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«Nos services de renseignements ont un train de retard sur les terroristes»
Publié dans Le Temps le 17 - 07 - 2016

Alors que la France se remettait à peine des attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan, un autre drame est survenu dans la ville de Nice le soir de la fête nationale française. Un individu a foncé, avec son camion, sur la foule regroupée à la Promenade des Anglais à l'occasion des festivités du 14 juillet. Un bilan lourd a été causé par cette attaque : quatre-vingt-quatre morts sont à déplorer et plusieurs dizaines de blessés sont maintenant entre les mains des médecins.
Ce choc a remis sur le tapis la problématique de la lutte contre le terrorisme en France. Cela nous a aussi rappelé tous les drames que nous avons vécus en Tunisie depuis le 14 janvier 2011 en matière de terrorisme et d'attentats.
Au vu de l'actualité, nous avons décidé de consacrer notre rubrique hebdomadaire à deux personnes qui suivent, de près, le dossier du terrorisme ; l'une est l'avocate des victimes de l'attentat du Bardo et celui du Bataclan, maître Samia Maktouf, et l'autre est la mère de la première victime du terrorisme en France, madame Latifa Ben Ziaten.
Au cours de ces deux entretiens, nous sommes revenus avec nos invitées sur les aspects les plus flagrants de la prolifération de ce fléau partout dans le monde.
-Le Temps : Vous êtes l'avocate de quelques victimes de l'attentat du 13 novembre à Paris et vous êtes aussi chargée du dossier de l'attentat du 18 mars 2015 au Bardo. Que pouvez-vous nous dire sur ces deux dossiers ?
Samia Maktouf :Je travaille sur le dossier du terrorisme depuis 2012 (lors de l'affaire Mohamed Merah qui a assassiné sept personnes). Depuis, j'ai assisté des victimes des attaques qu'a connues la France comme l'affaire de Charlie Hebdo, de l'hyper casher ou encore du Bataclan. Je suis aussi honorée d'être l'avocate d'une famille française victime de l'attaque du Bardo. Je considère que cela représente une chance pour moi ; à travers ma représentation dans ce dossier tunisien, la famille française en question manifeste une importante confiance dans le système judiciaire de la Tunisie.
-Où en êtes-vous avec le dossier du Bardo ?
Depuis que j'ai été chargée de cette affaire, j'ai réussi à avoir accès à l'intégralité du dossier y compris la partie qui constitue une polémique en ce qui concerne l'éventuelle défaillance judiciaire. En ma qualité d'avocate, je ferai tout ce que la loi me permet pour préserver les intérêts des victimes innocentes tombées au nom de l'intégrisme.
Le mot d'ordre des familles que je représente c'est la vérité et toute la vérité. Je m'emploierai, entièrement, à cet effet. Si le dossier continent réellement des défaillances, je ferai tout pour que cela soit rendu public et mis en exergue.
-Est-ce que ce dossier vous a permis d'accéder à quelques détails de l'affaire de l'attentat ayant visé l'hôtel l'Impérial de Sousse survenu le 26 juin 2015 ?
Sans violation du secret de l'instruction, la connexion évidente et sans équivoque entre les attentats du Bardo et de Sousse ne laisse plus aucun doute ; elle est établie. C'est la raison pour laquelle, et à la demande de mes clients, je vais demander la connexion et la communication entre les deux dossiers auprès du juge chargé du dossier et une demande d'accès au dossier de Sousse.
-Sur quelle base allez-vous demander la connexion entre les deux affaires ?
La connexion entre les deux attentats est évidente et il est légitime que les familles accèdent à toutes les pièces du dossier et tout ce qui peut être en relation directe avec ce dossier.
En ayant accès au dossier de Sousse, on aura accès à d'autres vérités dont, entre autres, l'organisation et la structure de ces individus qui ont préparé, organisé et exécuté sur le territoire tunisien tout en étant connecté avec des réseaux internationaux.
Les parties impliquées dans le dossier du Bardo ont une connexion avec tous les autres terroristes. Il existe un lien international entre les dossiers : nous ne nous sommes plus face à des loups solitaires comme cela a été avancé par un important responsable du renseignement français – qui a annoncé, au lendemain de l'attentant de 2012, que Mohamed Merah était un loup solitaire.
Aujourd'hui, les terroristes travaillent dans le cadre d'une structure terroriste organisée, hiérarchisée et opérationnelle. La Tunisie, comme la France et la Belgique, devrait, pour pouvoir mener une politique de lutte contre le terrorisme, prendre conscience du caractère international de ces réseaux.
La Tunisie, plus que jamais, doit compter, intégrer et participer à une coopération internationale à la fois judiciaire, policière et, surtout, en matière de renseignement via, notamment, Interpol. Aujourd'hui, le terrorisme est un fléau qui touche tous les pays et ne n'hésite pas à franchir toutes les frontières. Plus aucun pays n'est à l'abri et nous avons vu l'exemple le plus parlant, celui de l'Orlando aux Etats-Unis d'Amérique. Les terroristes ne viennent plus de l'étranger, ils sont enfantés par nos sociétés.
-Il existe un débat actuellement en France quant au respect des droits en faveur du commanditaire des attentats du 13 novembre, Salah Abdelsalem. Quelle est votre avis la dessus ?
C'est le zèle du respect des droits de l'Homme. J'aimerais bien que l'on respecte aussi la douleur et la mémoire des victimes tombées dans l'attentant préparé par Salah Abdeslam.
Vendredi dernier, son avocat a saisi en référé le Tribunal administratif pour violation de vie privée. Mes clients ont été privés de leur vie tout court. Je trouve que c'est indécent et déplacé de prétendre au respect de cet aspect de sa vie privée alors que d'autres ont purement et simplement perdu leur vie et qu'aujourd'hui les familles vivent dans une atmosphère de douleur et de détresse.
Par ailleurs, et en tant qu'avocate, je suis respectueuse des droits fondamentaux de chaque détenu mais dans le cas Abdelsalem, il est important qu'il puisse comparaître à un procès exemplaire devant une Cour d'assise spéciale et que sa vie et son intégrité physique soient préservées : c'est cela même la demande principale de mes clients face au seul survivant des attentats du Bataclan.
J'ai, aussi, en mémoire la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'Homme en matière du respect de la vie privée du détenu mais faut-il rappeler qu'il s'agit là d'une affaire de terrorisme et que la présence de Salah Abdelsalem dans un procès que les victimes attendent est aussi une priorité.
C'est là la grandeur de la démocratie face à la barbarie que répandent les terroristes dans les pays des droits de l'Homme.
-Cette équation se pose de jour en jour en Tunisie. Elle a même pris des dimensions assez importantes et a créé une crise de confiance entre le corps judicaire et l'appareil sécuritaire.
Il est vrai que l'équation entre le respect des droits de l'Homme et l'application de la loi antiterroriste est extrêmement délicate et difficile à accomplir. C'est pour cela qu'une démocratie naissante comme celle de la Tunisie va certainement murir par le respect du principe de la séparation des trois pouvoirs. En Tunisie, il existe une crise de confiance qui fragilise nos institutions judiciaires et qui crée une panique sécuritaire au sein de l'opinion publique. En Tunisie, nous avons aussi des juges avec une conscience irréprochable, il faut compter sur eux, c'est eux qui feront la différence et l'institution judiciaire en sortira plus solide et grandie.
-Vous comptez présenter une plainte à l'encontre des Etats de la France et de celui de la Belgique. Pourquoi et sur quelles bases ?
A l'issue de la sortie du rapport du comité P, en Belgique, et du rapport de la commission parlementaire en France, tout récemment, nous avons eu la confirmation des certitudes des parents quant au fait qu'il y a eu de très graves dysfonctionnements en matière sécuritaire et de renseignements.
Les protagonistes du 13 novembre étaient connus des services de police, surveillés et certains étaient même sous contrôle judiciaire. Le cas le plus flagrant est celui de Sami Amimour, l'un des terroristes du Bataclan, qui était mis en examen pour appartenance à un réseau de recrutement pour la Syrie. Amimour était interdit de voyager pour avoir remis son passeport.
Cela ne l'a pourtant pas empêché de franchir les frontières et d'obtenir un nouveau passeport. Cela est révélateur de ces graves failles et de la défaillance des services de renseignement. Cela ne peut que mettre en colère les familles des victimes.
-Après tous ces attentats, dont le dernier a été mené dans la ville de Nice, verrait-on naître, prochainement, une sorte de coopération internationale en matière de lutte contre le terrorisme ?
Aujourd'hui, il est primordial, pour mener une véritable politique de lutte contre le terrorisme de restructurer les liens entre les différents services de renseignement pour mener à bien la surveillance des personnes dont le profil dangereux est avéré et de mettre sur pied une politique de coopération entre les différents pays de l'Union européenne et les autres pays tels que ceux du Maghreb.
Avant l'attentat du Bataclan, des terroristes ont été interpellés en Grèce. Bien que cette interpellation ait été signalée aux Belges, cela n'a pas été transféré aux autorités françaises. Il faut bâtir une politique unique en matière de renseignement parce qu'aujourd'hui, ce que révèlent les dossiers dont je suis chargée, c'est que les renseignements ne sont pas partagés par et pour les autres pays. Nos services de police et de renseignement ont malheureusement un train de retard par rapport aux terroristes.


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