Lors de la conférence annuelle de central banking 2010 qu'a organisé le centre de recherche et d'études financières et monétaires en collaboration avec le journal «l'Expert», nous avons profité de l'occasion pour nous entretenir avec Mme Catherine Lubochinsky. Professeur à l'Université Paris II et membre de cercle des économistes français. Mme Catherine nous a accordé l'interview suivante: Dans votre article «Les fausses solutions d'Obama» publiées par les Echos en janvier dernier, vous avez comparé les mesures prises par le Président américain Obama à l'idée de la taxe à la Tobin sur les transactions financières. Devrions-nous comprendre que vous êtes contre cette idée ? Je suis contre une taxe à la Tobin qui a proposé de taxer chaque transaction financière pour limiter son volume. Ce que je vois est qu'une seule taxe ne peut pas atteindre cet objectif parce que ce qu'on fait en taxant chaque transaction et pour réduire le profit encourage à avoir plus de transactions. De plus, il faut que tous les pays du monde taxent les transactions financières sinon pendant 15 jours, ces dernières passeront par le pays où elles ne se sont pas taxées. De ce fait, on n'arrivera à s'accorder. Certains vont vouloir le verser directement à l'Etat. Ce qui serait cohérent puisque l'Etat qui a été le sauveteur. D'autres veulent créer des fonds spécifiques d'assurance. À ce moment, ils vont demander aux banques de faire une cotisation, payer une prime d'assurance… Mais taxer individuellement les transactions me semble loin de la logique. Lors de sa visite en Chine récemment, le ministre de l'Economie a averti d'une guerre commerciale internationale. Est-t-il possible? C'est une guerre de taux de change plutôt qu'une guerre commerciale. On a déjà eu ça à cause à l'époque de change monétique où les pays procédaient à des évaluations consécutives. Voilà, aujourd'hui le change est devenu variable, ce qui n'est pas le cas pour la Chine qui régule son taux de change appelé change flottant. Les Etats-Unis cherchent donc à déprécier leur monnaie pour réduire les dépenses de la valeur des transactions courantes. Les Américains veulent que le Yuan s'apprécie parce qu'entre ces deux pays existe les plus gros déséquilibres courants. Pour l'Europe, ce n'est pas pareil. L'euro ne se réévalue pas trop. Chacun veut voir sa monnaie se déprécier pour pouvoir entrer dans un cercle de dépréciation compétitive. Ça vaut encore une efficacité zéro. Les taux de change n'auront plus le même contenu informationnel dans les stratégies et dans la prise des décisions. Qui ne signale plus ne fonctionne plus, ce qui est dangereux. Il paraît que la Chine n'est pas prête à réévaluer son Yuan. Quel sera l'effet d'une telle politique sur les marchés occidentaux? Les Chinois négligent tout un secteur de l'économie. Tout est fabriqué en Chine. Les Chinois n'ont qu'à exporter. C'est-à-dire que les consommateurs dans les pays occidentaux ne savent pas consommer. Donc on ne peut pas mettre des sanctions arbitrairement. L'excédent commercial de la Chine arrange bien les Américains puisque c'est comme ça qu'ils financent leur déficit budgétaire. Il y a le discours officiel et puis il y a ce qui se passe en réalité. Les Chinois financent donc le déficit budgétaire américain. Avant, c'étaient les Japonais. On se souvient lorsqu'on disait si les Japonais arrêtent de financer les Américains qu'est ce qui va se passer? En fait, les Japonais n'avaient pas arrêté parce qu'ils avaient un stock d'aides tellement important qu'ils ne pouvaient pas le vendre et ils avaient en plus un problème de liquidité. Par conséquent, cela avait déprécié le dollar et les Japonais ont beaucoup perdu dans cette opération. Les pays émergents subiront-t-ils les retombées des déséquilibres globaux ? Ce qui est très dangereux pour les pays émergents est la bulle qui est en train de paraître avec les investissements massifs de pays occidentaux dans les pays émergents. La taille de marché financier des pays émergent n'est pas assez importante. Le moindre évènement qui va déclencher une méfiance (qui s'est produite d'ailleurs pendant la crise 1997-1998), entraînera un retrait massif des investisseurs occidentaux, ce qui va déséquilibrer totalement les économies des pays émergents. Les Occidentaux ne cherchent que le rendement. Avec un cours des actions qui ne vaut pas beaucoup et des taux qui sont extrêmement faibles, on doit chercher ce rendement dans les pays émergents. Revenons à votre article. Vous avez posé la question suivante: «Quel est le type de modèle bancaire optimal?» avez-vous trouvé la réponse? Si j'avais la réponse, je l'aurais déjà écrit. Ce n'est pas utopique. Il faut juste continuer à travailler et à réfléchir parce qu'il y a des arguments en faveur de la bande universelle diversifiée. Il faut amorcer le choc.