La sortie médiatique du chef du gouvernement d'union nationale , Youssef Chahed, dimanche soir sur les chaînes de télévision Al Wataniya 1 et El Hiwar Ettounsi était très attendue par les Tunisiens dont la majorité est restée rivée sur le petit écran dans l'attente de recevoir des réponses à leurs interrogations et inquiétudes. En effet le pays est secoué depuis plusieurs semaines par des manifestations dans plusieurs régions pour réclamer le développement régional et des emplois. Un avis mitigé Pour cela, les téléspectateurs attendaient que le Chef du gouvernement s'exprime notamment sur ces manifestations, la situation actuelle et les perspectives de l'avenir ainsi que les solutions que son gouvernement compte proposer pour sortir de cette spirale de protestation. Mais au bout du compte, les Tunisiens sont restés sur leur faim et l'appréciation de la prestation et du message de Youssef Chahed a été diversement interprétée notamment au niveau des réseaux sociaux. Si certains ont estimé qu'il a dressé un tableau exhaustif de la situation et des capacités réels du pays à la lumière de la conjoncture économique qui est difficile, d'autres ont affirmé qu'il n'a pas été à la hauteur des attenantes ne trouvant pas les mots justes et adéquats pour apaiser les tensions. Plusieurs ont jugé que le chef du gouvernement n'a pas été assez pédagogue dans ses explications afin de convaincre davantage le public.. Concernant les mouvements de protestation, il a rejeté la responsabilité aux gouvernement précédents qu'il accuse d'avoir, sous les pressions, fait des promesses irréalisables. Il a, à cet effet, affirmé que les protestataires de Tataouine n'ont pas formulé de nouvelles revendications mais que toutes les demandes tournaient autour de l'activation des mesures antérieures prises par les précédents gouvernements. Concernant les promesses faites dans le plan de développement, le chef du gouvernement a dévoilé que les régions ont réclamé 75 mille millions de dinars alors que l'Etat n'est en mesure de financer ce plan qu'à hauteur de 45 mille millions de dinars. Mesures d'urgence contre le chômage Youssef Chahed a rappelé aussi que dès sa prise de fonction il y a 7 mois, il a été très clair avec les Tunisiens en leur expliquant que la situation économique du pays était difficile et que cela demanderait du temps pour y remédier. Ainsi , il a affirmé que le chômage était endémique avec 620.000 demandeurs d'emplois dont 230.000 diplômé-chômeurs. Toutefois , il a précisé avoir veillé à prendre des mesures d'urgence afin d'alléger les souffrances des Tunisiens notamment au niveau du chômage, citant deux décisions phares , à savoir le "contrat Karama" (contrat dignité) qui consiste à traiter les cas de chômage de longue durée et un fonds pour micro-crédits. Le contrat de travail "Karama" vise à assurer un salaire de 600 dinars composés de 400 dinars rétrocédés par l'Etat et 200 dinars payés par l'employeur . Le contrat concerne ceux qui sont enregistrés dans les bureaux de travail avec au moins deux ans de chômage. La seconde décision visant à réduire le chômage est la mise en place d'un fonds de micro-crédit de 250.000.000 de dinars destiné à accorder des prêts pour la création de petits et moyens projets. La croissance économique En outre, le chef du gouvernement a affirmé que sa seconde tâche a été de remettre sur les rails l'économie ce qu'il estime avoir réussi. Selon lui la triptyque, de la reprise du secteur du tourisme, des exportations et des investissements, constituent le gage de la reprise économique Il a , à ce sujet , évoqué la reprise du secteur du tourisme qui table sur 6,5 millions de touristes en 2017 soit une augmentation de 30%, de l'exportation du phosphate, et de l'investissement ce qui a permis de tabler sur un taux de croissance de 2,5 % pour 2017 alors que les projections de la Banque mondiale prédisent un taux de 3%. Selon lui, seule la hausse du taux de croissance est à même de favoriser la création de richesses et par conséquent , les emplois, signalant qu'un point de croissance équivaut à la création de 15.000 nouveaux emplois. Youssef Chahed a également évoqué le Fond Monétaire Internationale (FMI) qui pose des conditions pour le versement d'un prêt, à savoir , la réalisation de réformes notamment au niveau des Caisses de sécurité sociale et des Banques publiques. Il a fait part de son optimisme quant à l'octroi par le FMI de ce prêt, soulignant qu'un comité tripartite regroupant le gouvernement l'UTICA et l'UGTT , s'est réuni pour présenter en juin un projet sur la réforme de ces institutions. Le chef du gouvernement a évoqué aussi le transfert à l'ARP du projet relatif à la retraite anticipée dans la fonction publique. La corruption Evoquant la corruption, Youssef Chahed, a affirmé que jamais un gouvernement ne s'est autant investi dans ce dossier, signalant l'adoption de la loi de protection des dénonciateurs de cas de corruption, la création de l'Instance de lutte contre la corruption ainsi que des moyens conséquents qui ont été accordés à institution. Seul, le volet relatif à la justification de l'origine des richesses n'a pas encore été adopté, a-t-il indiqué. Il a affirmé que la lute contre la corruption est un combat de longue haleine, soulignant le recrutement de 500 juges et la création de 12 tribunaux administratifs dans les régions. Youssef Chahed a aussi dévoilé l'existence de la corruption à tous les niveaux de l'administration publique du pays. L'autoflagellation Le chef du gouvernement a déploré le discours adopté par la classe politique dans le pays, affirmant toutefois, que les partis politiques sont tous en voie de construction et certains n'ont pas parachevé la création de leurs instances. Il a pointé du doigt le langage "d'autoflagellation", un mot qui est revenu sans cesse lors de son intervention comme un leitmotiv, reprochant aux parti politiques et aux organisations de la société civile le manque d'engagement sur le terrain pour effectuer un travail de vulgarisation et de promiscuité auprès des citoyens. Selon lui, ils doivent expliquer la situation du pays et les défis auxquels fait face le gouvernement Chahed a affirmé, qu'il ne s'agit pas d'un problème concernant uniquement le gouvernement, assurant que cela nécessite l'implication de tout le monde car c'est de l'intérêt du pays. Le chef du gouvernement a reconnu l'existence de certaines "parties" qu'il n'a pas nommées, les accusant de monter sur la vague pour attiser les tensions, affirmant qu'elles trouvent leur compte dans le climat de chaos.