Djerba vit au rythme de sa haute saison estivale, exceptionnellement remarquable et bruyante. Un flux humain digne des grands jours s'opère crescendo depuis les premiers jours après l'Aïd pour atteindre maintenant son apogée avec l'arrivée massive de milliers de vacanciers venant de tous bords. Les Libyens n'ont pas attendu longtemps pour faire leur réapparition et venir en très grand nombre, le plus souvent en famille, habiter dans des maisons à louer de plus en plus rares à dénicher à cause de la demande croissante, ou bien pour loger dans les hôtels, consentant de payer cher les tarifs affichés, au vu de la saison, et cash par ricochet pour le bonheur des hôteliers en manque de liquidités. Les Tunisiens, plus nombreux cette année à y venir, beaucoup en familles, ont porté leur choix sur l'île pour passer leurs vacances acceptant de parcourir de longues distances et de supporter le sempiternel calvaire de l'attente indéfiniment lassante du bac. Quant aux touristes occidentaux, ils sont nettement et visiblement plus nombreux à venir cet été, remplissant à saturation les 120 hôtels que compte l'île. A tout ce potentiel humain en séjour dans l'île s'ajoutent les quelques milliers de travailleurs émigrés de retour aux bases, facilement identifiables sur les routes de l'île comme ailleurs. Les routes sont abondamment fréquentées de jour comme de nuit ; A Houmt-Souk, comme à Midoun, l'animation bat son plein dans les souks qui pullulent du matin au soir de foules hétéroclites d'acheteurs et de promeneurs, pour le bonheur des artisans, des commerçants, des restaurateurs, des gargotiers, des cafetiers qui retrouvent l'espoir et le sourire. Le revers de la médaille Face à cette affluence salutaire, somme toute prévue et prévisible, de ces dizaines de milliers de visiteurs, que leur a réservé Djerba pour être à la hauteur de leurs attentes, pour ne pas les décevoir, pour être digne de sa renommée et de sa notoriété ? Toutes les conditions de satisfaction étaient censées être réunies pour assurer aux hôtes de l'île la douceur recherchée, la beauté coutumière, la sécurité et la propreté, n'en a-t-elle pas la réputation ?, Mais l'humain, de l'ouvrier municipal, au gouverneur, aux ministres, dans l'accomplissement deleurs prérogatives et dans la prestation des services, a décidé autrement, prédestinant d'emblée la gestion de la saison estivale à un échec annoncé. Certes, Djerba a tout pour plaire, pour enchanter et pour séduire avec sa douceur légendaire, la richesse et la diversité de son patrimoine, avec la beauté de ses sites naturels, mais force est d'admettre que tout n'était pas au beau fixe, car nombreuses étaient les lacunes et les défaillances qui n'étaient pas pour permettre à l'île d'être au meilleur de sa forme, d'être appréciée à sa juste valeur, et aux visiteurs de jouir agréablement de leurs vacances et de leur séjour chèrement payé. Comment expliquer sinon qu'en cette période de grande affluence, qu'au moment où le trafic routier est à son paroxysme, que nos routes sont prises d'assaut de jour comme de nuit, des tronçons routiers en plein cœur de la zone touristique soient plongés dans un noir abondant pénalisant les touristes désireux de sortir de l'hôtel pour se dégourdir les jambes. La haute saison estivale touche à sa fin, mais rien n'a été fait pour rétablir la lumière et tirer la zone de l'obscurité. Djerba, l'île de la soif Se trouver privés d'eau courante, dans cette période de grande chaleur, tant pour les vacanciers dans leurs hôtels, que pour les familles autochtones chez elles dans certains villages de l'île, est difficilement envisageable, loin d'être une mince affaire. Pourtant, tel fut le cas de milliers de touristes ayant opté pour des hôtels sis dans la zone d'Aghir en particulier qui a connu des jours très difficiles en raison de la coupure à répétition de l'eau courante, ce qui a nécessité leur délogement en catastrophe dans d'autres unités d'hébergement, pas toujours meilleures au vu de la période connue pour être de pointe. Nos pauvres familles , surtout celles résidant à El May, à Sédouikech, à Guéchiine, à Mahboubine, à Sédghiane , etc, souffrent le martyr, leur calvaire est quotidien, et leur désarroi est indescriptible : leurs citernes, ce système ancestral ingénieux de collecte des eaux pluviales, sont vides, sécheresse oblige ; en outre, depuis quelque temps, elles se voient quasiment privée d'eau courante pendant de longs moments de la journée, ou bénéficiant au meilleur des cas d'un débit trop faible pour répondre à leurs besoins pressants dans cette période de grande chaleur, accrus par l'avènement de la saison des mariages. Le mouvement de protestation organisé le 12 août devant le siège de la SONEDE par des citoyens en colère, exaspérés, en apporte la preuve. Le sempiternel problème des bacs En croyant arrivés à destination depuis leur arrivée au port du Djorf, dès lors que le territoire de l'île s'offre à leurs yeux, les milliers de visiteurs, parmi nos concitoyens ou étrangers, se trouvent dans l'obligation de crépir sous un soleil de plomb pour attendre leur tour qui tarde à venir, de jour comme de nuit. En dépit de la présence de six quais, trois de part et d'autre, et de huit bacs dont seuls trois sont opérationnels en même temps, puisque les cinq autres sont simplement exposés à la vue, le problème de la longue attente demeure d'actualité. Vétustes, souvent en panne, certains parmi ces bacs sont dans l'obligation de céder leur place à d'autres, d'où la flotte ainsi diminuée est dans un besoin pressant de rénovation et de renforcement. M.Jébali, alors Chef du gouvernement, a promis lors d'une visite de travail, d'ordonner des mesures exceptionnelles d'urgence, or, jusqu'à ce jour, rien n'a été fait et ses promesses se sont avérées fallacieuses, de propagande, et ce, pour le malheur des pauvres citoyens ayant quotidiennement affaire aux bacs et aux visiteurs désireux de se rendre à Djerba. Djerba, l'île dépotoir de la honte « Dommage que cette si belle île soit salie et enlaidie ! », « Nous n'avons jamais vu Djerba réduite à un tel état d'abandon et de négligence. », c'est en ces termes que certains touristes et des habitués de l'île expriment leurs impressions, dépités assurément par le spectacle ahurissant des déchets proliférant indéfiniment pour couvrir tout le territoire de l'île réduite malheureusement à un dépotoir à ciel ouvert. Le regard autochtone et étranger est constamment agressé par la vue de ces sachets et tous les autres corps indésirables éparpillés pêle-mêle, portant gravement préjudice à l'esthétique générale et contribuant à la pollution de l'environnement : des sachets, des bouteilles, des emballages de toutes sortes envahissent nos villes, ternissent la beauté de la campagne et la splendeur des sites naturels, et souillent l'éclat des belles plages de l'île. Nombreux sont les vacanciers qui, de leur séjour dans l'île, ne gardent que l'image d'une île malade de son environnement, diminuée et dévalorisée. Beaucoup sont déjà rentrés portant avec eux des souvenirs d'une île décevante ; d'autres afflueront encore dans les jours à venir pour être témoins à leur tour des mêmes déboires, pour connaître les mêmes déceptions. L'espoir n'est plus permis, et rien ne changera tant qu'on n'aura pas résolu le problème de la décharge contrôlée, dont est dépourvue l'île depuis la fermeture de celle de Guellala en avril 2012, tant qu'on n'aura pas défini un plan de gestion intégré des déchets solides, tant que les détendeurs du pouvoir de décision continuent d'être ce qu'ils sont, d'agir et d'intervenir pour ne point influer, pour ne point créer le changement escompté, bref d'être incompétents et inefficaces. Que de hauts cadres de l'Etat, ministres, secrétaires d'Etat, sont passés par là, les uns après les autres, pour marquer leur apparition publique, pour marquer leur présence, sans plus ! Que de promesses ont été faites depuis, mais sans lendemain ! Si c'est pour annoncer des chiffres vantant la hausse remarquable du nombre de touristes et des nuitées, redevable en partie, soit dit en passant, à la fermeture de la destination Egypte par certains TO, et s'en enorgueillir, ils s'empressent de le faire, mais pour ouvrir les yeux et constater de visu la gravité de la situation, mais pour prêter l'oreille aux doléances et aux plaintes fondées de la population, ils ne font point de cas. Qu'a à son actif M.le gouverneur actuel depuis son intronisation à la tête du gouvernorat de Médenine, dans la gestion des dossiers brûlants de la région, hormis d'avoir eu le mérite d'avoir attisé la tension, au lieu de l'atténuer, d'avoir ravivé et généralisé la colère des habitants de Guellala, compromettant irrévocablement les chances d'aboutissement des pourparlers avec les jeunes protestataires?