En raison de la complexité croissante des missions d'audit et des mises en responsabilités en cascades des auditeurs, l'actualité du moment nous en donne une flagrante illustration (cas Enron, cas Batam, etc.). Les phases de planification et d'appréciation du contrôle interne se présentent comme étant les piliers d'une mission d'audit. Face à cette réalité, notre confrère Moez Ben Amor, encadré par L'Expert Comptable, et enseignant Moez Kamoun, s'est fixé comme objectif dans l'élaboration de son mémoire en vue de l'obtention de son diplôme de proposer une méthodologie d'audit appropriée aux établissements hôteliers tenant compte des spécificités et des risques auxquels ces établissements sont exposés.
Dès lors et pour auditer les états financiers d'un établissement hôtelier, il convenait, d'une part, d'insister sur la connaissance du secteur d'activité, du mode organisationnel, fonctionnel de ces établissements ; d'autre part, de se familiariser avec les activités de contrôle qui y sont traditionnellement rencontrées.
A l'issue de l'analyse faite, Moez Ben Amor a pu déduire que les particularités de l'activité hôtelière, associées aux mutations profondes que connaissait le secteur, étaient sources de risques multiples. Ces risques, que l'auditeur devait appréhender, avaient directement une incidence sur les états financiers soumis à sa certification.
C'est dans ce cadre qu'il a, tout d'abord, proposé une approche d'audit fondée sur une analyse critique du système de contrôle interne hôtelier en retenant le COSO comme référentiel à cette évaluation. Les risques hôteliers ne peuvent, en aucun cas, être maîtrisés en absence d'un système de contrôle adéquat.
L'appréciation du contrôle interne, dit il, est également l'occasion pour l'auditeur externe de parfaire sa connaissance du fonctionnement de l'établissement hôtelier. Cette bonne connaissance des rouages, alliée à un esprit critique et indépendant, le place dans une situation privilégiée pour faire des recommandations aux dirigeants et devenir, par là même, un consultant de qualité.
L'approche que le confrère a proposée prenait en considération l'audit du système informatique hôtelier. Certes, les progrès réalisés ces dernières années par les éditeurs de logiciels de gestion hôtelière ont contribué à réduire les risques d'erreurs dus à des traitements manuels mais ont généré de nouveaux risques. Toute erreur, tout arrêt, tout incident ou toute malversation du système informatique a nécessairement un impact sur la qualité de l'information financière, voire sur la pérennité de l'établissement hôtelier.
Dans le même ordre d'idées, nous avons démontré comment l'évaluation du système de contrôle interne constituait une étape primordiale pour la mise en place d'un programme de contrôle des comptes adapté. Le programme de contrôle des comptes proposé présentait un ensemble de contrôles choisis en fonction de leur importance et de leur particularisme par rapport au secteur hôtelier. L'accent a été particulièrement mis sur l'intérêt pratique de mise en œuvre de la technique d'examen analytique.
Par ailleurs, toujours dans le souci d'émettre une opinion sur les états financiers, une vérification de la non-remise en cause de la continuité d'exploitation et une revue des évènements postérieurs à la clôture s'imposaient.
Ben Amor estime que ce mémoire devrait permettre aux auditeurs de prendre rapidement connaissance de l'activité hôtelière et de ses risques. Les programmes de travail proposés, qui se veulent avant tout pragmatiques, devraient également permettre à ces auditeurs d'être rapidement opérationnels et de couvrir les principaux risques d'audit.
Il a aussi souligné, dans son étude, que le rôle de l'auditeur externe ne doit pas se limiter à celui de contrôle et de certification, mais il doit contribuer davantage à la promotion du management hôtelier.
Il considère à cet effet que le mode de management actuel, observé dans les établissements hôteliers tunisiens, nécessite une révision des structures d'organisation, des systèmes d'information et une formation des ressources humaines.
La conduite des affaires exige désormais le socle d'une véritable culture de contrôle enracinée aussi bien dans les fonctions administratives que dans les fonctions opérationnelles.
La réalisation de cet objectif ne semble pas être une tâche facile à l'heure actuelle dans la mesure où les gestionnaires d'établissements hôteliers délaissent les problèmes liés à l'organisation, à la formation, au contrôle interne au profit de problèmes liés à la commercialisation de leur produit, au remboursement de leurs dettes, etc.
Toutefois, des changements seront, certainement, perçus avec la mise à niveau de nos unités hôtelières. Celle-ci se présente, en effet, comme étant un processus global et continu destiné à maintenir l'outil de production en bon état, à adapter l'existant aux aspirations des nouveaux clients et à assurer la conformité du parc hôtelier tunisien avec les normes internationales applicables en matière d'hôtellerie.
Enfin le confrère Ben Amor propose la création d'une commission ad hoc composée de professionnels de l'hôtellerie et d'experts comptables ayant acquis une bonne expérience dans ce secteur ; et qui aurait pour principales attributions de :
· Veiller à l'amélioration des systèmes de contrôle interne et de management de nos établissements hôteliers ;
· Conseiller et accompagner les établissements hôteliers auprès des banques pour faciliter le financement de leur mise à niveau, et d'assurer leur restructuration financière.