J'ai beaucoup de mal à réaliser que cela fait un an jour pour jour que tu nous as quittés. C'est tellement proche, c'est tellement loin aussi, mais c'est comme si c'était hier. En ce jour, en ce 25 juillet, ce qui devait être une fête avait tourné au drame. Quand bien même, j'aurai aimé supprimer de mon disque dur cette journée noire, il m'est impossible d'arriver à ce desideratum. Je revois à chaque instant, chaque détail de cette horrible fin de matinée. Je ne suis sûrement pas le seul à baigner dans cet état de choc, sans doute parce que je ne connais pas la vérité... jusqu'à présent... Mais au fond de moi-même je reste convaincu qu'aucun crime n'est parfait, aucun crime ne restera éternellement impuni, c'est une loi divine. Cela fait un an que tu ne vis plus avec les tiens, que tu n'appartiens plus à ce monde, mais sache mon frère, mon ami et collègue que tu vis et vivras toujours dans nos pensées et cœurs. Déjà une année s'est écoulée, et je repense sans cesse à ce que tu aurais pu faire si tu as été encore là. Tu manques tellement à la scène politique, et personne, oui personne ne pourra s'y impliquer comme tu l'as fait. Tes années ‘fac' ont été extraordinaires, ta carrière à l'AFH et les combats du syndicaliste que tu as menés sont mémorables, la bonté de ce père de famille que tu étais n'avait pas d'égal, sans oublier les œuvres caritatives dont tu étais auteur... Tu étais épris de justice, un défenseur des droits de l'homme hors norme... Ce qui me fait mal, ce qui nous fait mal, c'est que quelques autorités osent encore aujourd'hui édulcorer les faits de cette horreur comme si elles cherchent à les étouffer dans l'œuf. L'assassinat de Feu Mohamed Brahmi est un acte révoltant, d'une rare cruauté, qui formule une bestialité à nulle autre pareille comme celui du toujours regretté Chokri Belaïd qui a ouvert hélas le bal des crimes jamais élucidés, et comme tous les autres survenus après. Ils touchent tous au premier chef un droit sacré, le droit à la vie. Tous les spécialistes s'accordent à dire qu'il n'est nullement un geste spontané commis suite à un pic de colère mais bel bien d'une barbarie posément combinée. Il est toujours attristant de ne rien comprendre, de ne rien apprendre sur cet abominable crime (sur celui d'avant et ceux d'après aussi). Cela pousse beaucoup de gens de toutes les sphères confondues à penser que si jusqu'à ce jour les auteurs, tous éléments soi-disant incontrôlés aux mains sales et qui courent toujours, les commanditaires, bref tous ceux qui sont civilement responsables, ainsi que les tenants et les aboutissants de ces inhumanités ne sont pas identifiés, c'est parce qu'ils ont quelque part des complicités, et jouiraient même d'une protection... Un an après, nous nous posons ni plus ni moins les mêmes questions. Qui a lâchement tué cet émérite défenseur des droits de l'homme qu'est Mohamed Brahmi? Qui a commandité cet assassinat abominable? Pourquoi?... Nous n'aurons de cesse de condamner ce crime (et tous les autres), et nous exigeons à chaque occasion que toute la lumière soit faite sur cette atrocité et que coupables, complices, commanditaires, soient découverts, jugés, et châtiés, chacun, à la mesure de son délit. D'ici là, saisissons encore une fois cette occasion pour rendre hommage à sa famille, à ses proches, et à tous ses amis. Vérité et justice pour Feu Mohamed Brahmi. Vérité et justice pour toutes les victimes de crimes de sang. Et n'oublions pas une phrase chère à Voltaire: «qui pardonne un crime en devient complice».