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Fléau: Violence juvénile toutes classes confondues.. Ces petits monstres de la rue
Publié dans Le Temps le 23 - 11 - 2014

Petits choux avenir du pays deviennent les petits monstres de la rue. Ces enfants qui, une fois lancés dans les rues, font éclater toutes les formes de violence que ce soit verbale ou physique, inquiètent autant les éducateurs que l'ensemble de la société. Le problème n'est pas restreint à une catégorie d'enfants n'ayant pas un soutien familial ou ceux qui ont quitté les écoles, il s'agit d'un phénomène à large spectre qu'on peut traiter par de différents angles de vue, commençant par le facteur psychologique évident. Que peuvent être alors les principales causes de cette violence ? Ce problème constitue-t-il un danger sociétal redoutable ?
Signes qui ne trompent pas
A voir la violence des enfants dans les rues s'amplifier, les citoyens expriment leur malaise et avouent se sentir de plus en plus gênés surtout par le fait que ces petites créatures ne respectent plus la présence des adultes, qui sont eux-mêmes agressés au cas où ils protestent.
Jamila, une femme de 46 ans, se plaint du fait qu'elle ne puisse plus marcher à l'aise dans la rue ou se déplacer dans les moyens de transport normalement car cette violence, surtout verbale, des enfants lui représente une sorte de stress. Elle dit qu'en étant maman de deux garçons, elle s'inquiète que ses fils puissent se retrouver emportés par ce courant. Selon elle, il s'agit d'un phénomène négatif et pas rassurant du tout de par ses causes et ses conséquences aussi. Mme. Jamila indique qu'il ne s'agit plus uniquement d'un manque d'éducation, car elle suppose que la majorité des parents fasse de son mieux pour suivre et éduquer leurs enfants, elle pense que c'est peut-être une sorte de rébellion.
M. Naceur, un marchand ambulant, indique qu'il affronte chaque jour plein de cas de violence verbale et physique des enfants dont l'âge varie de 8 ans à 16 ans, soit qu'ils s'entretuent pour un malentendu soit qu'ils s'amusent à discuter à haute voix en lançant de « gros mots ». M. Naceur voit que ces enfants s'éclatent avec ce comportement et c'est plutôt pour se faire remarquer et non pas par méchanceté. Cependant, il ne leur donne pas raison et pense que si cela colle à leurs futures personnalités, ils ne pourraient pas trop réussir leurs vies.
M. Abdelkader, un retraité de 72 ans, affirme que c'est un vrai danger sur les futures générations de voir un phénomène pareil caractériser une catégorie signifiante de la société, qui les enfants et les jeunes. Il rajoute que ce qui est le plus malheureux c'est qu'ils refusent d'être critiqués sur ce qu'ils disent ou ce qu'ils font, et que le respect des adultes ne leur représente plus rien. M. Abdelkader indique qu'on lui a déjà manqué de respect. Il a été agressé verbalement par des enfants lorsqu'il a essayé de calmer leur « rage », bien qu'il soit un ancien enseignant et qu'il ait la pédagogie nécessaire pour orienter les enfants. Il pense que la responsabilité est collective pour y remédier et qu'il faut que ce soit petit à petit normalisé ou que ce soitconsidéré par les enfants comme un droit acquis de dire et faire librement ce qu'ils veulent dans les rues. « Auparavant, on nous tirait les oreilles pour la moindre bêtise et on ne levait pas les yeux du sol », finit-il.
Normes disciplinaires bafouées à l'école
Mme. Sonia, éducatrice, précise que la violence des enfants commence par être observée même dans les écoles et que les normes disciplinaires sont bafouées ce qui devient ingérable de la part des enseignants seuls. D'une autre part, Mme. Sonia se demande si la source de ce déchaînement des enfants consiste dans ce qu'ils consomment sans modération comme jeux vidéo incitant à la violence ou à l'absence de contrôle parental dans l'usage d'internet. Elle indique d'une autre part que ce problème est d'une grande influence sur le développement de leurs personnalités et que c'est un signe de déviation de la jeunesse qui désobéit de plus en plus aux normes. Elle n'exclut pas le fait qu'il y ait une volonté chez les petits d'attirer l'attention et de se faire remarquer comme « grands et forts » mais du moment où cela se passe à travers des actes de violence, il faudrait réviser les moyens d'éducation des enfants et conscientiser les acteurs du secteur éducationnel ainsi que les parents. Selon elle, Ce ne doit pas s'amplifier davantage sinon on risque de perdre complètement le contrôle sur les enfants et contribuer à de futures générations malsaines.
« Lacunes culturelles »
Dans le but de préciser l'analyse de ce problème, on a pris l'avis d'une sociologue, Mme Boukraa Hajer qui considère qu'il y a un excès de violence surtout verbale, chez les enfants. Elle explique que quelqu'un qui commet un acte de violence, que ce soit verbale ou physique, subit forcément des actes de violence. Il s'agit d'une réaction extériorisée par les enfants, une fois sortis du cadre scolaire et familial.
Mme. Hajer précise que cela constitue une conséquence d'un cumul de lacunes culturelles et éducationnelles engendrées par l'ensemble des transformations brutales subies par la société. Ceci a en quelque sorte minimisé ou mis à l'écart le rôle crucial de l'école ainsi que des parents dans l'éducation. D'où le phénomène de l'interruption des études chez les enfants et les jeunes, la violence en est l'une des conséquences.
D'un autrecôté, la sociologue a soulevé le point de la marginalisation de certaines classes sociales, de la pauvreté et du manque des moyens qui induisent dans l'ensemble une tension au sein des familles et font que les parents soient eux-mêmes violents dans leurs comportements entre eux et avec leurs enfants, par réaction à ce qu'ils vivent comme difficultés. Ceci fait automatiquement naître chez l'enfant une sorte de vengeance et de révolte qu'il extériorise sous forme d'actes violents envers son entourage.
La sociologue a mentionné que la société tunisienne est connue par la tendance à prononcer des mots supposés ne pas être dits, mais que les gens font inclure dans les plaisanteries ce qui est par exemple observable chez les vieilles gens. Elle indique que BayremEtounsi en a parlé dans l'une de ses publications en 1932 dans le journal « Lumières de la ville », là où il a souligné le fait que les Tunisiens prononcent fréquemment des termes non respectueux ou « indécents ». Dans ce sens, la sociologue pense que la société tunisienne vit une crise d'éthique et d'une régression des valeurs sociales, et cela depuis longtemps.
Quand les parents s'en sentent fiers
Mme. Hajer ajoute que dans certains cas, les parents sont fiers de la délinquance de leurs enfants et trouvent que c'est un point fort. Certains parents encouragent leurs enfants. Ceci signifie que la crise d'éthique n'est pas improvisée par les enfants mais héritée de leurs parents, chose qui remet en question le rôle éducatif des parents et pose d'autres problématiques. Ce phénomène est surtout visible dans certains quartiers populaires là où le niveau de vie est relativement bas et où les gens se cultivent peu. Les enfants sont d'ailleurs beaucoup plus soumis à la violence et aux défauts d'éducation. Ceci donne lieu à deux extrêmes comportementaux, soit à la crise d'éthique déjà mentionnée soit à l'extrémisme religieux, deux phénomènes de dangerosités égales sur la société.
En conclusion, la sociologue voit que c'est la violence verbale qui engendre la violence physique et que tous les deux s'accompagnent et reviennent aux mêmes raisons. Elle indique également que ceci ne concerne pas que les garçons, car mêmes les filles commettent les mêmes actes de violence et revient au fait que les transformations socialesbrutales subies par la société tunisienne depuis l'indépendance ont constitué une sorte de choc et conduit à une structure mal fondée de la société notamment sur le plan culturel.
Les enfants, futurs parents, s'ils n'acquièrent pas le savoir-vivre, y compris les bonnes manières de communication et les valeurs éthiques de base, ne pourront pas promettre un avenir meilleur à cette société et au lieu de représenter l'espoir du pays, ils deviennent source de désespoir et de danger et posent un obstacle au développement culturel et même scientifique de la société. Il s'agit donc de l'une des priorités à prendre en considération, celles de veiller à l'éradication du phénomène de la violence verbale et physique chez les enfants de peur que cela ne devienne la caractéristique de la société tunisienne.


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