«La paix entre les hommes est irréalisable sans la paix entre les convictions politiques ou religieuses. Aussi, toutes les religions doivent-elles œuvrer en faveur du renforcement entre elles et au sein de leurs diverses sociétés, des valeurs de liberté, de tolérance et des droits de l'homme». C'est en ces termes profonds que le Président Zine El Abidine Ben Ali ouvrait, le 1er décembre 2002, un important symposium concernant le dialogue des civilisations. Dialogue des civilisations, ou dialogue des cultures, ou dialogue des religions, cela renvoie à une même réalité intangible, qui renvoie à la foi que porte chaque humain en la transcendant (qu'elle soit divine, naturelle ou morale). Foi qui s'exprime en une pluralité de dogmes et de crédos que l'on doit traiter tous, sur le même pied d'égalité. Or, que constate-t-on en réalité? L'apparente diversité cache une volonté de l'Occident d'exercer à travers ce qui fait même son ciment, le christianisme, une hégémonie sur tous les autres messages du monde. Et plus particulièrement sur ce que l'on appelle l'Orient et qui, en fait, est l'Islam. C'est le fondement de la théorie du choc des civilisations qu'un penseur américain, Samuel Huntington, avait présentée, il y a quelques décennies. C'est donc tout à l'opposé de ce dont rêvent les âmes éprises de liberté. D'où le débat qui s'en est suivi et qui ne cesse d'occuper la scène mondiale, pour donner à la foi du Prophète une image réductrice. Le pape Benoit XVI qui visite actuellement le Proche-Orient en pèlerinage, selon son propos, ne pouvait pas omettre d'évoquer l'une des plus graves injustices commises par l'Occident. Il ne l'a pas fait en termes courageux. Une visite à la ville martyre de Gaza aurait donné plus de poids à sa démarche. Voilà une belle occasion de ratée.