Les agents de l'ordre sont les garants nécessaires de la sécurité et rien que par leur présence dans n'importe quel endroit ou à n'importe quelle occasion le citoyen est rassuré. Ils représentent pour ce dernier l'autorité et il sévit contre toute infraction à la loi qui serait de nature à nuire au citoyen, ou de porter atteinte à sa sécurité, son intégrité et sa dignité. Les magistrats sont comme l'a dit Montesquieu, la bouche de la loi. c'est-à-dire qu'ils se prononcent sur n'importe quel litige qui leur est soumis en vertu de la loi. Evidemment il y a l'intime conviction qui pour chaque juge est constituée différemment, en fonction de son heuristique , et de l'expérience qu'il a acquise, mais sans pour autant sortir du cadre du dossier qui lui est soumis, ni de celui de la loi à appliquer. Agents de l'ordre et magistrats agissent donc dans le cadre de la loi et dans l'intérêt du citoyen et de l'ordre public. C'est en effet l'agent de l'ordre qui prête main forte à la justice, que ce soit pour le maintien de l'ordre public ou pour l'exécution d'une sentence D'où vient donc cette tension entre eux, et quelle en est la cause réelle? Il faut dire que les prises de bec entre magistrats et forces de l'ordre n'est pas d'aujourd'hui, et elle a été toujours tributaire de la conjoncture politique du moment. Durant l'ancien régime, les magistrats qui étaient dans le collimateur des autorités avaient subi certaines exactions par la police, et ce, que ce soit sous Bourguiba ou Ben Ali. Aussi cela avait-il permis le développement de la corruption, et avait de plus en plus nui à l'image des deux acteurs de la Justice que sont les magistrats et les agents de l'ordre. La réalité est qu'aussi au sein de la Justice que celui de la police, il n'y avait qu'un nombre restreints de corrompus qui agissaient par opportunisme, faisant fi de l'intérêt général. A l'aube de la Révolution, l'éradication de la corruption au sein de la Justice et de la police s'avérait parmi les premières priorités pour la consolidation des objectifs de celle-ci. Or, il y a eu au départ une dérive sécuritaire, qui a été de nature à semer le trouble dans ces deux secteurs. A un moment, on a parlé de Snipers et on s'est longtemps demandé qui pouvaient-ils être ? En vain, car il n'y a pas eu de suivi aussi bien par la police que par la Justice et la question a été escamotée sans avoir jamais été élucidée. Pourtant il y a eu des morts parmi les citoyens innocents, de la part de ceux qu'on avait désignés par snipers (Qannassa.... !) Puis intervint la fameuse ligue de la protection de la Révolution, qui n'avait de protecteurs que le nom et qui s'adonnèrent à des actes de violences tels que celui qui a été perpétré à l'encontre de Lotfi Naghdh membre de Nida Tounes, en octobre 201, lors des affrontements qui eurent lieu à Tataouine entre des manifestants du CPR et d'Ennahdha d'un côté et des membres de l'Union régionale de l'agriculture de l'autre. Après un premier rapport d'autopsie du ministère de l'Intérieur, qui avait conclu à une crise cardiaque, une deuxième autopsie révéla des violences ^par coups et blessures. L'affaire a été ballottée entre la cour d'Appel et cour de cassation qui après la thèse d'homicide volontaire par coups et blessure a fini par retenir celle de la crise cardiaque, pour disculper les mis en cause dans cette affaire. Il y a eu ensuite l'attaque des locaux de l'UGTT par la fameuse ligue en décembre 2012. Cette ligue qui avait des ramifications partout dans le pays avait encouragé l'attaque de l'ambassade des Etats unis, dont l'instigateur n'était autre que le prénommé Abou Yadh, dont la fuite a été orchestrée par certains membres de la ligue, sous l'œil indolent de la police. A vrai dire tous ces événements ont prêté à différentes interprétations concernant le manque de vigilance de la police, avec une suspicion de complicité de la part de certains responsables d'entre eux Par ailleurs, on avait déploré que la Justice ne mène pas assez d'investigations pour élucider certains points restés sombres et des affaires classées sans suite. Les crimes perpétrés contre Chokri Belaïd et Mohamed Bahmi, constituaient la goutte qui a fait déborder le vase, car le citoyen avait quelque peu perdu confiance aussi bien dans la police que dans la Justice. Ce sont ces crimes, considérés comme des crimes politiques qui sont en quelque sorte le baromètre de la confiance. Les relations entre la police et les magistrats allaient depuis en dents de scie. Le syndicat de la police intervient systématiquement, à chaque fois qu'un agent de l'ordre est mis en cause, ce qui risque d'influencer la décision du juge, et porte atteinte à l'indépendance de la magistrature. Les juges ont été plus ou moins dans le collimateur de la police, depuis que certains agents ont été condamnés, alors que leur culpabilité était établie, à l'instar de ceux qui ont interpellé un couple à Carthage, et violé la jeune fille qui était avec son compagnon. Une certaine tension s'est développée petit à petit depuis et les menaces des agents de l'ordre de ne plus assurer la sécurité dans les tribunaux est devenue récurrente. La dernière en date a été suite à l'incident survenu à Zaghouan entre un agent de l'ordre et un magistrat, le 30 août dernier. Le magistrat se trouvait dans une voiture en stationnement au croisement en compagnie de deux autres personnes. L'agent de police s'approcha du véhicule pour sommer le conducteur de circuler. Le magistrat, exhibant sa carte, descendit alors pour lui expliquer qu'ils attendaient l'arrivée d'une autre personne. Mais l'agent de l'ordre irrité, lui confisqua sa carte, en proférant des injure à son encontre. Le magistrat lui fit remarquer qu'il allait porter plainte, devant le procureur pour outrage à magistrat. Le policier rétorqua alors sur un ton moqueur, que le procureur était un proche parent à lui, et qu'il allait lui montrer de quel bois il se chauffe. Bref, le policier arrêté a fait l'objet d'un mandat de dépôt. Il a été cependant acheminé de la prison à l'hôpital psychiatrique à l'insu du procureur. Bref, après toutes ces élucubrations, il a comparu devant le juge et gardé en détention, pour être jugé le 27 septembre. Non content, le syndicat de la police a menacé, encore une fois de ne plus assurer la sécurité dans les tribunaux. Telle est la situation due au manque de discernement, nuisant de la sorte à, l'image de la police, et à l'indépendance de la Justice. Ces deux secteurs sur lesquels repose la Justice, doivent savoir raison garder, afin de traiter les problèmes avec lucidité et objectivité, en laissant de côté les intérêts ce qui aide à consolider les éléments de la Justice équitable, laquelle est parmi les objectifs essentielles de la Révolution et les principes consacrée par la Constitution.