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L'apprentissage du fanatisme dans les lycées
Question de l'heure
Publié dans Le Temps le 27 - 03 - 2013

Les mosquées ne sont pas le seul théâtre d'embrigadement des jeunes tunisiens envoyés vers la Syrie, les lycées le sont également. L'infiltration de ces établissements scolaires était prévisible depuis quelque temps, depuis que la délinquance s'est faufilée parmi ses portes entrebâillées, après qu'elles étaient hermétiquement fermées, pour s'installer en son sein et s'y promener en toute impunité.
L'envahissement des lycées était attendu depuis que l'autorité de tutelle a démissionné du rôle qui est le sien et qui consiste à protéger les élèves contre tous les dangers qui les guettent, à redoubler de vigilance dans ce climat d'insécurité. Ces lieux du savoir se sont transformés en des centres d'initiation à la drogue et en des clubs de dégustation de la boisson alcoolisée. Cela fait un bon moment que l'école est dévastée par ces fléaux, mais le ministère n'a pas bronché, il n'a décidé de le faire que le jour où les élèves ont dansé. Ce jour-là, le sol a tremblé sous nos pieds tellement le ministre de l'éducation nationale était irrité... un jour férié, dans un café... Il y a vu un vrai péril qu'il fallait éradiquer pour sauver nos enfants, il était ferme dans sa position qu'il a exprimée sur un ton tranchant. Mr le ministre a fait toute une histoire d'un phénomène artistique dont la fonction est purement récréative et qui, de surcroît, intervient à un moment de pure tension où nos jeunes ressentent un grand besoin pour un défoulement les aidant à respirer un peu d'air frais dans cette atmosphère suffocante et à oublier un peu leur réalité désagréable et décevante.
Changement de vocation
Cette fermeté, qu'il a manifestée face à un fait anodin qui ne représentait aucune menace réelle, a fait défaut quand notre école en avait un besoin urgent pour se protéger contre les Salafistes qui se mettaient à en coloniser l'espace pour tenir leurs prédications. Dès les premiers jours de ces incursions, l'ambiance dans les lycées était envenimée, cette intoxication n'était pas occultée, elle se pratiquait au grand jour, au su et au vu de tout le monde. L'autorité de tutelle ne peut pas prétendre qu'elle n'en était pas au courant, car elle en était informée par toutes les parties impliquées dans l'opération éducative, administration, enseignants, élèves, parents et surtout le syndicat de l'enseignement secondaire, ce qui veut dire que la complicité, délibérée ou non, du ministère n'est pas à prouver. Plusieurs lycées ont fait l'objet d'attaques systématiques de la part de ces groupes religieux extrémistes qui intimidaient, harcelaient et terrorisaient les élèves, filles et garçons, chez eux sans que les autorités concernées ne bougent le petit doigt, ni ne daignent afficher ne serait-ce qu'une velléité d'intervention, histoire de faire peur aux agresseurs, de les rappeler à l'ordre et d'envoyer par-là même un message rassurant aux apprenants et à leurs familles. La passivité de ces autorités était, bien sûr, appréhendée, par ces fanatiques, comme un signe d'acquiescement. Ils ont su tirer profit de cette impunité en intensifiant et en multipliant leur action à l'intérieur des lycées jusqu'à ce qu'ils parviennent à les transformer en centres de recrutement. Cette vérité, personne ne peut plus contester, parce qu'elle est vérifiée et, définitivement, établie aussi bien par les médias que par les composantes de la société civile et politique. La fragilisation de notre école, devenue un terrain fertile pour le terrorisme, nous interpelle et nous invite à réfléchir profondément sur les raisons de ce changement de vocation.
Immuniser par le savoir
La militante féministe égyptienne Nawal Saâdaoui a parlé de la nécessité de supprimer l'éducation théocratique dans les programmes d'enseignement primaire et secondaire. Elle a justifié ce choix par l'intérêt suprême des apprenants qui, à cet âge-là, sont très perméables à toute sorte d'idées et, complètement, dépourvus de moyens de défense intellectuelle. A ce stade, ces enfants désarmés suivent un processus de formation et accumulent les connaissances et les informations qu'ils emmagasinent dans leur mémoire afin de se doter d'un potentiel propre qu'ils pourraient opposer aux autres plus tard. C'est ce potentiel personnel qu'ils emploieraient à leur majorité pour négocier la vie, entretenir leurs relations avec autrui et se positionner par rapport à toutes les questions que leur impose la réalité. Quand les choses se passent de la sorte, on pourrait dire que les orientations idéologiques et les options politiques sont l'émanation de convictions personnelles d'individus qui se sont forgés la personnalité tous seuls sans l'immixtion de qui ce soit. Mais lorsque c'est le contraire qui se produit, là, l'être serait manipulé et suivrait à la lettre tout ce qu'on lui tracerait sans pouvoir l'examiner par la raison, parce que, tout simplement, il en serait privé. Il serait un simple robot qui exécuterait des actes programmés et qui serait incapable de discerner le bien du mal, d'arriver à la vérité. Imprégner des enfants en bas âge et de jeunes adolescents de catéchismes religieux est de nature à leur étriquer l'esprit et de les diriger tout droit vers la voie du fanatisme, selon Nawal Saâdaoui. Un apprenant ainsi formé serait amené à rejeter tous ceux qui appartiennent à l'autre bord, tous ceux qui n'ont pas la même religion que lui, voire même à les considérer comme des ennemis jurés. La chose est beaucoup plus à craindre avec l'émergence de jardins d'enfants « coraniques » qui pullulent comme des champignons sur notre territoire national et la profusion du fondamentalisme alimenté par les prédicateurs de la haine, locaux et étrangers qui disposent comme bon leur semble de tous ces jeunes sans défense dont ils pétrissent l'esprit à leur guise. Voilà pourquoi il faut immuniser nos enfants par le savoir contre toutes les dérives fanatiques, affirme la militante féministe.
Tarissement des sources
Il faut rappeler que la réforme de l'enseignement opérée par l'ex ministre de l'éducation Mohamed Charfi a suscité une réaction très vive des Islamistes qui ont vu dans la suppression de quelques textes du programme de l'éducation religieuse un « tarissement des sources ». C'était l'expression employée par Hamadi Jebali dans une discussion portant sur ce projet de réforme au magazine « Réalités », numéro 215 du 29/9/1989, page 7. Il est, également, à souligner que le mouvement « Tendance islamique », l'actuel « Ennahdha », a, depuis le départ, insisté sur l'éducation et l'enseignement comme instruments principaux pour la propagation de la pensée islamique et son enracinement chez les nouveaux apprenants et la jeunesse émergente. A ce propos, Abdelfattah Mourou déclare, au numéro 62 du même magazine, en date du 12/4/1985, que « le ministère de l'éducation, qui s'occupe de plus d'un million d'individus, est la pierre angulaire du pays ». Ces positions ne font qu'entériner la thèse de Louis Althusser : « l'école c'est l'appareil idéologique de l'Etat ».


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