Suite à un débat télévisé au cours duquel les juges du Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme, ont été dernièrement pris à partie par certains intervenants, le syndicat des magistrats tunisiens a annoncé que les juges concernés allaient se retirer dudit Pôle. Ce débat a été jugé contraire à la déontologie, voire à caractère diffamatoire. D'autant plus que des noms ont été cités ouvertement au cours de l'émission télévisée en question. Les juges ont estimé qu'ils ont été de la sorte discrédités et leur intégrité entachée, puisqu'ils ont été accusés de « comploter avec certains visages du gouvernement, ou même avec des terroristes ». La réaction des magistrats du Pôle judiciaire était conséquente à ces accusations qui mettent en doute l'intégrité voire la dignité du juge, affecte son intime conviction, et porte atteinte à son indépendance. C'est la raison pour laquelle le syndicat de la magistrature, l'Association des magistrats ainsi que l'Observatoire de l'Indépendance de la Justice ont dénoncé cette manière de critiquer les juges en les accusant, en se basant sur les décisions qu'ils ont rendues, en application de la loi. Des accusations d'autant plus graves qu'elles émanent de certains représentants des forces de l'ordre. Mohamed Salah Ben Aïssa, ministre de la Justice a réagi en démentant les accusations à l'égard des magistrats qui ne sont nullement fondées et constituent un prétexte fallacieux afin de faire pression sur les juges, et les obliger à prendre des décisions conformes à leur bon vouloir. Il n'a pas manqué également de critiquer le niveau de l'émission télévisée concernée, qui n'a pas été suffisamment étudiée et préparée, et qui manque par là même de fiabilité. Il a rendu dernièrement une visite de travail au Pôle judiciaire, dans le but de prendre connaissance des conditions de travail des juges chargés des affaires de terrorisme et de blanchiment d'argent. Ces derniers ont repris leur fonction. Exprimant son soutien aux juges du Pôle judiciaire, le ministre de la Justice leur a fait part de son soutien inconditionnel et son total appui, pour leur mission qu'il a qualifiée « d'historique, en matière de lutte contre le terrorisme étant de nature à contribuer à l'instauration de la sécurité ». Il les a appelé à trancher les dossiers qui leur sont soumis de la manière la plus diligente, et dans la stricte application de la loi. Le soutien du ministre aux juges est également un rappel de la mission du juge qui est limitée dans l'application de la législation en vigueur. Toutefois et bien qu'il soit la bouche de la loi, le juge doit rendre sa décision de manière indépendante et sans aucun ascendant de quelque nature qu'il soit. L'indépendance de la magistrature est inaliénable et intangible. Cela implique que le juge ne doit avoir aucun autre ascendant que la loi. Celle-ci est générale c'est-à-dire qu'elle s'applique à tous de manière égale pour tous de manière équitable. Le juge ne doit pas être s influencé par des éléments extérieurs à ceux qui se trouvent dans le dossier du litige qu'il a à traiter, dont entre autre l'opinion publique. L'avis des gens est souvent entaché de subjectivité, et il est émis en méconnaissance de la loi. Il juge en équité et selon son intime conviction. Celle-ci est constituée entre autres de son expérience, la loi étant parfois imparfaite, voire inéquitable. C'est là où intervient l'expérience du juge. Le ministre n'a pas manqué également, dans sa visite au Pôle judicaire de s'enquérir des conditions de travail des greffiers ainsi que des force de l'ordre. C'est dire que ces derniers ne peuvent constamment être en tension avec les juges car ils sont complémentaires, pour le rôle qu'ils jouent, dans l'instauration de la sécurité.