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Tunisie : Lecture préliminaire dans les propos de Youssef Chahed
Publié dans Tunisie Numérique le 30 - 09 - 2016

De prime abord, il n'est pas sans motif de remarquer qu'au moins au niveau de la tonalité et de l'engagement, les propos de Youssef Chahed cassent les lignes et rompent, quelque part, avec celui de ses prédécesseurs. Dans son apparition télévisuelle de fond, la première à la nation depuis son investiture, il a tenu un discours nettement plus convaincant, et dont le timbre audacieux et volontaire n'a pas fait défaut. Sa vision de la situation semble plutôt claire, prouvant qu'il en a établi le juste et franc diagnostic, quoi qu'il n'ait surpris personne, mais drapé dans des formulations plus percutantes. Dans ses propositions d'urgence, il a certes pris ses distances par rapport aux solutions classiques, essayant d'être innovateur et créatif, mais l'enveloppe à allouer serait inévitablement d'envergure et peut-être irréalisables compte tenu de l'état piteux des finances publiques.
En tout état de cause, à ce stade, le message délivré est foncièrement rassurant, loin des lieux communs et des sentiers battus. Le nouveau chef de gouvernement, habillé d'une nouvelle tunique de communication, est sorti des canons classiques, imprégnant sa prestation orale télévisuelle d'un langage plus direct et moins démagogique, du moins en première impression. Peu de langue de bois en tout cas. Une nouvelle approche de communication, certes encore à parfaire, mais qui a le mérite d'être sincère, à défaut d'être édifiante. Il est clair que Youssef Chahed a beaucoup appris en la matière de ses prédécesseurs, piètres communicateurs, pour forger son propre style et opposer une toute autre image.
Ceci dit, sur d'autres aspects, et non des moindres, Youssef Chahed a brassé l'air, entérinant, sur certains points de haut intérêt et de grand enjeu, un constat unanimement et antérieurement dressé, rappelant, en quelque sorte, le discours d'investiture de Habib Essid. L'idée qu'il a élevée au rang de stratégie d'articuler le nouveau modèle de développement sur deux piliers, à savoir, l'investissement et l'initiative privée, reste vague et tronquée. Et quand bien même la pertinence des mesures qu'il a préconisées, dans ce cadre, rien n'est précisé au sujet de leur financement et de ses sources. D'ailleurs ce manque de précision concerne l'ensemble des mesures urgentes que Youssef Chahed a annoncées. Comment et d'où financer la batterie de projets mis en perspective ?!
Le même type d'interrogations prévaut s'agissant de la lutte contre la contrebande, le marché parallèle, l'évasion fiscale et la corruption : Avec quels moyens et par le biais de quels mécanismes ? Jusqu'ici tous les gouvernements s'en sont cassé les dents tant les chantiers sont complexes et ardus, sans compter la complaisance sinon la complicité entre le politique et la fraude. Il est bien établi que l'argent sale et les prédateurs de l'économie nationale ont corrompu la sphère politique, jusqu'ici dans l'impunité la plus criarde. Une collusion qui a encore parait-il la peau dure et reste irrépréhensible malgré ses effets adverses sur le budget de l'Etat et ses atteintes répétées à l'intérêt national.
Dans le même ordre d'idées, Youssef Chahed réussirait-il là où ses prédécesseurs, ayant pourtant placé la lutte contre la contrebande, le marché parallèle, l'évasion fiscale et la corruption au premier rang de leur ordre de priorités, s'étaient lourdement plantés ?! Le doute est permis dans la mesure où le niveau de ces calamités est pire qu'avant. Renverser la tendance ne serait guère une sinécure, à moins d'une farouche volonté dont Youssef Chahed a certes fait montre dans ses propos mais la réalité n'est pas réversible par des professions de foi et des promesses d'intentions aussi louables et engagées qu'elles soient. On ne gouverne pas avec la bonne parole et la bonne foi, n'importe qui en est capable ! C'est bien beau d'assener que « la prison est l'unique place des corrompus« , toujours est-il qu'il est question d'abord de les identifier, les choper puis les juger d'une manière juste, transparente et équitable. Pour la contrebande et les marchés parallèles, il ne s'agit pas de constats ou de vœux pieux mais de mettre en place des outils suffisamment attractifs et incitatifs pour persuader les auteurs d'intégrer l'appareil économique et se comporter en citoyens.
Le train des mesures d'urgence dont Youssef Chahed a ponctué ses propos fait la part belle à nombre de domaines aussi précaires que stratégiques : Piètre état de l'infrastructure routière, la difficulté à accéder à un logement décent pour la classe moyenne, l'insalubrité des villes et des espaces publics, l'irrégularité de l'approvisionnement en eau potable dont souffre notamment certaines régions de la Tunisie profonde, le chômage galopant surtout pour les détenteurs de diplômes universitaires, l'inégalité et la fraude fiscales, l'accès compliqué au micro-finance. Tout autant de défaillances sur lesquelles l'équipe gouvernementale planche et définit des alternatives de rectification sinon de réforme. Cependant, il revient à Youssef Chahed de s'en donner les moyens pour pouvoir joindre l'acte (impérativement concret) à la parole (forcément virtuelle) et vraiment dissuader, par la force de la loi et la mobilisation de tous les acteurs, les pilleurs de la Tunisie et les fossoyeurs de son développement.
Au moins, sur deux propositions, Youssef Chahed risquerait de soulever la controverse, voire même la levée de bouclier des catégories concernées :
Par ailleurs, trois questions se posent avec insistance :
1- Est-ce à dessein que Youssef Chahed ait évité de trop citer le président de la république ? Le cas échéant, il s'agirait vraisemblablement d'un message, à l'endroit des tunisiens, selon lequel il ne serait pas disposé à être sous la coupe de Carthage et qu'il prendrait ses décisions et ses responsabilités, en son âme et conscience, en toute indépendance, en vertu des attributions que lui accorde la Constitution. Le message, s'il en est vraiment un, serait-il également adressé au Chef de l'Etat lui-même pour l'avertir qu'il n'accepterait aucun empiètement dans son mandat et sa mission et aucune interférence dans son champ de compétence ?!
2- Sur un plan strictement politique, il est largement admis, au sein de l'opinion publique, que l'échec du gouvernement Habib Essid est imputable, entre autres, au manque de soutien politique de la part des partis composant sa coalition gouvernementale. Est-ce que Youssef Chahed et son équipe pourraient-ils bénéficier d'un bouclier politique suffisamment large, solide et permanent ?! Dans cette occurrence, il aurait grand intérêt à ne pas prendre les rênes de l'instance dirigeante de Nida Tounes et à ne pas donner suite aux appels lancés ci et là. Sinon il serait dans une position fragile et il n'est pas exclu que les autres parties de la coalition gouvernementale ne soient pas dans cette logique de soutien inconditionnel.
3- Aussi, peut-on s'interroger sur le timing de cette interview, accordée en pleine crise de Nida Tounes, crise qui a forcément des retombées négatives sur la marche de l'équipe gouvernementale et qui est en mesure de lui transvaser son onde de choc. A moins que Youssef Chahed soit sûr de son planning de communication et ait bien calculé son coup en donnant l'interview en connaissance de cause et l'estimant dans le bon tempo.
En conclusion, Youssef Chahed a tenté de sortir ses propos de l'ornière, de passer un message aussi franc que fructueux et d'assortir sa première parution d'une forme de communication à la fois inédite et concluante. A-t-il réussi son coup ?! Toujours est-il que ses propos comportent quelques zones d'ombre et autres brèches de tension qu'il aura à s'en justifier et à trouver la formule idoine pour en réparer les éventuelles retombées.


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