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...Et ce fut Bourguiba
Publié dans Le Temps le 13 - 08 - 2014

Le 13 août, date anniversaire de promulgation du code du statut personnel, et devenue depuis, la journée de la femme en Tunisie, marqua un tournant décisif dans l'histoire du combat de celle-ci pour sa libération.
Car la prise de conscience de sa situation remonte à plusieurs décennies avant l'indépendance.
La maltraitance de la femme, aussi bien en tant que jeune fille, qu'en tant qu'épouse et membre de la société, a été dénoncée par plusieurs réformistes qui ont largement contribué à faire secouer certaines femmes de leur torpeur, et à les inciter à militer par tous les moyens en vue de mettre fin au carcan dans lequel vivaient la plupart des femmes à l'époque.
Au 19ème siècle, des réformistes Zeïtouniens tels que Cheikh Salem Bouhajeb, ou Ahmed Ibn Abi Dhiaf, avaient dénoncé les pratiques humiliantes à l'égard de la femme, qui étaient de mise au nom de la Chariâa, mal interprétée.
La femme devait obéir à son mari qui était le seul maître à bord au sein de la cellule familiale, et pouvait malgré cela, la répudier sans préavis et sans cause réelle et sérieuse. Il lui était loisible de contracter mariage avec une autre, sans recourir au divorce de l'ancienne épouse , la bigamie étant permise à l'époque.
Entourloupettes au nom de la Chariâa et pratiques humiliantes
Le mari qui divorce trois fois ou même qui jure de pratiquer le triple divorce par un seul acte, ne pouvait récupérer son ancienne épouse, avant que celle-ci ne contractât mariage avec un autre. Ce mariage devait être consommé.
Or la plupart du temps, le mari désireux de récupérer l'ancienne épouse dans ce cas, recourait à un moyen détourné qui consistait à lui trouver un mari « d'occasion » appelé « Tayas », pour passer une nuit avec elle et l'obliger à divorcer le lendemain. Ce mari était choisi parmi ceux qui avaient des tares physiques ou mentales. Malgré cela il y avait parfois des surprises, lorsque ces personnes en question refusaient de divorcer. C'était en tous les cas humiliant pour la femme qui n'avait pas voix au chapitre, ni le moindre pouvoir de choix et de décision.
Par ailleurs la femme insoumise était envoyée, à la demande de son mari, à une maison d'arrêt spécialisée, « Dar Jwed » et c'était lui qui décidait de la période à laquelle elle était appelée à y rester,à titre de sanction. Il lui rendait visite pour subvenir à ses besoins alimentaires et l'inciter par là même à se résigner à ses bons vouloirs.
Ces pratiques étaient d'usage notamment à la capitale et dans les grandes villes.
Les campagnardes étaient à l'époque moins enfermées, puisqu'elles étaient chargées aussi bien des travaux ménagers que des travaux agricoles. Mais elles étaient également dominées par les hommes qui se déchargeaient sur elles pour vaquer à des loisirs multiples.
Les relations conjugales étaient encore plus troublées, car le recours au mariage « Orfi » sans contrat, selon la Chariââ , était plus fréquent et il y avait plusieurs problèmes de paternité et d'infanticide ,qui étaient le plus souvent tus.
Le 20ème siècle et les féministes arabes
Le problème de la misogynie n'était pas particulier à la Tunisie, ni au monde arabe. Le femme n'était pas considérée l'égale de l'homme, que ce soit en Europe , en Afrique ou même dans certains pays en Asie. Il y avait toutefois des cas spécifiques à chaque pays.
Au 19ème siècle et au début 20ème siècle entraient en scène des féministes à travers le monde qui défendirent avec ferveur la libération de la femme et dénoncèrent toutes les pratiques humiliantes à son égard et toutes les atteintes à ses droits.
En Egypte, ce fut Kacem Amine et Rifa'â Tahtawi qui avaient appelé à travers leurs écrits à la nécessité de se défaire de cette mentalité désobligeante à l'égard de la femme et de la nécessité de la traiter sur un pied d'égalité que l'homme en préservant tous ses droits, au sein de la société.
En France, ce fut Simone De Beauvoir , philosophe et compagne de Jean Paul Sartre qui milita pour les droits de la femme.
En Tunisie, il y avait déjà une prise de conscience chez les femmes dont certaines avaient brisé le tabou, les parents y aidant, en accédant à la culture, et certaines découvraient la France pour y poursuivre des études supérieures.
Ce fut le cas de Tawhida Ben Cheikh qui fut la première tunisienne gynécologue et plusieurs autres l'avaient suivie tels que les sœurs Bornaz.
« Notre femme dans la Chariâa et la société »
Dans les années 1924, Tahar Haddad, un zeïtounien qui était destiné pour la carrière de notaire, adhéra au parti du Destour, qu'il quitta très vite préférant se consacrer à la défense des travailleurs, s'étant lié d'amitié avec M'hamed Ali Al Hammi, le précurseur du syndicalisme en Tunisie.
Il fit paraître un premier ouvrage « les travailleurs tunisiens et la naissance du mouvement syndical » dans lequel il prit fait et cause pour ces derniers en dénonçant les exactions qu'ils enduraient de la part des autorités coloniales.
Il était déjà dans le collimateur des zeïtouniens obscurantistes lorsqu'il fit paraître un deuxième ouvrage dans lequel il prit la défense de la femme tunisienne et appela à son émancipation. Il s'attira alors le courroux des ulémas conservateurs qui le couvrirent d'opprobre et le traitèrent de mécréant, et de suppôt de Satan.
Dans les années trente des femmes militantes Bchira Ben Mrad , féministe invétérée, et fille de l'un des ces Cheikhs qui s'opposèrent contre l'ouvrage de Haddad, fonda avec un certain nombre de femmes, dont Hassiba Ghileb, Tawhida Ben cheikh, Nabiha Ben Miled, et tant d'autres, l'Union des Femmes Tunisienne. Elles épousèrent la thèse de Tahar Haddad concernant la préservation des droits de la femme. L'union des Femmes collabora avec le Néo-Destour, créé de la scission du parti du Destour, et dont les membres constituants, tels que Bourguiba , Salah Ben Youssef, Mahmoud Materi, pour ne citer qu'eux, voulaient insuffler du sang nouveau au parti et en préconisant une nouvelle tactique de militantisme, l'ancien parti semblant stagner dans la même stratégie, alors que la société avait évolué et la prise de conscience des exactions perpétrées par les autorités coloniales, étaient de plus en plus probante.
Le problème du voile
Les féministes, sur les pas de Tahar Haddad , revendiquaient inlassablement l'émancipation de la femme à tous les points de vue.
Cependant, il y avait une divergence de points de vue entre les militants concernant le port du voile. Bourguiba estimait que ce dernier faisait la spécificité de la femme tunisienne, et n'était pas dans le contexte colonial, un obstacle pour son émancipation.
Les réalisations de Bourguiba
A l'aube de l'indépendance, Bourguiba tenait tant à consacrer les droits de la femme dans la société et dans la cellule familiale, par une nouvelle législation qui tienne compte de son droit intangible qu'est sa libération. Une libération pondérée faisant d'elle l'égale de l'homme dans les devoirs et dans les droits.
Le code du statut personnel était né. Un code qui se voulait moderniste tout en tenant compte des fondements de la Chariâa, et les cheikhs qui participèrent à son élaboration estimèrent qu'il n'y avait aucun empêchement à cette thèse réformiste et libératrice sans dévier des fondements de l'Islam.
Ce choix politique de Bourguiba ne fit que replacer la femme dans le contexte des fondements de la Chariaâ , laquelle préconise selon le Cheikh Tahar Ben Achour l'esprit de tolérance et préserve la dignité de la femme sans porter atteinte à sa dignité ni à son intégrité.
Aïcha, l'épouse du Prophète était de cette trempe. Elle était cultivée téméraire et tenait à préserver la libération de la femme musulmane dans la dignité.
« Instruisez-vous pour accomplir la moitié de votre formation religieuse chez cette rouquine » conseillait le Prophète, incitant par là à l'émancipation de la femme et à la préservation de ses droits.
C'est l'acquis auquel parvint la femme tunisienne, grâce aux militants féministes tels que Tahar Haddad ou Bchira Ben Mrad et qui fut consolidé par Bourguiba à l'aube de l'indépendance.
Un acquis à l'honneur du combattant suprême, et qu'il faut à tout prix préserver et consolider davantage à l'ère de la Révolution.


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