La rencontre avec le personnage « mythique », Béji Caïd Essebsi, a eu lieu au siège de son parti, Nidaa Tounès. Cet homme, à l'âge avancé, veut réaliser un nouveau printemps pour la Tunisie, mû par le souci de préserver les réquisits de l'Etat et c'est qui a infléchi sa décision de revenir, après une longue éclipse, sur la scène politique. Malgré les questions titillantes et inédites que nous lui avons posées (parce qu'il n'a, jusque là, parlé que de son programme politique), il affichait un calme olympien, tout en nous faisant part de certaines appréhensions. Question : Fin de semaine dernière, vous avez déclaré, en France, que les Islamistes ne sont pas des démocrates et que le peuple tunisien n'a pas besoin d'eux. Béji Caïd Essebsi : Non, je n'ai pas fait cette déclaration. Oui, vous ne l'avez pas démentie. Nidaâ Tounès est quotidiennement exposé à ce genre de bobards. Mais, alors, qu'est-ce que vous avez déclaré, au juste ? Concernant qui, les « Khouanjias » ? Vous avez dit que les Islamistes ne sont pas des démocrates ? J'ai dit que les Islamistes ne sont pas naturellement des démocrates, car leurs instructions émanent de la divinité, alors que les positions du démocrate se réfèrent à la réalité du peuple. Mais, cela ne veut pas dire que nous fermons les portes à toute collaboration avec eux, à toute coexistence parce que nous avons refusé l'exclusion et ceux qui ont essayé de nous exclure, n'y ont pas réussi. Ennahdha est un parti qui existe et il a le droit de participer à la vie politique. Nous ne pouvons pas faire abstraction de cela et il est de notre devoir de créer les conditions d'une coexistence pacifique avec lui et là il faut faire la différence entre alliance et coexistence. En vérité, nous, en tant que parti, refusons toute forme d'exclusion, car en cette période transitoire, cela reste encore flou. Et vous aurez, d'ailleurs, constaté qu'à l'intérieur même de l'ANC, des parties prônaient l'exclusion, mais elles n'y ont pas réussi ; je les ai même invitées à délaisser cette démarche parce qu'elle est contre-fructueuse. Notre refus de toute forme d'exclusion vient de la conviction du droit de tous les Tunisiens à participer à la vie politique et du principe de citoyenneté dont ne peut être privée aucune partie qu'en fonction d'une disposition juridique. Mais, abstraction faite de tout cela, le verdict réel sera exprimé par les urnes qui restent l'arbitre entre nous. Devrions-nous comprendre que vous considérez qu'Ennahdha est un parti démocratique ? Non, je n'ai pas dit qu'Ennahdha est un parti démocratique mais je le considère comme un parti légal et pas tous les partis légaux sont démocratiques. Oui, mais Ennahdha a adhéré au « jeu » démocratique et participé aux élections... Bien évidemment. Sauf que les élections ce n'est pas à proprement parler la démocratie, mais un moyen de parvenir à la démocratie, car entre autres conditions de la démocratie, c'est d'assurer un seuil minimum d'alternance au pouvoir. Ces conditions n'ont pas été assurées après les élections de 2011 de l'ANC, ce qui nous a poussés à créer Nidaâ Tounès comme parti pour rectifier le paysage politique après les élections. Durant les élections de 2011, Ennahdha a montré qu'il est un parti uni et structuré et, d'ailleurs, il a à lui seul, 1 million 350 mille voix, alors que d'autres partis se sont effilochés et, d'ailleurs, face à Ennahdha, près de cinquante partis participant aux élections, ont obtenu à eux, tous le peu de voix restantes. C'est ce qui a pour conséquence, la répartition des sièges au sein de l'ANC, du fait, qu'Ennahdha a obtenu 89 sièges tandis que les autres partis qui avaient tiré leur épingle du jeu aux élections n'ont obtenu, à eux tous, que 29 sièges. C'est ce qui a créé des appréhensions quant à un retour de la dictature, du fait que le parti dominant à l'ANC était capable de faire passer des programmes portant une seule couleur et dérivant d'une vision unique. Nous avons, donc, œuvré à refuser cet état de fait et à créer de nouveaux équilibres à même de créer une démarche réellement démocratique entre les différentes composantes de la scène politique pour, enfin, parvenir à un gouvernement pragmatique, alors que « l'égo » d'Ennahdha, qui n'était pas exemplaire, nous a conduit à la crise que vit actuellement le pays. Il est, aujourd'hui, prouvé que les deux gouvernements d'Ennahdha ou de la Troïka, ont créé une crise aigue, tant sur les plans politique, social, sécuritaire et économique. Dieu merci, le Dialogue national a intervenu en temps opportun et dans ce contexte nous avons eu avec lui une série d'entretiens qu'Ennahdha refusait, auparavant, et le résultat fut la constitution d'un gouvernement consensuel composé de technocrates. Car, on ne peut pas occulter le fait que les deux gouvernements, dirigés par Ennahdha (et donc, la Troïka), ont contribué à créer des crises, sociales, particulièrement, du fait que les pourcentages de la pauvreté et du chômage se sont accrus au point qu'on a enregistré près d'un million de chômeurs tandis que le terrorisme s'est amplifié a cause de l'indolence des gouvernements de la Troïka. Excusez-nous, mais, cela nous conduit à parler de votre programme économique, surtout qu'il y est annoncé que votre parti va attirer un montant, jamais réalisé, jusque-là, de 125 milliards d'investissements, sur cinq années. Quelles sont les sources de ces fonds ? Quand j'étais au gouvernement, nous avons élaboré un programme de cinq ans et, du coup, les critiques ont fusé, nous accusant de vouloir rester au pouvoir durant la période dudit programme. Pourtant, Marzouki a dit qu'il ne resterait que trois ans à Carthage, or, aujourd'hui, il y est encore. Pour la précision, ce chiffre de 125 milliards a été fixé quand je dirigeais le gouvernement dans le cadre d'un programme de cinq ans. J'ai été invité à la réunion du G8 qui avait pour thème : « Le Printemps arabe ». Or, il n'y avait rien qui concernait le « printemps arabe » mais, plutôt, tout s'articulait autour de l'optimisme face aux mouvements populaires en Tunisie et en Egypte. Dans cette réunion du G8, nous avons perçu des appréhensions de pays arabes, quant aux mutations politiques en Tunisie et, particulièrement, quant à la question de l'Islam politique. Nous avons, dès lors, essayé de convaincre nos vis-à-vis, d'appuyer la transition démocratique de la Tunisie. Les grandes nations ne s'en sont convaincues que lorsque nous avons présenté des garanties quant à la réalité de la généralisation de l'enseignement. L'émancipation de la femme depuis 50 ans, devenant ainsi, un élément réellement opérant dans la société et dans l'économie, en plus de l'existence d'une forte classe moyenne ; autant d'axes garantissant la transition démocratique en Tunisie, à condition de leur assurer le plus important, à savoir l'appui économique. Et c'est là que réside la différence entre le gouvernant d'expérience et celui qui ne la possède pas. Nous avons ainsi bénéficié de l'appui du président de la Banque Mondiale que nous avons invité en Tunisie avant la réunion des 8 plus grandes nations du monde. Le président de la Banque Mondiale s'est, dès lors, investi dans la défense du dossier tunisien auprès de ces huit nations. Il était, alors, prévu que la Tunisie bénéficie de 25 milliards de dollars sur cinq ans, à raison de 5 milliards chaque année. Sauf que ce dossier n'a pas vu le jour après notre départ du gouvernement et les pays prometteurs se sont rétractés lors des gouvernements de la Troïka, argumentant tantôt la crise économique, tantôt la fragilité de la situation économique en Tunisie. Peut-on dire que ces 125 milliards sont maintenant garantis ? Sur le principe, oui, mais pas avec le même montant, du fait que nous l'avons placé à la barre des 135 milliards à cause de la dépréciation du dinar par rapport aux monnaies étrangères et, particulièrement, le dollar. Permettez-nous d'insister : existe-t-il réellement des garanties pour que la Tunisie bénéficie de ce montant ? Des garanties... En réalité, il n'y a pas d'accords signés concernant tout cela, sauf que le principe est sûr. Les prochaines élections en constituent la meilleure garantie si elles se déroulent conformément aux standards internationaux et qu'il s'en dégage un gouvernement crédible sur les plans national et étranger. Dans ce cas, l'espoir d'obtenir ce soutien financier se précisera. Oui, mais, durant ces trois dernières années, il y avait un gouvernement choisi par les élus du peuple. Non, les gouvernements précédents ne jouissaient pas de crédibilité tant sur le plan national qu'à l'étranger. Ajoutez à cela la précarité de la situation sécuritaire et l'absence de stabilité ce qui a permis au terrorisme de s'amplifier. Je vous dis, en plus, que le dernier forum économique en Tunisie, n'a rien apporté. Justement, à cause de l'instabilité dans le pays, malgré la kyrielle de promesses. Et, d'ailleurs, les agences de notation n'ont plus accordé de note souveraine à la Tunisie, après que la Banque Centrale les eût invité à ne plus le faire. Tout cela peut, quand même, être dépassé grâce aux élections et l'avènement d'une classe dirigeante capable de convaincre les investisseurs tunisiens et étrangers parce que c'est une affaire de confiance. Est-ce à dire que Nidaâ Tounès pourrait faillir au cas où il ne bénéficie pas de l'appui de l'intérieur et de l'extérieur ? Non seulement Nidaa Tounès si, par malheur il n'y a pas d'appui interne et étranger. Car, la question du financement est très sensible pour la prochaine période. Il y a, en effet, exigence de ramener la Tunisie dans son contexte régional et international et cela nécessite la normalisation de nos relations internationales, en passant, bien sûr, par des liens solides les Emirats Arabes Unis, l'Arabie Saoudite, le Koweït et l'Europe. Il faut aussi, cesser d'insulter les Américains et d'envoyer les terroristes partout. Excusez-nous : vous avez cité les pays susceptibles de vous appuyer, c'est-à-dire, ceux qui refusent les « Frères musulmans ». Mais, qu'en est-il de l'appui qatari ? Je n'ai pas de problème avec le Qatar. Les moyens modestes de notre pays exigent que nous soyons amis avec tous les pays parce que nous ne pourrons pas vivre en autarcie et sans ouverture sur le monde... C'est ma vision des relations internationales, car la Tunisie ne doit pas se compromettre dans des conflits étrangers et dans la complexité internationale actuelle. Parlons, si vous permettez, de l'après-élections. En cas de victoire de Nidaa Tounès, est-ce que vous consentirez à l'existence d'Ennahdha dans le gouvernement que vous formerez ? Nous n'avons d'animosité envers aucun parti. Celui-ci ne gouvernera pas seul parce que la réalité de notre pays exige un large consensus. A priori, nous avons un pacte avec les partis composant l'Union pour la Tunisie même si nous avons décidé de mener seuls, notre campagne électorale. Mais, en cas de victoire à la majorité absolue, nous gouvernerons ensemble, comme nous nous associerons aux partis partageant les mêmes visions et les mêmes projets que les nôtres. Mais, l'issue du scrutin seule, déterminera tout cela. Vous avez rejeté à maintes reprises, l'idée d'une alliance avec Ennahdha, après les élections. Comment réagirez-vous si l'issue des élections vous placera dans l'obligation de pactiser avec Ennahdha, ou celle de dissoudre le Parlement ou encore celle de recourir à d'autres élections avant-terme ? Comme le dirait le proverbe arabe, Nidaa Tounès et Ennahdha représentent deux lignes équilibrées (parallèles ?) qui ne se croiseront que si Dieu le veut... Et si elles se rencontrent, eh bien, ç'aura été par la volonté divine. La réussite du prochain gouvernement dépend de certaines conditions inhérentes à une majorité confortable au Parlement, une trêve sociale en collaboration avec les structures syndicales et surtout avec l'UGTT... Comment perçoit cette question Nidaa Tounès ? Le prochain gouvernement ne saurait être opérationnel s'il ne travaille pas de concert avec l'UGTT et l'UTICA, deux organisations incontournables dans l'édification du pays. Je ne vous cache pas que les concertations avec l'UGTT et l'UTICA sont susceptibles d'impulser le pays vers l'avant et pour le meilleur. Vous aurez, d'ailleurs, remarqué l'efficacité de leur action dans le cadre du Dialogue national en plus de leurs positions de principe concernant des questions vitales dont essentiellement la question du terrorisme, point déterminant pour la réussite du processus transitionnel. Cela signifie-t-il, par ricochet, leur participation au gouvernement ? Non. Et d'ailleurs, ils ne sont pas demandeurs. Mais, les deux premières années après les élections exigent une restructuration particulière et tout un chacun sait qu'ils doivent participer à la prise de décision, à travers essentiellement la concertation. Vous parlez de terrorisme. Quelle est votre stratégie pour combattre cette dérive ? Le terrorisme est une nébuleuse régionale. Pour le combattre il faut mettre en place une stratégie régionale en collaboration avec les pays voisins : la Libye, l'Algérie, l'Egypte et même le Mali et le Niger. La collaboration doit aussi s'étendre à tous les autres pays du monde. Cela dit, l'actuel gouvernement a administré la preuve et la volonté de combattre l'hydre du terrorisme, malgré la difficulté de l'enjeu à relever. Et si nous reparlions de votre programme économique. Vous avez prévu dans votre programme la nécessité de l'intégration régionale et la réalisation d'une ample infrastructure industrielle et rurale dans un bref délai. A combien de temps estimez-vous ce délai surtout que des problèmes épineux ont fait que les gouvernements qui se sont succédé n'ont pu concrétiser les programmes destinés aux régions. Les régions de l'intérieur sont exclues de la dynamique économique et donc, elles n'ont pas évolué. La vie dans ces régions est à l'état rudimentaire. Le gouvernement actuel a essayé d'attirer des investisseurs étrangers pour ces régions, mais cela ne s'est pas fait car les conditions de vie y sont précaires. Et donc, là, s'impose la nécessité d'y aménager une véritable infrastructure et seul l'Etat est capable de le faire. Il faut le réaliser dans un bref délai, car il est essentiel qu'on prenne conscience que des efforts y seront consentis. Sauf que nous devons aussi prendre acte que le gouvernement n'aura pas, à lui seul, les moyens suffisants et qu'il ne détiendra pas une baguette magique. La durée du gouvernement est de 5 ans ? -Cela implique que nous devons créer une dynamique dans les régions au cours des deux premières années, et il faut donner la priorité aux projets (pôles industriels ) qui n'ont pas été réalisés dans certaines régions, ce qui est dû à la détérioration de l'autorité de l'Etat. .N'oubliez pas que le gouvernement Jomâa a rencontré des obstacles au parachèvement des projets qu'il a trouvés, à cause des problèmes fonciers. Ce qui l'a amené à se concentrer sur les projets qui peuvent être rapidement réalisés ? -En effet, les problèmes fonciers constituent un obstacle à la réalisation des projets en cours. Evoquer les régions et les classes faibles, nous conduit à parler de la Caisse de compensation ? -D'abord ,on ne peut pas envisager de supprimer la Caisse de compensation par l'effet d'un simple trait de plume, car elle contribue à assurer l'équilibre social. Mais elle est arrivée à une situation insupportable qui ne peut donc perdurer. Il faudrait alléger peu à peu le fardeau supporté par cette caisse. Toutefois on ne peut pas supprimer la compensation concernant les matières de base comme le pain, les pâtes, le sucre, etc.... La solution serait de supprimer la compensation sur les carburants. Si l'on revient à l'histoire et qu'on découvre que hisser la Tunisie au rang des pays développés était programmé pour le début de l'année 2014, conformément aux standards internationaux, pensez-vous que cela est possible, ou au contraire impossible, au cours des 5 prochaines années ? -Sur le plan économique, on pourrait comparer la Tunisie à quelqu'un qui était en train de se noyer, et qui a commencé à sortir uniquement la tête de l'eau pour respirer. Cela ne suffit pas, il faudrait qu'il émerge entièrement de l'eau. Hélas, durant les trois dernières années, la situation a été des plus mauvaises, et il y a plusieurs Etats qui ne subventionnent plus la Tunisie. Cela est parmi les conséquences de la révolution. On ne peut pas tout mettre sur le dos des personnes. Après la révolution, il y a eu plusieurs institutions qui ont été incendiées, ce qui a eu un effet négatif sur la situation économique dans le pays. Les gouvernants n'avaient pas accordé d'importance à ce problème, en se partageant le pouvoir dans un gouvernement comptant plus de 55 ministres. Il n'y a pas eu de gouvernement à même de continuer la démarche économique précédemment conçue. Personnellement je pense que la Tunisie est capable de reprendre sa marche à un rythme crescendo, mais de manière progressive vers une gouvernance pondérée, et une économie assurant à ses citoyens une vie digne. Mais il est question de hisser la Tunisie au rang des pays développés ? -Bien sûr ! notr e projet consiste en effet, à jeter les bases de l'Etat de droit du 21ème siècle, afin que la Tunisie soit au diapason de son époque, et de ses ambitions, pour rejoindre le rang des pays développés ; nous regarderons devant nous et non derrière, et c'est cela notre but. .Sur le plan politique, on parle de concertations en vue de convenir d'un candidat parmi les Destouriens à la présidentielle : qu'en pensez-vous ? -Quels sont les candidats destouriens ? Il y a Kamel Morjane avec lequel j'ai de très bonnes relations et il a fait son entrée sur la scène politique juste après la révolution. Il y a également Mondher Zenaidi, Abderrahim Zouari, ainsi que Mustapha Kamel Nabli, qui m'ont tous redu des visites de courtoisie. Pour ma part, je souhaite bonne chance à tous ceux qui me font part de leur intention de se porter candidats. Mais je n'ai d'accord avec personne. Et comme dit un proverbe tunisien évoquant ce qu'a dit le Bey quand un prétendant lui a fait par de son intention de devenir son gendre : « Ils n'ont pas demandé la main de notre fille, et nous ne la leur avons point accordée ! ». .Et si quelqu'un parmi ces quatre personnes demandait de se rapprocher de vous ? -Au jour d'aujourd'hui la question ne s'est pas encore posée, et on verra au moment où ça se présentera. En tous les cas je leur souhaite bonne chance, quand bien même ils seraient mes adversaires, car je ne voue de haine ni de répulsion envers aucun d'entre eux. Ils sont mus cependant par ceux qui cherchent à me concurrencer et qui n'aiment pas que je gagne à la présidentielle. Ils veulent ma défaite. Quels sont ces gens ? Appartiennent-ils à l'Union pour la Tunisie, Ennahdha, ou le CPR ? -J'ai été clair, et tout celui qui est doté d'un tant soit peu de bon sens pourrait comprendre ce que j'insinue. Les candidats constituent potentiellement des voix en moins pour nous. Au cas où vous ne gagneriez pas à la présidentielle, qui serait le plus méritant d'après vous ? -A partir du moment où j'ai décidé de me présenter à la présidentielle, j'ai accepté la règle du jeu ; et j'ai présenté ma candidature avec un programme pour participer à l'équilibre politique du pays. Or si je n'avais pas présenté ma candidature, cela aurait signifié que je n'ai pas confiance en mon programme. Cela dit, aucun candidat ne peut être sûr de remporter de gangner les élections.....à l'exception de Slim Riahi, mais ça c'est une autre paire de manches. Nous avons présenté notre candidature depuis un an et demi.Mais aujourd'hui, une personne qui résidait à l'étranger est rentré au pays pour présenter sa candidature, alors qu'une autre qui se trouvait derrière les murs de la prison , est sortie pour se présenter à la présidentielle..... Et concernant les doutes émis concernant l'ISIE, qu'en pensez-vous ? L'indépendance de l'ISIE est relative étant un organisme qui a été élu par l'ANC, laquelle est composée de différents tendances politiques. En outre elle a été constituée tardivement, et elle n'a pas eu suffisamment de temps pour recruter des membres en s'assurant de leur indépendance. Il s'est avéré également que plusieurs membres ont différentes appartenances politiques. L'ISIE est actuellement en train de réorganiser un certain nombre de bureaux de vote. Mais elle n'a pas laissé aux Tunisiens de temps suffisant afin d'enregistrer leurs noms, à savoir 4 millions en l'intervalle d'un mois, alors que cela demandait entre 6 et 7 mois. C'était relativement précipité. Y a-t-il d'autres défectuosités ? Les autres lacunes concernent essentiellement la structure de l'information telle qu'elle a été mise en place par l'Instance et qui devait être testée auparavant. Concernant le contrôle des élections , il aurait fallu faire participer en plus des observateurs étrangers , les organisations nationales afin de bien s'assurer de l'intégrité des élections. Redoutez-vous des falsifications ? -On ne sait pas au juste s'il y a des falsifications ou pas, et cela sera vérifié sur le terrain. Il est indispensable cependant, de favoriser les meilleurs moyens pour des élections indépendantes et sincères. . Béji Caied Essebsi peut devenir Président de la République, et quitter son parti, malgré le rôle que nous lui connaissons à vouloir toujours préserver son unification. Qui sera donc choisi pour poursuivre cette mission ? Nous avons pensé à la question, et c'est au cours du congrès du parti qui se tiendra en février prochain , du fait que les élections ne serons pas closes avant la mi-janvier. La mission du présent gouvernement ne prendra que fin vers le mois de mars prochain, et le nouveau gouvernement sera formé une fois que le président de la République sera en place. Nous avons commencé déjà les préparatifs du congrès , et un comité a été désigné pour cette tâche . Notre parti n'est pas un parti classique. Nida Tounés comprend aussi bien des hommes de gauche que des syndicalistes, et le nouveau président sera choisi parmi eux au cours du prochain congrès.