Une fois encore, le festival international de Carthage a rendu hommage avant-hier sur la scène du théâtre romain et devant un public assez nombreux, à la chanteuse tunisienne, disparue en 2003, Dhikra, avec un spectacle qui dépassait de peu la moyenne et qui portait le prénom de la chère disparue. Un orchestre, formé de musiciens tunisiens et dirigé par le compositeur Abderrahmane Ayadi, a été baptisé pour la circonstance « Troupe musicale du monde arabe » pour avoir réuni en cette soirée plusieurs voix féminines et masculines connues ou moins connues, venues du Maghreb et du Monde arabe, étant donné que plusieurs compositeurs arabes de renom ont composé pour Dhikra des œuvres restées éternelles. Le legs musical laissé par Dhikra, dont les photos apparaissaient par intermittence sur un grand écran placé au fond de la scène, s'est avéré dur à porter et à revisiter. Les voix choisies et invitées et qui s'étaient succédé sur scène, n'étaient pas dans leur grand jour. Etait-ce dû à l'émotion ou au trac ? Ou n'avaient-elles pu donner que ce qu'elles avaient ? La chanteuse Mounira Hamdi s'était même excusée auprès du public, après une première prestation, plutôt quelconque, avec la chanson de Dhikra « Waddati rouhi mâak » pour avouer qu'elle avait mal chanté. Elle avait été et selon ses dires, emportée par la tristesse et l'émotion. Elle a même ajouté qu'elle imaginait que ce gala était consacré à elle, outre-tombe ! Et lors de sa seconde apparition, elle a tout simplement chanté « Magadir » du compositeur et chanteur saoudien feu Talel Maddeh, que la grande Warda a également enregistré. Le chanteur syrien Souhaib Al Halabi a interprété, de son côté et du répertoire de Dhikra « Hayati Litounès », un hymne à la Tunisie et « Allimni hawak », une chanson composée par Salah Charnoubi.Dhikra allait apparaître sur l'écran dans un extrait de sa chanson « Ila hodhni ommi », en a capela. On allait la retrouver au cours du spectacle dans le clip de sa chanson « Allah Ghaleb. » La chanson « Ila hodhni ommi » allait être chantée par la voix d'Oumaima Taleb avec beaucoup d'émotion, ajoutée à la célère chanson « El Asami » du même compositeur Charnoubi. Cela renvoie à un volet du séjour artistique très réussi en Egypte de notre chanteuse défunte. Quant à Meherzia Touil, qui tarde encore à prendre amplement sa place dans le milieu artistique tunisien, malgré une voix forte et sublime, elle a repris deux chansons dont « Mouch kolli hob. » Surprise et poésie Puis le public a eu droit à une petite surprise quand le frère de Dhikra est monté sur scène pour remercier le festival pour cette initiative et...chanter pour sa part « Ila hodhni ommi », une chanson qu'il a d'ailleurs vu naître. La poésie était également présente dans cette soirée-hommage. Le poème écrit par feu Hassouna Gassouma, au lendemain de la disparition de Dhikra, a été dit en off par l'animateur de la soirée Nabil Basti alors que le public le lisait sur l'écran tel que manuscrit par son auteur. Le chanteur égyptien Mohamed El Hélou revenait sur la scène de Carthage dans le cadre de ce concert pour interpréter « Tihi ala al amsar », un autre Qasid de Dhikra qui chante la Tunisie et le générique du feuilleton égyptien « Layali Al Hilmiya » connu par la voix de Mohamed El Hélou. La voix de la marocaine Nadia Khales et celle des libyens Ghassen Ibrahim et Asma Sélim allaient suivre. Ces deux voix ont été l'une des rares satisfactions du spectacle. Slim Dammak, a marqué un petit retour sur scène à l'occasion de ce concert-hommage à Dhikra. Ce spectacle a été préparé à la hâte, car la majorité des chanteurs s'y accompagnaient d'un pupitre pour suivre les paroles. On aurait aimé que ce genre de spectacle soit préparé plusieurs mois à l'avance pour lui assurer un succès à l'image de la défunte et inimitable Dhikra.