Les sombres perspectives de Bruxelles : Prévisions économiques du printemps 2014, établies par la Commission européenne. Des prévisions dont le constat est désolant : pour la zone euro, la crise n'est pas encore finie. Bruxelles, revoit à la baisse la croissance de l'Europe pour l'année 2015 : 1,7% contre une croissance de 1,8% prévue au mois de février de l'année en cours qui devrait à son tour connaître une croissance de 1,2%. Pour les principaux partenaires économiques de la Tunisie, les prévisions de la Commission européenne ne sont pas réconfortantes. Chiffres à l'appui, en France, la croissance économique devrait atteindre 1% en 2014 et 1,5 en 2015. Pour l'Allemagne, elle serait de l'ordre de 1,8% durant l'année en cours, alors qu'elle atteindrait 2% en 2015. Selon ces mêmes prévisions, l'Italie connaitrait une croissance de 0,6% en 2014 et 1,2% en 2015. Même constat s'applique l'Espagne dont la croissance économique prévue pour cette année est de l'ordre de 0,6% alors qu'elle serait de l'ordre de 2,9% en 2015. Décidemment, les prévisions économiques qui viennent du Bruxelles, n'ont rien de rassurant pour les exportateurs nationaux. L'Europe qui absorbe approximativement 73% des exportations tunisiennes, se débat dans une crise étouffante. Ci-dessous, éclairage des experts sur les conséquences de cette donne sur les exportations tunisiennes. - Walid Belhadj Amor, le président du Centre Tunisien de veille et intelligence économique (CTVIE) Quelles seraient les conséquences des dernières prévisions économiques européennes sur la Tunisie ? « Il faut penser à prospecter nouveaux marchés européens au-delà de nos partenaires classiques. Je cite comme exemple, la Pologne, la Roumanie et la Bulgarie » Cette situation n'est pas favorable pour la Tunisie. La croissance est de l'ordre de 1% en Europe, ce qui n'est pas un bon indice pour les exportateurs tunisiens, bien que j'avoue dans ce sens, que les années à venir connaitront une amélioration de la croissance économique que ce soit en Tunisie ou en Europe qui devrait connaitre une amélioration de la consommation. Toutefois j'attire l'attention sur le constat suivant : les exportations tunisiennes sont absorbées à hauteur de 70% par 4 pays européens. Trois parmi ces pays se trouvent actuellement en crise économique. Raison pour laquelle, je dirais qu'il faut penser à prospecter des nouveaux marchés européens au-delà de nos partenaires classiques. Je cite comme exemple, la Pologne, la Roumanie et la Bulgarie. Ces pays présentent plusieurs opportunités pour exporter bon nombre de produits agricoles et alimentaires. En dépit de ces opportunités, la Tunisie n'a pas entrepris des actions pour encourager les exportations vers ces pays. - Deux questions à Moez Lâabidi, Universitaire et Experts en Finances « Au-delà de cette conjoncture européenne peu favorable, la Tunisie devrait résoudre ses problèmes internes » Comment expliquez-vous les dernières prévisions de croissance en Europe ? Avant tout, je dirais qu'il y a des signes d'amélioration de la situation économique en Europe. Les taux d'intérêt obligataires ont fortement chuté pour les pays sud de l'Europe, à l'instar du Portugal et la Grèce, ce qui traduit la baisse de la prime de risque. Cela veut dire que les marchés financiers ont approuvé les réformes économiques adoptées dans ces pays. On peut déduire que ces pays connaissent une sortie de crise. Il y a par contre, des signes inquiétants par rapport à la situation économique européenne. Je dirais surtout, que cette croissance européenne est encore tirée par la croissance allemande. Le niveau de croissance reste en deçà des attentes. Le niveau de l'inflation reste faible et inférieur à l'objectif de 2% (objectif fixé par la Banque Centrale Européenne). Raison pour laquelle, la menace déflationniste plane toujours sur l'économie européenne. Et la Tunisie dans tout cela ? Pour la Tunisie la faiblesse de la croissance européenne pèse sur les exportations et par la suite sur la balance commerciale. Elle freine également les IDE destinés à notre pays. Sauf que les IDE restent plus sensibles aux autres aléas économiques locaux à l'instar du manque de visibilité électorale. C'est dire que l'effet de la croissance européenne est plus visible sur les exportations que sur les IDE. Raison pour laquelle je confirme que seules les réformes économiques (assainissement des finances publiques et le retour de l'appareil productif des exportations) pourraient alléger les contraintes financières ainsi que l'attraction des IDE. C'est dire qu'au-delà de cette conjoncture européenne peu favorable à la Tunisie, laquelle devrait résoudre ses problèmes internes. - L'Afrique dans tout cela ? Aujourd'hui, nul ne peut ignorer que le Continent Africain offre des opportunités pour les exportateurs Tunisiens. Statistiques officielles à l'appui. Selon les chiffres fournis par le CEPEX, l'Afrique a enregistré en 2000 et 2011 un taux de croissance moyen des importations de 16% par an en moyenne. Les classes moyennes africaines représentent entre 300 et 500 millions d'individus. Les dépenses des ménages africains devraient passer de 840 MD USD en 2008 à 1400 MD en 2020. Plus encore, l'Afrique dispose de larges opportunités d'investissement avec une enveloppe de 72 milliards de dollars d'investissement annuels dans les infrastructures. La Tunisie devait en profiter de cette donne notamment si l'on prend en considération qu'en Afrique, les francophones sont près de 100 millions sur les 220 millions recensés dans le monde et que plus de la moitié des Africains ont moins de 20 ans et plus de 40% d'entre eux vivent dans des villes (contre 30% en Inde et 45% en chine). La Tunisie devrait renforcer sa présence sur le Contient Africain. Façon de dire que c'est une obligation et non pas un choix !