Cette démocratie tunisienne née de la « Révolution des braves » comme la surnommait notre collègue Mohamed Kilani, si fragile mais si attachante est-elle en train de vivre ses derniers beaux jours ! Beaucoup le pensent et à juste titre. Quand on parle de « violence politique » le terme est totalement erroné et déplacé parce que cette violence n'est pas générale et le fait de l'ensemble du personnel politique, mais pratiquée seulement par les « Ligues de protection de la Révolution » à l'encontre des partis de l'opposition civile et démocratique. Par conséquent et jusqu'à présent fort heureusement, mais pour combien de temps encore, la violence est pratiquée par des acteurs et des « partisans » n'appartenant pas aux partis précités puisque ces derniers en sont les victimes, mais qui sont légitimés par des déclarations sans équivoque de certains dirigeants de la Nahdha et du C.P.R Nous et faute de preuves légalement constatées, nous ne voulons ni les nommer des « milices » ou des formations périphériques armées au service du nouveau parti dominant, mais les situer dans le corpus politique. Et là, nous ne pouvons que constater qu'ils sont à coup sûr à la base de l'effervescence politique pouvant conduire à une déstabilisation sérieuse du système social et politique. Ce qui nous intrigue le plus c'est que les mécanismes politiques traditionnels du changement politique, c'est-à-dire les attributs de la démocratie classique, sont visés et frappés en plein visage. Aucune démocratie au monde ne peut survivre à la violence des groupes armés qui écartent l'Etat et le dépossèdent de sa vocation première : L'exercice seul de la puissance publique et la possession seul de la « violence légale », autorisée par la loi. L'activisme ardent et armé ne peut que nous rappeler la naissance du fascisme d'avant la 2ème guerre mondiale en Europe, ou le bolchévisme structurel du stalinisme dénoncé par un Soljenitsyne dans son fameux « Goulag ». Cet activisme observé à la hausse et poussé à la multiplication par les réactions d'auto-défense des autres formations partisanes qui en sont les victimes ne peut que dégénérer vers la confrontation et la violence généralisée. D'où ces guerres civiles larvées et ces « maquis révolutionnaires » allant du « Farc » colombien aux partisans d'El Qaïda en Asie et maintenant en Afrique du Nord et du Centre. Il reste un petit espoir celui de voir la Nahdha et surtout son aile dure et radicale assumer ses responsabilités et confirmer à l'opinion nationale et internationale qu'elle se positionne « encore » comme forces politique civile et démocratique. Cette formation qui a pris du volume avec les élections d'octobre 2011, ne cesse de vivre une sorte de flux et de reflux entre la tentation démocratique et la tentation totalitaire sous-tendue par une mobilisation idéologique et religieuse agressive et hégémoniste. Malheureusement le « clan » des « faucons » semble tenir la corde au grand dam des modérés en l'occurrence le Premier Ministre Hamadi Jebali, Samir Dilou et Ali Laârayadh, qu'on situe un peu plus au centre, et qui devrait d'ailleurs, à notre humble avis, jouer les arbitres pour ramener la Nahdha sur le terrain de la démocratie civile et non pas sur celui de la confrontation violente. M. Ali Laârayedh pourrait avoir un destin politique s'il arrive à faire remonter le temps à la machine « Nahdha » en pleine déviation parce que poussée par les radicaux vers l'irréparable. Ça fait même partie de son devoir d'assurer la sécurité publique, celle des citoyens et encore plus des « adversaires » politiques reconnus légalement comme dans toutes les démocraties dignes de ce nom. M. Chokri Belaïd du Front populaire à son tour de faire actionner la « légitime défense » après avoir subi l'agressivité des « ligues » au Kef. Nida Tounès réfléchit de plus en plus sérieusement à défendre ses locaux après l'attaque de sa centrale et son siège symbole au lac... sans parler de Mme Maya Jribi empêchée de tenir une réunion du Jomhouri à Kairouan ! Attention Messieurs, ceux qui sèment le vent pourraient en récolter la tempête... Mais quel gâchis pour ce bon peuple et ce bau pays ! Et tout cela pour l'égoïsme et l'égocentrisme de dirigeants irresponsables !