Rached Ghannouchi président parti du Mouvement Ennahdha a affirmé que tous les régimes ont leurs côtés positifs et leurs côtés négatifs, s'indignant qu'on présente le régime parlementaire comme un régime de dictature. Dans une interview publiée par le journal La Presse dans son édition de ce mardi 31 juillet, Rached Ghannouchi a affirmé “qu'on nous donne un seul exemple de régime parlementaire dans le monde qui soit dictatorial!, précisant que les régimes parlementaires correspondent aux plus vieilles démocraties et aux plus stables : les régimes allemand, suédois, espagnol, anglais, turc. Il a balayé d'un revers de la main les arguments faisant état de la crainte qu'un parti domine le pouvoir, affirmant que la situation va changer demain et Si Ennahdha est aujourd'hui un grand parti, il ne le restera pas éternellement. “Si Ennahdha domine le Parlement, ce n'est pas la fin du monde : il ne le fera pas toujours. Il n'y a pas de partis qui soient éternels dans les démocraties”, a-t-il affirmé, soulignant que “par nature, le pouvoir use… Il a un pouvoir d'usure. Par conséquent, pourquoi voulons-nous fixer la réalité constitutionnelle en fonction d'une situation politique qui est changeante ?” Selon lui “le plus grand danger aujourd'hui, ce n'est ni le régime présidentiel, ni le régime parlementaire, c'est le régime qui n'est ni l'un ni l'autre : un régime sans tête ! Le pire, c'est ce régime sans personnalité, sans centre de décision”. Il a souligné que la question qui se pose est de savoir quel est l'intérêt de la Tunisie et quel est le meilleur régime pour le pays?, affirmant qu'a la lumière de l'expérience du pays, l'Etat a été absorbé par le président. “Tout notre malheur nous est venu du régime présidentiel, dans lequel le pouvoir du président est devenu hégémonique”, a-t-il dit. Il a illustré ses propos, en affirmant qu' au cours des derniers mois, le pays a vécu des moments difficiles liés aux tensions entre le président et le chef du gouvernement. Parce que le pouvoir exécutif s'est divisé. “ Le problème a failli encore se poser au sujet de la nomination de Chedli Ayari à la tête de la Banque centrale : le président a pris une décision et les autres parties se sont trouvées devant le fait accompli, soit qu'elles signent soit que la machine s'enraye. Nous avons vu des partis se scinder en raison de cela”, affirmé Ghannouchi signalant qu' Ennahdha a connu elle-même une secousse importante suite à la défense de cette décision. Il a affirmé en guise de conclusion que “notre expérience du régime présidentiel est douloureuse. Et c'est ce qui nous pousse à transférer le pouvoir au parlement. Mais si la majorité des Tunisiens venait à refuser le régime parlementaire, il ne faut pas qu'on se tourne vers un régime présidentiel bicéphale… Il faut se tourner vers le régime présidentiel !”.