La crise financière mondiale a plusieurs répercussions sur la révision des rôles des Etats et des entreprises. Cette crise a éveillé la nostalgie d'un Etat interventionniste et dirigiste, et a dévoilé aussi la limite d'une libéralisation sans contrôle et sans limites. De ce fait, la relation entre l'Etat et l'entreprise est devenue plus que jamais d'actualité. A ce propos, l'IACE a organisé la 24ème session des journées de l'entreprise, qui s'est déroulé les 11 et 12 décembre courant, portant sur le thème « L'Etat et l'Entreprise ». A la fin de la première journée de l'entreprise, M. Mohamed Ghannouchi, Premier ministre, a officiellement annoncé l'ouverture de la 24ème Session des Journées de l'Entreprise, rendu hommage à la persévérance de l'Institut Arabe des Chefs d'Entreprise dans la diffusion des pratiques de la bonne gouvernance dans le pays, et appelé, lors de son allocution, les opérateurs économiques à se serrer les coudes encore davantage, car l'ombre de la dernière crise financière internationale continue de planer sur les principaux centres marchands de la planète. Il a aussi mentionné la déroute, en Occident, des agences de natation, du rating et de tous les organismes de contrôle bancaire qui n'ont pas réussi à prévoir la déflagration de la galaxie finance, à attirer l'attention de l'opinion publique et des décideurs politiques sur les méandres de l'économie de «casino», d'essence anglo-saxonne, et à rappeler, aux uns et autres, l'obligation de coller à la réalité économique, véritable baromètre des performances des nations. Le délire financier de l'économie de marché a précarisé les équilibres des échanges internationaux, mis en péril l'élan prometteur des pays émergents et rendu un fier service aux nostalgiques du protectionnisme, nombreux à réclamer, en temps de crise, le repli et la priorité souverainiste, a déclaré M. Ghannouchi, pour qui la finance virtuelle, en dépassant dix fois la valeur tangible de l'économie réelle, est devenue synonyme de spéculation, de cupidité et de digression. Il a ajouté que le monde dansait sur un volcan.
La fiscalité : principale source de financement pour l'Etat La deuxième journée de la 24ème édition des journées de l'entreprise a débattu de plusieurs thèmes traitant du rôle de l'Etat dans la régulation du marché des biens et services et de la fiscalité en tant que principale source de financement pour l'Etat. Au chapitre de la fiscalité, les intervenants ont émis des recommandations visant, essentiellement, à garantir équité, transparence et crédibilité du fisc. L'accent a été mis sur l'intérêt qu'il y a pour l'administration fiscale à procéder au rating des contribuables (personnes physiques et morales) dans le but d'évaluer leur degré de «solvabilité fiscale» et de traquer le cas extrême, les faux forfaitaires. Ils ont , également, recommandé de mettre en place un régime fiscal propre aux PME et PMI qui représentent à l'heure actuelle, 95 % du tissu industriel tunisien, d'évaluer périodiquement l'impact des avantages fiscaux accordés aux entreprises exportatrices et de faciliter l'accès des acteurs économiques à l'information financière en général et fiscale en particulier. Concernant la fraude fiscale et le régime forfaitaire, M. Mohamed Rachid Kéchiche, ministre des Finances, a lancé un appel aux différents partenaires de l'administration fiscale en vue d'engager un débat constructif sur ce sujet pour identifier des solutions pratiques devant consolider les bases d'un système fiscal transparent. Au niveau du régime forfaitaire, le ministre a tenu à préciser qu'il s'agit plus d'un problème d'application de lois plutôt que d'un problème de réglementation. Il a appelé à lutter contre les faux forfaitaires. D‘autre part, les interlocuteurs ont plaidé pour une plus grande intervention de l'Etat afin d'optimiser le fonctionnement des structures chargées de la régulation du marché, comme le Conseil de la Concurrence. L'objectif étant de faire face aux problèmes générés par les pratiques du commerce international et la concurrence déloyale. Abordant la question du marché parallèle, les participants ont été unanimes pour souligner que ce phénomène relève de la responsabilité de tous les opérateurs économiques, y compris l'entreprise et le consommateur. De son coté, M. Hédi Djilani, président de l'Union tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA), a indiqué que malgré la crise, la Tunisie est parvenue, à la faveur des différentes mesures engagées en temps opportun, à réaliser des résultats forts encourageants dans les différents secteurs économiques. Il a ,ainsi, rappelé que plus de 60 000 emplois ont été sauvés dans une conjoncture internationale difficile et instable. Le président de la Centrale Patronale a estimé que ces efforts doivent être renforcés pendant la prochaine période et recommandé d'investir davantage dans des créneaux porteurs à forte valeur ajoutée (recherche et développement) afin de répondre au mieux à la demande additionnelle d'emploi des diplômés du supérieur, laquelle demande est estimée annuellement à 80 000. Il s'est prononcé pour une intégration maghrébine, seule à même d'attirer un plus grand nombre d'investisseurs étrangers directs (IDE), d'autant que le marché maghrébin représente un potentiel d'environ 90 millions de consommateurs. Il a, par ailleurs, soulevé l'écart entre les rémunérations dans le public et le privé, relevant que la baisse relative des salaires dans le secteur public favorise la migration des compétences de l'administration vers les entreprises privées.