Les sit-inneurs déclarent, « jour de la colère » le samedi 27 avril Les bénéficiaires de l'amnistie générale sont en sit-in à la kasbah depuis le 17 janvier. Ils y sont et ils y restent. La barre de cent jours de manifestation pacifique a été franchie… et après ? Rien sinon c'est l'ignorance totale des instances publiques qui ne daignent pas accorder le moindre crédit aux bénéficiaires de l'amnistie générale qui attendent jusque-là la mise en application du décret loi du 19 février 2011, qui prévoit « une compensation pour les personnes éligibles à une amnistie pour les crimes politiques prévus dans ce décret n° 2011-1 » Ils ne le répèteront pas assez, pourtant « Nous ne demandons pas l'aumône. Pas besoin des miettes que l'on jette de temps en temps. Nous voulons avoir nos droits de citoyens. Nous demandons à ce qu'on soit rétabli dans nos droits. Cela passe notamment par la reconnaissance du statut de prisonnier et le rétablissement des droits professionnels et médicaux de ceux qui en ont besoin. » Les sit-ineurs se contentent de déclarer qu'ils sont une force de résistance mais ne précisent pas la manière dont l'Etat devrait s'y prendre pour les réparer pour les violations graves de leurs droits d'humains du temps de Ben Ali. Il faut rappeler dans la foulée, que la compensation des victimes de la répression a suscité il y a quelques mois des réactions violentes de l'opinion publique à qui on a fait comprendre que le gouvernement « qui procède à une telle initiative vide les caisses de l'Etat » pour ainsi renouer avec la crainte du contribuable de se voir spolié. Pour maintenir la paix sociale le gouvernement a préféré sacrifier le droit des 11500 amnistiés. En mai 2012, Gilbert Naccache ancien détenu politique a déclaré dans la foulée que « dans cette affaire d'indemnisation, il y a une question de principes qui doit être prise en compte, avant toute décision, individuelle ou collective. L'amnistie suppose, dans son principe, que les victimes des mesures répressives ainsi annulées ont subi un dommage réel, et qu'elles ont droit à une compensation : ce dommage ne réside pas seulement dans la perte de carrière et de salaires occasionnés par la répression ; il consiste également dans le fait que ces victimes ont perdu un certain temps de liberté... Ce dommage ne peut, à vrai dire être compensé par rien, mais la coutume universellement respectée est de fournir un dédommagement financier, dont le montant est déterminé suivant des critères définis à chaque période pour atténuer les effets de ce dommage. » Et pour revenir à la question : 101 jours de sit-in et après ? La question serait plutôt de savoir si les « anciens compagnons de route dans les geôles de Ben Ali aujourd'hui au pouvoir sont conscients de nos peines ou pas encore ? » commente les sit-inneurs qui ajoutent, non sans amertume « Les anciens amis des années de braise ont quitté pour toujours les geôles de la honte et ont laissé à jamais leurs peines et avec leurs amis qui deviennent anonymes à leurs yeux. Nous sommes, aujourd'hui, relégués aux oubliettes alors que eux circulent tout juste à côté de nous dans des voitures blindées». En attendant une réponse à cette question cruciale, les sit-inneurs passent à une vitesse supérieure en annonçant « jour de la colère » le samedi 27 avril. Dans l'espoir d'amener le gouvernement à presser le pas pour rétablir dans leurs droits les victimes de la répression.