Le produit aquacole est très présent sur le marché national. Une virée du côté du marché aux poissons de la ville, donne une tournure plus poignante pour les petites bourses. C'est pourquoi on se bat sur les poissons d'élevage. Les prix des dorades et les loups sont abordables : 10 à 12 dinars le kg ! La production halieutique nationale est, bon an mal an, en moyenne de 100.000 tonnes. Mais elle reste en deçà des objectifs tracés par les pouvoirs publics pour porter à au moins 8-10 kg de poisson consommé par an par chaque Tunisien. C'est pourquoi le développement de la pisciculture ne cesse de se développer en Tunisie pour juguler cette hausse des prix L'élevage des poissons demeure un secteur mal exploité en dépit d'une véritable dynamique enclenchée dans le cadre de la pêche maritime qui a été couronnée par la conception et la mise en œuvre d'une nouvelle approche de gestion et d'exploitation durable des ressources halieutiques. Portant sur le plan de la qualité nutritionnelle de ce type de poissons, les analyses entreprises par l'institut national de nutrition (INN) ont pu démontrer que certaines espèces de poissons d'élevage ont une plus grande valeur nutritive que les poissons de même espèce en mer. « 9127 tonnes de poissons marins (loup et daurade) sont produits par 24 projets en plein production, dont 20 projets sont des fermes off-shore et quatre fermes on-shore. Ces derniers datent depuis la naissance de l'aquaculture en Tunisie où l'élevage se fait dans des bassins raceway. La production est susceptible de croître très prochainement surtout qu'il y 'a 10 autres fermes aquacole off- shore alevinés mais non encore productifs. L'élevage, toutes méthodes confondues et dans toutes les régions, se situe autour de 9127 tonnes, ce qui représente 6% de la production totale. La principale zone de production aquacole marine est située dans les gouvernorats de SousseMonastir et Nabeul avec une production d'environ 2 000 tonnes de dorade royale et du loup en 2011). Une zone secondaire de production aquacole marine se trouve dans le Sud du pays (gouvernorat de Médenine) avec une production moyenne de 150 tonnes de bar européen et dorade royale. Le Nord du pays et principalement Bizerte produit des moules méditerranéennes et des huîtres avec une production d'environ 100 tonnes» nous explique Mourad Zouari directeur du centre technique de l'aquaculture qui nous précise que cette activité a vu le jour dans les années 80 et depuis 1996 on a commencé à investir dans ce créneau. Le vrai démarrage se situe en 2007 avec l'élevage d'espèces de poissons comme le loup et la daurade. La deuxième étape a consisté en l'utilisation de cages flottantes à l'intérieur de la mer, une technique qui a permis d'améliorer la qualité de la production et de diminuer les coûts. Au regard des perspectives prometteuses en matière d'élevage de poissons en Tunisie, un programme national a été mis en place dans ce domaine afin de réaliser une production de l'ordre de 15.300 tonnes couvrant les besoins nationaux croissants en poissons d'ici 2016. Cet élevage de petits poissons représente 97% de la production totale en pisciculture. A cela il faut ajouter l'engraissement du thon rouge qui a démarré en 2003 dans le but d'une meilleure valorisation commerciale par l'engraissement des petits poissons capturés durant la campagne de pêche de thon rouge. Quatre fermes ont été créées par des armateurs de thoniers en association avec des opérateurs étrangers dans ce domaine. Elles sont implantées au large de Mahdia et Hergla. La production annuelle de ces fermes et en moyenne 2400 tonnes. Elle est totalement vendue à des clients étrangers sur les lieux d'élevage. Ceci sans oublier la pisciculture continentale des mugilidés et autres espèces dulcicoles qui s'est développée avec une moyenne de production de 1000 tonnes par an. On pratique aussi l'élevage du Tilapia dans les eaux géothermales au sud de la Tunisie à Bechima dans la région de El Hamma » Des soucis pour les éleveurs Contrairement à ce que certains croient, le plancton disponible dans la mer n'est pas suffisant pour alimenter les alevins. Le concentré constitue un produit indispensable pour l'engraissement des alevins. On produit 20 millions d'alevins mais ce n'est pas suffisant c'est pourquoi on importe 55 millions de l'étranger (1 alevin coûte 0,21 euro) soit 20 milliards de dépense. Le secteur d'aquaculture en Tunisie a profité d'une enveloppe de 85.8 MD d'investissement en 2011 contre 6,4MD en 2007.La lourdeur de la procédure administrative risque de freiner la demande d'investissement dans le secteur. Les éleveurs souffrent de la multiplicité des parties intervenantes dans l'attribution de licences ainsi que la complexité des procédures au niveau de la création des projets en la matière. Là il faudrait créer un guichet unique pour mettre fin à ces tracasseries administratives. La promotion de l'activité requiert des pisciculteurs et aquacultures expérimentés qui maîtrisent en amont les différentes techniques d'élevage et de production. Or cette main d'œuvre compétente est souvent absente . La spéculation touche parfois cette activité. Consommateurs et professionnels soutiennent que la profusion d'intermédiaires dans le circuit de commercialisation du poisson est à l'origine de l'envolée des prix des produits de la mer. Ce facteur est mis à l'index car, nous soulignent certains éleveurs à Beni Khiar, de nombreux intermédiaires interviennent dans le circuit de commercialisation, déjà défaillant, pour donner le «coup de grâce» au pouvoir d'achat des bourses moyennes. Ceci dit, l''importance de l'aquaculture n'est plus à démontrer puisque prés de la moitié du poisson que nous mangeons aujourd'hui provient de l'aquaculture. Faut-il mettre à niveau ce secteur en structurant les espaces d'exploitation en tenant compte de l'environnement, du statut foncier et des techniques d'élevage.