La mythomanie ! Problème vieux comme le monde. Mal-vivre, barrières sociales rigides, besoin de paraître et non plus d'être, le « mensonge social » s'amplifie peut-être parce qu'on veut se voiler la face, ou que l'on veut se projeter dans le monde virtuel de la mythomanie ou ce que les spécialistes appellent « mensonge pathologique ». Et face aux mensonges des politiques de la nouvelle démocratie, la mythomanie s'invente encore plus de justifications. Tiraillés entre la vie qu'ils souhaitent et la vie qu'ils mènent, certaines gens théâtralisent leur vécu. Ils composent des scénarios qu'ils racontent en public en tant que faits réels et ne révèlent généralement aucune suspicion sur la vérité de ce qu'ils disent. Il s'agit cependant de mensonges, une attitude qui, une fois incluse dans leurs habitudes, devient pathologique, c'est la mythomanie, telle que appelée par les spécialistes, définie en tant que « mensonge pathologique ». Comment remarque-t-on ces mythomanes ? Pourquoi le sont-ils et est-il possible de s'en débarrasser ? L'état d'hystérie que présente les mythomanes ne doit pas leurrer leur entourage. Il sont conscients de leurs mensonges. La mythomanie a été comparée par les psychiatres à un état d'hystérie manifesté par le sujet qui a tendance à altérer la vérité, à mentir, à imaginer des histoires, fabulations, et donc à imiter des états organiques anormaux qu'il voyait comme des simulations, d'où le lien à l'hystérie. Pourrait-on considérer qu'un mythomane est conscient qu'il est en train de mentir ? Prévalence notable chez les femmes D'après les dernières statistiques effectuées sur cette pathologie, jusque là étrange, 1 sur 1000 des jeunes au dessus de 16 ans seraient mythomanes. Les chiffres indiquent également que cela est plus fréquent chez les femmes que chez les hommes, montrant que 10 femmes en 1 seul homme sont mythomanes. Les origines sont reliées par certains psychiatres à des troubles neuropsychologiques, mais considérées par d'autres comme le moyen intelligent utilisé par le mythomane pour apaiser son mental et hausser sa confiance et son estime de soi. L'entourage a du mal à les affronter... B.Asma nous raconte qu'une amie, proche d'elle, est mythomane. Elle avoue que cela n'a pas été visible pendant la première année de leur amitié mais qu'elle l'a découvert avec le temps lorsqu'elle a eu l'occasion de connaître son amie de plus près. Cette fille, mythomane, s'imagine des situations et tisse des histoires bien cohérentes, selon Asma, au point que jamais celui qui l'écoute ne doute de leur vérité. Elle précise que ces histoires sont généralement relatives à sa vie privée comme « ses aventures inventées avec X ou Y » ou comme « les grands projets que son père dirige ». Asma précise qu'elle était la première à remarquer que ce n'était que des mensonges lorsque, par exemple, elle est invitée chez elle, et que la petite sœur ou la maman de son amie racontent des choses contredisant ce qu'elle a déjà entendu dire par cette dernière. « Elle a peut-être quelques problèmes de confiance, ce qui pourrait la pousser à mentir, cependant elle est très acceptable physiquement et très brillante dans ses études, je me demande si elle pourrait se débarrasser de cette mauvaise habitude, personnellement je n'arrive pas à l'affronter à ce sujet », finit-elle. Une sorte de projection dans l'avenir ? Selim avoue avoir rompu avec sa copine le jour où il a découvert qu'elle était mythomane. Il considère que c'est une attitude intolérable, « il ne faut pas tolérer cela sinon on leur donne l'impression qu'on est imbécile et qu'on les encourage à mentir ». Il explique que sa copine inventait des histoires qu'elle lui fait croire tellement elle le faisait avec un air sérieux et sur. Il a entre temps remarqué que ce qu'elle racontait ne correspondait pas réellement à ce qu'elle vivait, et ce, à force de la côtoyer. Selim indique qu'il n'a pas hésité à l'affronter avec ses mensonges qu'elle déniait catégoriquement. Il ajoute qu'en fait, ce qu'elle disait était inspiré de ce qu'elle voulait réaliser, « de ses ambitions en d'autres termes », il a donc conclu qu'elle essayait peut-être de se projeter dans l'avenir et donner d'elle l'image qu'elle voudrait avoir ultérieurement, il finit par dire que « cela provient d'un sentiment d'insatisfaction de ce qu'on est, reste à voir ce que les psychologues en disent ! ». D'ailleurs, il s'avère que ce n'est pas toujours un trouble pathologique... Symptôme de pathologie psychiatrique D'un point de vue psychologique, Ziadi Raja explique que la mythomanie n'est pas toujours un trouble psychologique à part entière. Il s'agit, parfois, d'un simple symptôme d'une pathologie psychiatrique qui ne doit pas être confondue avec la production délirante. Elle indique qu'en effet, le mythomane trouve, souvent, un refuge dans le mensonge qui n'est qu'un moyen d'esquiver une réalité difficile à assumer. Elle ajoute qu'il est important de signaler que les mythomanes ont carrément tendance à confondre la réalité avec le mensonge et ne sont jamais conscients du caractère pathologique de leur trouble. Raja précise d'une autre part que certains spécialistes parlent de traumatisme psychologique précédant l'apparition de ce trouble. Néanmoins, peu nombreux sont les mythomanes qui consultent des psychiatres ou encore des psychologues vu l'absence de prise de conscience de leur état pathologique. Il est important donc de se demander sur le seuil de tolérance d'un trouble pareil par l'entourage d'une personne qui le présente. Ce seuil varie, sans doute, en fonction de la culture, des normes et des valeurs d'une société donnée. Elle finit par dire que « nous jugeons que cette dimension est digne d'être étudiée. ». Mentir pour sauver une situation ou mentir pour se sauver soi-même d'une humiliation, cela arrive à tous dès qu'on est enfant et même lorsqu'on devient adulte. Cependant, si cette attitude devient fréquente et collée à notre comportement allant jusqu'à l'invention d'histoires fictives qu'on s'attribue, c'est là où on parle de mensonge pathologique. La mythomanie doit être prise en compte par l'entourage du mythomane et alerter quant à la nécessité du traitement. N'oublions pas que ce qui est mauvais signe est souvent contagieux.