Un retour à l'historique des choses, permettrait de mieux cerner certaines notions et de suivre leur évolution mais surtout leur impact sur la société moderne, dite société de l'information et de la communication, qualifiée également de société de consommation, confirmant toujours un certain aspect économique à chaque phénomène qui concerne directement la société. D'où est née cette notion ? Comment a-t-elle évolué ? La notion des industries culturelles, comme le nom l'indique, renvoie au sens de fabrication de la culture selon un modèle prédéfini et rendre ainsi, standard, le produit culturel, ou informationnel. Cette notion remonte au début du 20ème siècle là où elle a été introduite par le duo T. Adorno et M. Horkheimer. Elle est née d'une étude critique du phénomène de la standardisation et de la reproduction de masse de produits médiatiques, essentiellement par la télévision et la radio. L'évolution de la notion des industries culturelles donne naissance à un concept récent, les industries créatives, c'est de partir à la recherche d'un talent, d'une lueur de créativité même minimale et concevoir sur cette base un produit consommable et rentable. Ce produit doit être reçu et perçu par le grand public comme merveilleux et fascinant, lui donnant ainsi un maximum de valeur. Certaines expériences des industries créatives vont jusqu'à valoriser ce qui est banal au départ. On a interrogé un nombre de jeunes réunis dans un café culturel au centre ville sur ce qu'ils entendent dire par le terme « industries culturelles ». Amal, musicienne, pense que le terme dévalorise la culture mais explique bien ce que la mondialisation qui domine tous les domaines veut qu'on suive et qu'on consomme. Il s'agit, selon elle, d'un système établi comme une loi qui commande dorénavant même la perception des choses par les gens. Elle indique que de nos jours on ne distingue plus ce qui est vraiment créatif de ce qui ne l'est pas, on est appelé à écouter un rythme monotone de musique, de regarder des films traitant des sujets « mâchés » mais qui se sont avérés rentables, comme l'affaire palestinienne qui est malheureusement banalisée par les règles du « marché culturel », on la voit traitée par presque tous les dits « créateurs cinématographiques » mais du moment où cela leur est toujours rentable, il parait que c'est légitime de le reproduire. Firas, étudiant en informatique, considère que tout est commercialisé à cette époque, et qu'on ne puisse pas dans ce cas exclure un domaine ou un autre de l'ensemble du système en marche depuis un siècle. La culture est, d'après lui, un domaine ouvert qui doit, certes, se nourrir de la créativité et de la différence des goûts mais en même temps être conforme aux règles générales, c'est-à-dire obéir aux goûts de la majorité par exemple, tout en prenant en considération les intérêts du producteur qui ne peuvent être qu'économiques dans cette phase de crise mondiale. Il conclut par dire que ce n'est pas vraiment gênant de voir un produit médiatique ou culturel standard, c'est au receveur de sélectionner. Pourtant, il y a ceux qui résistent à la contreculture : D'un point de vue psychologique, Ziadi Raja a mentionné que la musique que nous écoutons, les films que nous regardons, les journaux et les magazines que nous lisons, nos choix en général ne cessent d'être objet de critique par nos parents et grands-parents. Elle se demande s'il s'agit réellement de choix. Elle explique qu'en effet, les entreprises industrielles qui conçoivent des produits dits "culturels" expliquent la dégradation de la qualité sous prétexte que leurs produits ont de la valeur symbolique, c'est en fait ce que les gens aiment écouter et c'est ce qu'ils aiment regarder. Mais il est à noter que ce que les gens aiment ne vient pas spontanément d'eux, c'est plutôt le résultat de nombreuses études et recherches faites avant d'entamer la production, sur la psychologie de la masse. Cette méthode a été depuis longtemps instaurée par les médias de masse selon plusieurs théories psychologiques. Elle indique que les gens peuvent expliquer leurs choix par l'absence d'alternative en disant que c'est tout ce qu'il y a sur le marché. En outre, la distinction faite, au niveau de la production culturelle, entre les produits populaires et ceux qui sont destinés à l'élite n'a fait que compliquer encore plus les choses. Les produits destinés à l'élite donc ayant une valeur culturelle importante sont par définition inaccessibles au reste du peuple. La psychologue précise que de nos jours, nous voyons de plus en plus des gens qui refusent d'avoir une télévision chez eux et qui choisissent soigneusement les films ou encore les pièces de théâtre qu'ils regardent d'une façon hebdomadaire ou même mensuelle. Ceci n'est qu'un signe de résistance à la consommation de la culture de "basse gamme" appelée également contreculture. Nous assistons également à la naissance d'une culture alternative prouvant de plus en plus que la valeur culturelle d'un produit n'est pas un frein à sa popularité. Il est assez courant de jouer le rôle des victimes soumises au système et démunies de moyens de résistance, il est temps de faire preuve de maturité quant au mode de consommation des produits culturels et informationnels modèles. La mission devrait être accomplie, à prime abord, par les créatifs, qui sont appelés à innover et rompre avec cette standardisation par une touche d'originalité, toujours capable de recruter l'intérêt public. Dans un deuxième lieu, c'est au consommateur lui-même de se détacher de son éblouissement inconditionné par tout ce qui lui est exposé. Redonner place à la lecture, revaloriser les icones de l'histoire dans le domaine culturel et intellectuel et repartir de là, pourrait réveiller la conscience de la masse populaire et reconstruire sa vision des produits commerciaux des industries culturelles. Ecarter la médiocrité du domaine culturel et médiatique, est-ce une utopie ?