Les travaux de la session annuelle de l'Institut des Relations Internationales (IRI), ont débuté le mercredi 06 octobre 2010, à l'Ecole Nationale d'Administration. Ils s'inscrivent sous le thème général : «Mondialisation et régionalisation». La séance inaugurale a été présidée par Mme Saida CHTIOUI, secrétaire d'Etat auprès du Ministre des Affaires Etrangères en présence d'éminentes personnalités nationales et étrangères. Le Pr. Rafâa BEN ACHOUR a donné une conférence sur le thème : « Mondialisation et état de droit ». M. Khalifa CHATER, président de l'Association des études internationales (AEI) et de l'IRI, a donné, lors de son discours d'ouverture de cette session d'octobre de l'IRI, une présentation succincte sur l'association. Fondée sur le bénévolat et créée le 05 novembre 1980, elle fête, cette année, ses trente années d'existence. L'IRI est destinée à dispenser une formation complémentaire aux étudiants en relations internationales. En optant pour une approche multidisciplinaire pour traiter des questions et des problématiques des thèmes étudiés, le thème de la régionalisation à l'épreuve de la mondialisation essayera d'apporter une analyse sur les différents aspects de la question. M. Khalifa CHATER a indiqué que le programme de cette session a été mis au point avec certaines coopérations, entre autre une coopération avec la Croix-Rouge. Egalement, au cours de cette session, l'IRI a pu bénéficier de la présence d'experts européens et africains. Mme Saida CHTIOUI, a félicité et salué la coopération fructueuse ente le Ministère des Affaires Etrangères et l'AEI. Dans son intervention, elle a exposé une réflexion sur le thème de la mondialisation et la régionalisation. Elle a souligné, à cet effet, que la régionalisation n'est pas antinomique à la mondialisation. Elles constituent, toutes les deux, deux étapes d'une même séquence logique et elles sont le fruit d'une dynamique de marché. Le Pr. Rafâa BEN ACHOUR, quant à lui, lors de sa conférence sur le thème: «Mondialisation et Etat de droit», a insisté sur le concept de l'état de droit. C'est en 2006 qui est apparu la définition de ce terme. La promotion de l'état de droit figure parmi les priorités du secrétaire général des Nations Uni. Avant de proposer ci-après à nos lecteurs l'allocution-intervention de Mme la Secrétaire d'Etat, il est utile de souligner que le programme de ces rencontres s'étend jusqu'au vendredi 22 octobre et comprendra des interventions sur des thèmes divers tels que «Les nouveaux grands acteurs internationaux» ou «Le droit humanitaire international aujourd'hui» sans oublier «L'environnement économique international» ou «L'Afrique, Régionalisation et état du partenariat… Autant de sujets qui méritent suivi…Nous reviendrons. Allocution de Mme Saïda Chtioui, Secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères
Mme Saida CHTIOUI Le thème de votre présente session, à savoir «La régionalisation à l'épreuve de la mondialisation», revêt une importance cruciale pour nous dans la mesure où l'un des objectifs de la diplomatie tunisienne tel qu'énoncé par le point 24 du Programme Présidentiel 2009-2014 consiste à «renforcer la place de notre pays dans son environnement régional et international». Pr.Rafâa BEN ACHOUR La mondialisation est un vaste sujet qui est entré dans notre quotidien. Elle est de tous les débats et les medias en ont souvent fait un thème de prédilection. La mondialisation peut être définie comme étant l'intégration des Etats à travers des relations intensifiées que renforcent les moyens de communications modernes et l'accroissement des échanges économiques et commerciaux, aux fins de créer un système mondial étroitement imbriqué et interdépendant. M.Khalifa CHATER La mondialisation nous est présentée comme étant inéluctable. Face à ce phénomène qui ne cesse de s'accentuer, la régionalisation pourrait être conçue comme étant une alliance régionale, constituée de pays appartenant à une même aire géographique et souvent unis par des liens ethniques, culturels, économiques, historiques ou autres. Une question se pose alors. La Mondialisation est-elle un phénomène nouveau? A-t-elle émergé après la première ou la seconde Guerre mondiale? S'est-elle affirmée à la faveur de la disparition de la bipolarisation du Monde, au début des années quatre-vingt-dix, et à l'avènement d'un Nouvel Ordre Mondial, à l'issue de la première guerre du Golfe? Assurément non. Il s'agit d'un phénomène qui puise ses racines dans l'histoire et qui est en perpétuel mouvement. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la mondialisation de l'économie constitue une réalité incontournable, comme en atteste la croissance spectaculaire des échanges commerciaux. Les instances internationales de l'histoire contemporaine, se sont précisément dotées d'instruments et d'institutions susceptibles de promouvoir ces échanges internationaux, aussi bien sur le plan commercial qu'au niveau des services. Comme en témoignent l'OCDE, CNUCED, GATT, OMC pour ne citer que les plus connus. Toutefois, les motivations qui sous-tendent les mouvements actuels de régionalisation, sont bien différentes de celles observées dans les années 60, du fait de nouveaux contextes économiques et géopolitiques. A l'heure de la mondialisation, il n'est plus question pour les économies de s'isoler de la dynamique dominante. Dès lors, l'intégration régionale ne traduit plus un refus de la mondialisation, comme cela aurait pu être le cas, par exemple, dans les années 60. A cette époque là, la dynamique d'intégration, fondée sur une théorie de dépendance, s'inscrivait dans une logique de développement auto-centré dont l'objectif était de réduire la dépendance de chacun vis-à-vis de l'extérieur. Aujourd'hui, la régionalisation est plus ouverte et n'est donc pas antagonique de la mondialisation. Il ne s'agit pas de renoncer à participer à cette dernière mais, bien au contraire, de créer les conditions favorables à un resserrement des liens économiques entre divers pays afin de faciliter leur insertion ultérieure dans les circuits économiques et commerciaux mondiaux (économies d'échelles, regroupement de marchés). La régionalisation et la participation à la mondialisation seraient donc les deux étapes d'une même séquence logique. En effet, la régionalisation a pris une nouvelle forme dans le contexte de la mondialisation. Elle ne porte aujourd'hui plus seulement sur les échanges commerciaux, mais concerne également les flux et mouvements même des personnes et des capitaux, et éventuellement la coordination de certaines politiques économiques, sociales et culturelles. La mondialisation a beau déferler sur l'ensemble de la planète, jamais la régionalisation n'a été aussi dynamique, tant sous la forme d'initiatives institutionnelles qu'à travers l'approfondissement spontané des interdépendances économiques entre pays voisins, par le biais de mécanismes de marché. Outre le fait que nombre de pays en développement y contribuent de manière plus active, le mouvement actuel se distingue des étapes précédentes de la mondialisation par l'ampleur et la rapidité des mouvements de capitaux (y compris les investissements directs à l'étranger). Tout en étant liée à la mondialisation de la production et des échanges, la mondialisation du secteur financier a été encore plus brutale et spectaculaire, conduisant à l'émergence d'un véritable marché financier planétaire, avec parfois les effets pervers que nous connaissons tous. Les révolutions technologiques et notamment l'essor des nouvelles technologies de l'information et de la communication sont pour beaucoup dans cette évolution. Enfin, l'importance croissante des firmes multinationales est encore plus symbolique de la montée en puissance du processus de mondialisation. Pour autant, la mondialisation ne signifie pas l'abolition de la géographie: le monde n'est pas devenu une vaste zone d'échange au sein de laquelle les biens, les services et les capitaux circuleraient librement et où les liens de proximité ne joueraient plus aucun rôle. En fait, parallèlement au mouvement de mondialisation, l'intégration régionale n'a cessé de progresser, tout d'abord dans sa dimension institutionnelle, comme le montre la multiplication des accords commerciaux régionaux, mais aussi à travers l'émergence de nombreuses structures d'interdépendance régionale, à l'instar de l'Union Européenne, l'ALENA, le MERCOSUR, l'ASEAN, le Conseil de Coopération du Golfe, l'UMA, l'Union Africaine, et bien d'autres encore. La mise en place d'accords préférentiels régionaux n'a pas conduit à un repli sur elles-mêmes des différentes zones d'intégration; celles-ci sont demeurées résolument ouvertes sur l'extérieur, même si les échanges intra-régionaux ont eu tendance à gagner en importance. La régionalisation s'est accentuée au cours des dernières décennies avec un resserrement des liens commerciaux et financiers au sein des grands blocs régionaux que sont l'Europe, l'Amérique du Nord et l'Asie pacifique, notamment. La régionalisation et la mondialisation actuelles sont l'une comme l'autre le fruit de dynamiques de marché. Ces deux processus ne sont parfois plus le fait des pouvoirs publics mais celui des multinationales. Dès lors, il peut paraître particulièrement curieux que ces deux mouvements aient pu progresser en parallèle, alors qu'ils apparaissaient à priori contradictoires. La coexistence de ces deux dynamiques tient en grande partie aux nouvelles formes d'organisation de la production, qui privilégient la segmentation du processus productif dans une approche de division internationale du travail et de trans-nationalisation des investissements. La régionalisation bien conçue présente de multiples avantages pour les pays en développement. Elle contribue, en effet, au resserrement des liens commerciaux entre les pays et la consolidation de leur capacité à participer au commerce mondial. Elle permet, également, à ces pays de surmonter les obstacles que représente la relative exiguïté de leur marché national en permettant aux producteurs de réaliser de plus grandes économies d'échelle et de bénéficier de la mise en place d'infrastructures au niveau régional. Si la modernisation est quotidiennement à la une de l'actualité c'est également parce qu'elle est souvent considérée comme étant responsable des maux qui frappent notre monde intégré, régionalisé et inter-dépendant. La crise financière et économique actuelle, identifiée comme une crise du libéralisme, en est la parfaite illustration. Consciente des méfaits possibles d'une mondialisation à outrance, la diplomatie tunisienne n'a cessé d'œuvrer à renforcer la place de la Tunisie dans son environnement régional et international, notamment à travers: -La dynamisation des structures de l'Union du Maghreb Arabe et de ses institutions et la mise en place d'une zone de libre-échange. -La promotion de l'action arabe commune, en particulier par la dynamisation de la zone arabe de libre-échange de manière à garantir le mouvement des marchandises et des services et l'impulsion de l'investissement, en plus du renforcement de la coopération scientifique et technologique. -La stimulation de la coopération avec les pays africains, notamment à travers l'exploration d'opportunités de renforcement des relations de coopération aussi bien au niveau bilatéral que dans le cadre de l'Union Africaine et ses institutions. -La consolidation du partenariat dans l'espace euro-méditerranéen, en renforçant les relations avec l'Union Européenne, le premier partenaire économique et commercial de notre pays, en s'inscrivant dans la perspective d'un statut de «partenaire avancé» et en dynamisant les cadres de coopération multilatéraux, en particulier l'Union pour la Méditerranée et le Dialogue «5+5». Au cours des deux dernières décennies, la régionalisation s'est révélée à un tel point nécessaire pour affronter les effets de la mondialisation que les ensembles eux-mêmes ont désormais recours à des alliances et coordinations interrégionales. C'est pourquoi la Tunisie s'est attachée à contribuer activement aux efforts de rapprochement entre divers groupements régionaux auxquels elle est liée, comme en témoigne sa participation, à de très hauts niveaux, aux différents fora et réunions tenus dans le cadre des processus Monde Arabe-Afrique, Europe-Afrique, Pays Arabes-Pays Sud-Américains, Pays Africains-Pays Sud-Américains, Chine-Afrique, etc. la Tunisie abritera, dans ce cadre, le 2ème Forum Economique Japon-Monde Arabe, les 11-12 décembre 2010, ainsi que la Réunion Ministérielle du Forum de Coopération Sino-Arabe, en 2012. Cette brève réflexion sur un sujet d'une grande actualité nous ramène à un très vieil adage qui reste plus que jamais actuel et vérifié: l'union fait la force. Couverture assurée par: A. Bouchoucha Ph.: Imen Mheni
Programme de l'IRI
Mercredi 6 octobre 16h00 ENA Inauguration officielle par Mme Saida CHTIOUI, secrétaire d'Etat auprès du Ministre des Affaires Etrangères Conférence du Pr. Rafâa BEN ACHOUR «Mondialisation et état de droit» Vendredi 8 octobre 9h00/14h00 ENA Séminaire d'une journée «Les nouveaux grands acteurs internationaux» M. Salem FOURATI, vice-président de l'AEI M. Salah HANNACHI, ancien Ambassadeur S.E.M. Toshiyukil'AGA, Ambassadeur du Japon, M. Khaled KADDOUR, Expert M. Manoubi MARROUKI, Journaliste Pr. Mohamed ZAHI
Lundi 11 octobre 16h00 AEI Séminaire «Médias et culture» Les professeurs Saïd BHIRA, Mustapha ATTIA, Moncef BEN ROMDHANE et M. Jamel CHERIF, Universitaire Mercredi 13 octobre 16h00 ENA «Le Projet de village éco-solaire Zarzis-Djerba: les énergies propres au service du développement durable» Conférence de M. Ahmed FRIAA, ancien ministre Vendredi 15 octobre 9h00/14h00 Hôtel Belvédère
Séminaire d'une Journée en coopération avec le CICR «Le Droit Humanitaire International aujourd'hui» Des experts du CICR M. Ameur ZMERLI, Maître Taoufik OUANNES Lundi 18 octobre 16h00 AEI Séminaire «Le Moyen-Orient: les Perspectives de Négociations» M. Ezzedine KERKENI, vice-président de l'AEI Mme Assia ATROUS, journaliste Mercredi 20 octobre 16h00 AEI «L'environnement Economique International» Pr Moncef BEN SLAMA, ancien Doyen Vendredi 22 octobre 9h00/14h00 ENA Séminaire d'une journée en coopération avec l'IRMC «L'Afrique, Régionalisation et état du Partenariat» Experts internationaux : MM. Philippe HUGON, René OTAYEK, Olivier RAY, S.E.M. Adrianus KOCTSENRUIJTER, Ambassadeur chef du Délégation Européenne, M. Mustapha FITOURI, expert Jamahiriya