux mégalithiques ? Est-elle vraiment préromaine puisque sa construction a abîmé une « bazina » : un tombeau d'époque berbère et qu'on trouve dans ses murs un bloc gravé d'une écriture berbère ?
Après s'être demandé si Junon-Caelestis était vraiment l'équivalent romain de la déesse punique Tanit, on pourrait s'interroger sur la forme semi-circulaire du péribole qui entoure le temple et sur les raisons de graver sur la corniche les noms de villes et de provinces romaines ? Le demi-cercle symbolise-t-il le croissant de lune, chère à Tanit ? Dans ces villes et ces provinces rendait-on un culte particulier à Junon-Caelestis ?
Voilà une toute petite partie de ce que pourrait comporter la visite « culturelle » de Dougga par un public « cultivé ». Elle prendrait une bonne journée mais exigerait des guides compétents – il y en a déjà ! – qu'il faudrait bien rémunérer.
Continuons notre rallye.
Bulla Regia
Là aussi le nom pose problème. Quelle est l'origine de « Bulla » qui devient le « Fahs Boll » des géographes arabes ? A-t-elle fait partie du territoire carthaginois ? A-t-elle été conquise par Massinissa ? Pourquoi est-elle « regia » ? Parce qu'elle a été une des villes où résidaient les rois numides ? Pourquoi Dougga, Chemtou et Zama n'ont-elles pas ce qualificatif dont dispose Annaba / Hyppo regius beaucoup plus lointaine ? Où était bâtie la ville berbère, royale dit-on dont on n'a retrouvé que quelques mètres carrés sous le dallage du marché d'époque romaine ?
Une ville « royale » peut-elle disparaître ainsi sans laisser de traces ? Elle semble avoir été peuplée par des berbères durant un grand moment si l'on en juge par les monuments mégalithiques, les pierres dressées, l'alignement de blocs qui recouvrent les collines au Sud-Est du site.
Comment explique-t-on la présence très rare de deux types de sépultures préromaines : un hanout et un dolmen à quelques mètres l'un de l'autre ? Reflètent-ils des rites funéraires de peuples différents ou des époques différentes ? Pourquoi Bulla regia s'éteint-elle alors que toute la région alentour devient paraît-il, « les grands camps » très fertiles, les grandes plaines à blé de Bou Salem ? N'est-ce pas encore un mythe que ces terres fertiles qui ne recèlent pas d'installations d'époque romaine, autres que Bulla regia, ni de villes arabes qui ont attendu l'époque actuelle pour voir des marchés ruraux hebdomadaires : Souk El Arba et Souk El Khémis devenir Jendouba et Bou Salem ? Ne sont-elles pas devenues cultivables et fertiles, ces lourdes terres noires alluviales, quand on y a introduit les tracteurs du XXème siècle ? Quel guide expliquera qu'après être restée une ville libre conservant son territoire et son organisation politique, c'est sous la pression de ses élites locales qu'elle se romanise au point d'être la cité d'Afrique qui envoie le plus de Sénateurs à Rome ? Qui nous parlera de la richesse et de la diversité des splendides mosaïques figuratives, florales, géométriques qui semblent avoir été produites par une « école » locale ?
Chemtou
Si le nom actuel du site masque mal celui de Simithus antique où des colons romains sont installés dès le début de notre ère, on ne sait toujours pas pourquoi Chemtou et Thuburnica : ces colonies romaines, les premières d'Afrique ont été créées si loin de Constantine / Cirta, dite capitale de la Numidie, nouvellement annexée après la victoire de César sur Juba en 47 avant J.C.. Elles semblent bien, avec Uchi Majus, Mustis / El Krib et Assuras / Zanfour former un arc de cercle autour d'El Kef / Cirta, la véritable capitale de la Numidie.
Les carrières de Chemtou ont certainement été mises en valeur par les rois massyles avant d'approvisionner l'Empire romain. La présence d'une majestueuse nécropole qui semble bien être d'époque numide nous oblige à nous demander où habitaient les vivants qui inhumaient aussi richement leurs défunts ? Par où acheminait-on les gros blocs et les énormes colonnes monolithiques : 12 tonnes pour certaines ? Par la Medjerda ? Elle n'a jamais été navigable ! Par quelle route vers Tabarka ?
Indépendamment des infrastructures routières, des installations d'hébergement, de restauration et de soins médicaux, il faudra prévoir des animations, des lieux de loisirs et des commerces divers qu'une clientèle « cultivée », souvent aisée, est en droit d'exiger pour une véritable promenade « culturelle » dans ces lieux pétris d'histoire.
Imaginez toutes les questions qu'elle posera. Comment les Romains hissaient-ils les chapiteaux au sommet des colonnes ? Comment taillaient-ils les bases de leurs colonnes pour qu'elles n'aient qu'un ou deux degrés d'angle avec l'axe de la colonne, etc. ... ? Imaginez les merveilleuses promenades qu'on pourrait faire dans ces « villes royales », si ces visites étaient vraiment « culturelles » ?


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