La triche électronique fait rage cette année dans nos centres d'examens. En effet, dès la première journée des épreuves écrites de l'examen du baccalauréat, on commençait déjà à dénoncer des cas de fraudes, une pratique devenue quasi généralisée chez nos candidats. Rares sont les centres d'examens où ne se passe une fraude ou une tentative de tromperie : chaque jour, les médias annoncent les noms des centres d'examens où des cas frauduleux ont eu lieu, mentionnant souvent l'emploi par les fraudeurs de moyens technologiques sophistiqués. Ce qui est pire, souvent les fraudeurs, surpris en flagrant délit, n'hésitent pas à rouspéter comme si la triche était un droit acquis ! Pas question de parler de la violence verbale et physique qui pourrait s'en suivre au cas où l'opération de fraude serait déjouée ! Même si le Ministère ou le Syndicat dénoncent ces violences perpétrées contre ces surveillants, cela ne résoudrait pas le problème qui chaque année prend des dimensions alarmantes. Etat des lieux Pour ne citer qu'un seul exemple, un candidat qui s'est vu empêcher de tricher par un professeur-surveillant pendant l'épreuve a eu le culot de gronder ce professeur en lui balançant une chaise à la face ! Pas plus tard qu'hier, la Radio parle de l'arrestation de bandits aux alentours d'un centre d'examen par les agents de la police judiciaire de l'Ariana pour avoir organisé des opérations de fraude au baccalauréat, les personnes suspectes détenaient des imprimés des épreuves de gestion du baccalauréat et communiquaient les solutions à travers des téléphones portables en utilisant le système « bleu tooth ». Le phénomène s'intensifie chaque jour davantage si bien que l'ANC a convoqué récemment le Ministre de l'Education pour être auditionné suite au grand nombre de cas de fraudes enregistrées lors de l'examen du baccalauréat 2014. Le phénomène est de taille, si bien qu'il peut nuire à tout le processus de correction des épreuves et induire les correcteurs dans une évaluation erronée et suspecte. On croit savoir que certains centres de correction des épreuves du bac sont entrés en grève hier en signe de protestation contre les dépassements survenus dans les centres d'examens. A l'heure où le Ministère de l'Education mettait en place toutes les conditions favorables pour garantir le bon déroulement des épreuves du baccalauréat, d'autres « réseaux », agissant dans la discrétion totale avaient préparé leur plan de travail quant à l'exploitation de nouveaux systèmes de fraude aux examens, moyennant le recours aux nouvelles technologies, procédés jusque-là indétectables, quoique le dispositif de la surveillance soit plus ou moins perfectionné et s'applique selon des normes et des critères stricts établis depuis longue date et qui subissent à chaque fois des amendements et des révisions selon le progrès technologique et la nature des cas de triche perpétrés chaque année par les candidats. Ces « réseaux » ne sont autres que des élèves ratés qui ont toujours usé de fraude lors des examens scolaires normaux pour arriver à cet examen national où tous les candidats sont supposés être sur un pied d'égalité et avoir les mêmes chances de réussite en passant l'examen sous des conditions communes à tous. Ce qui est paradoxal, le bruit court que parmi ces élèves, des enseignants mettent la main à la pâte pour « secourir » leurs élèves, et non sans contrepartie, toujours au moyen de procédés technologiques habiles et malhonnêtes, à savoir les appareils de communication indétectables à l'œil nu. Quelles solutions ? Devant ce constat amer concernant la triche qui a accompagné le déroulement des épreuves dans la plupart des centres d'examens, des mesures plus rigoureuses doivent être prises pour entraver ces pratiques illicites. Le système disciplinaire adapté aujourd'hui ne répond plus aux exigences du moment où la fraude technologique est légion ces dernières années et risque de devenir une mentalité généralisée et un comportement anormal chez nos jeunes. D'ailleurs, le potentiel humain qui consiste à mobiliser des milliers d'enseignants à surveiller les examens, souvent dans des conditions précaires, n'est plus suffisant, d'autant plus que l'absentéisme parmi les professeurs surveillants ne cesse d'augmenter à cause de l'indiscipline de certains candidats qui veulent tricher coûte que coûte, profitant parfois de la passivité de l'administration. Aussi faut-il faire face à la fraude par des moyens plus efficaces, car il y va de l'image de notre système éducatif et de la valeur de nos diplômes. En attendant, il faut que les lois concernant les fraudeurs soient appliquées avec fermeté pour mettre fin à ce phénomène qui n'a que trop duré.