A l'occasion du 21e anniversaire du Changement, « L'Expert » entame une série d'articles qui illustrent les grandes réalisations et performances de notre pays dans le domaine de l'économie, au cours de la dernière année. Une année charnière sur le plan économique, et ce, pour plusieurs raisons. Une année qui est également tout l'âge de votre premier quotidien économique en Tunisie dont le lancement était un pari sur l'accroissement remarquable de la dynamique économique dans notre pays, et dont le succès n'est que le reflet du rayonnement de l'économie nationale et le fruit de la chère confiance de son lectorat. En effet, la Tunisie a réalisé en 2007 un taux de croissance de 6.3% en termes réels contre 5.5% en 2006 tout en préservant les équilibres financiers intérieurs et extérieurs, ce qui a permis, entre autres, d'améliorer le revenu par habitant pour atteindre 4.400 dinars. Notre pays est parvenu aussi à inaugurer l'échéance fort importante du 1er janvier 2008, date de l'entrée en vigueur de la zone de libre-échange industriel avec l'Union européenne, avec une économie remise à niveau et compétitive, des agrégats macro-économiques bien orientés et des politiques saines et bien étudiées. Il est désormais certain que l'industrie tunisienne a résisté à son plus grand choc, celui du démantèlement de l'accord multifibre en 2005. De plus, au fil des deux dernières années, l'économie tunisienne est entrain d'enregistrer une nouvelle performance en amortissant somptueusement l'impact de ce qui est un véritable ouragan financier planétaire.
La réussite de l'approche économique de la Tunisie tient, en premier lieu, à une politique macro-économique extrêmement équilibrée (I). Pour leur part, les différents secteurs et branches de l'économie nationale racontent, par les chiffres, le succès tunisien. Il en est ainsi du secteur agricole (II), de l'industrie et des services (III), de l'énergie (IV) et d'un autre champ qui occupe, certes, une place de choix en Tunisie, à savoir le capital humain (V). V- Le capital humain
Véritable richesse de notre pays, les différents aspects inhérents à la qualification et à la formation des ressources humaines, en général, bénéficient d'un intérêt particulier en Tunisie.
Formation professionnelle
La formation professionnelle peut être initiale ou continue. La première, qui vise à dispenser les connaissances nécessaires à l'exercice d'un métier ou d'une profession, prépare à l'intégration dans la vie active et comprend la formation dans les établissements de formation professionnelle, la formation par alternance, l'apprentissage professionnel et la formation à distance. La formation professionnelle continue vise, quant à elle, à adapter la main-d'oeuvre à l'évolution des technologies et des professions, à faire acquérir de nouvelles compétences et à assurer la promotion professionnelle et sociale des agents. En Tunisie, la formation initiale comprend trois niveaux de qualification : le certificat d'aptitude professionnelle (CAP) accessible aux candidats âgés de 16 ans qui ont accompli avec succès l'enseignement de base,le brevet de technicien professionnel (BTP) accessible aux titulaires du CAP ou aux lycéens ayant suivi avec succès la deuxième année de l'enseignement secondaire et le brevet de technicien supérieur (BTS), ouvert aux titulaires d'un BTP ou d'un baccalauréat obtenu dans une spécialité compatible avec la filière choisie.
Le système comporte essentiellement quatre types d'établissements : les institutions privées, qui assurent principalement la formation dans le secteur des services et représentent environ 45% de la capacité totale de formation du pays, le réseau des instituts techniques sous tutelle du ministère de l'Enseignement supérieur qui représentent 22% de la capacité totale, les programmes de formation professionnelle gérés par les ministères de l'Agriculture, de la Santé et du Tourisme, représentant 15% de la capacité totale, et le réseau national des centres de formation, géré actuellement par le ministère de l'Education et de la Formation, qui assure 18% de la capacité totale de formation du pays, surtout dans le domaine industriel. Au cours de l'année 2006-2007, 34 nouveaux centres ont été créés et 48 ont été restructurés pour une offre de formation équivalente à 64 000 postes (contre 36 000) en 2003, et à 164 programmes. En 2007, la Tunisie disposait de pas moins de 343 centres de formation professionnelle homologués et de 133 centres privés.
Le nombre des diplômés de la formation homologuée est passé de 15 000 en 2001 à 27 500 en 2005 puis à 31 000 en 2006. En comparaison, la même année, environ 10 000 étudiants ont obtenu leur diplôme dans une institution privée. Les femmes représentaient 39.4% des effectifs de la formation professionnelle en 2005, contre 54.8% en 2000, car elles se dirigent de plus en plus vers l'enseignement supérieur.
Dans le domaine de la formation continue, le Programme national de formation continue (Pronafoc) a été introduit en 1996 au sein des petites et moyennes entreprises (PME) de moins de 100 salariés permanents. Il vise à aider les entreprises non seulement à acquérir les qualifications nécessaires pour une bonne application des méthodes de production, l'introduction de technologies nouvelles, l'amélioration de la qualité de la production et de l'entretien de l'équipement, mais également à améliorer leurs méthodes de gestion. Les secteurs prioritaires sont ceux du textile, de l'habillement, du cuir et chaussures, de l'industrie électrique et mécanique, de l'agro-industrie, de la construction et de la céramique et du verre. La formation du Pronafoc peut être suivie dans l'entreprise ou dans une autre entreprise, sous forme de cours du soir, d'enseignements à distance ou de cours à 1'étranger. Le Fonds d'insertion et d'adaptation professionnelle vise lui aussi le développement de la formation continue, Il concerne toutes les entreprises privées sans égard à leur taille.
Plus récemment, précisément en janvier 2008, la chambre des députés a adopté un projet de loi sur la formation professionnelle. Les mesures visent l'augmentation de la capacité d'accueil des centres, le renforcement de la formation à la carte dans le cadre du partenariat avec les entreprises et la promotion de l'efficacité de la formation en alternance. Par ailleurs, des passerelles ont été établies entre l'enseignement général et l'enseignement technique pour permettre aux élèves de passer de l'un à l'autre. Le financement des centres publics de formation se fait essentiellement sur le budget de l'Etat. Les droits d'inscription et d'hébergement imposés aux élèves ne représentent que 10% de leur budget global.
En effet, le premier défi de la formation professionnelle est celui de l'augmentation du nombre de personnes qualifiées. La formation professionnelle s'inscrit dans la politique de l'emploi et de la lutte contre le chômage mais une très grande partie des élèves choisissent de poursuivre leur scolarité dans l'enseignement général. Dans le contexte actuel, et afin de satisfaire les besoins en main-d'oeuvre des grands projets d'investissement, 30 spécialités dans le domaine du bâtiment ont été ouvertes et 140 000 postes de formation seront disponibles dans les trois années à venir. Cependant, il faut pouvoir attirer les candidatures spontanées, alors que le choix de la formation professionnelle est, jusqu'à présent, essentiellement dicté par l'échec dans le cursus scolaire secondaire. Un deuxième défi est celui de l'engagement plus important des organisations professionnelles et des entreprises dans le processus de formation pour améliorer la qualité de la formation et mieux l'adapter aux besoins du marché du travail. Un troisième défi est probablement l'adoption d'un nouveau modèle de gestion des centres de formation afin de réduire leur dépendance au budget alloué par l'Etat.
La corrélation des dimensions économique et sociale au service du capital humain
Nul ne peut ignorer la longueur d'avance dont bénéficie la femme tunisienne à l'échelon régional, voire international. Les Tunisiennes représentent 23% des députés contre une moyenne de 8.2% dans le monde arabe, 26% des conseillers municipaux et le tiers des magistrats, mais aussi 58% des étudiants et 60% des diplômés de l'université. D'autre part, le taux de pauvreté est passé de 12.9% en 1980 à 4.2% en 2000 et à 3.8% en 2005. Cette nette amélioration tient à l'indexation de l'objectif de réduction de la pauvreté à la croissance économique. Les transferts sociaux ont ainsi représenté près de 60% du budget de l'Etat et 19% du PIB en 2007, ce qui a permis d'améliorer les conditions matérielles de vie des ménages notamment en milieu rural. La classe moyenne s'élargit chaque année et représentait plus de 81% de la population en 2005.
Les dépenses de santé représentaient 2% du PIB et 8% des dépenses publiques en 2006. Les indicateurs de santé et de sécurité sociale se sont améliorés entre 2006 et 2007 puisque l'espérance de vie à la naissance a augmenté de 73.6 à 73.9 ans et le taux de couverture sociale des employés adhérents aux différents régimes de sécurité sociale est passé de 90.4% à 92%. La mortalité infantile a été ramenée de 21.1 à 18.4 pour 1 000 naissances entre 2006 et 2007 et le nombre d'habitants par médecin est passé de 1043 en 2003 à 968 en 2007. Les taux de vaccination étaient proches de 100% en 2006. En outre, les différents programmes de planning familial engagés depuis les années 1960 ont permis de maîtriser les naissances, le taux étant stationnaire à 17 naissances pour 1 000 habitants depuis 2003. La croissance de la population a ainsi diminué, de 1.08% en 2004 à 1% en 2006. Dans le domaine de l'éducation, le budget représente 7% du PIB depuis 2005. Cet effort a permis de ramener le taux d'analphabétisme de 22.4% en 2003 à 22% en 2007, et le taux net de scolarisation dans le primaire à 100%.