Plus d'une ne semaine après la signature en grande pompe de la Déclaration de Paris par le président du Conseil présidentiel libyen, Fayez al-Sarraj et le chef des forces armées libyennes , Khalifa Haftar, aucun progrès n'a été enregistré sur la voie de la paix en Libye. Suscitant un grand espoir aussi bien en Libye qu'à extérieur , cette déclaration énonce une feuille de route portant sur l'organisation d'élections générales d"ici le mois de mars 2018, un cessez-le feu et un certains nombre d'autres principes relatifs à la réconciliation nationale et la construction d'un Etat civil fondé sur des institutions démocratiques assurant l'alternance au pouvoir. Au contraire c'est le statut quo ante! Pas même de signes de bonne intention ni d'effet sur l'état global dans le pays. La situation s'est envenimée après les déclarations faites par les deux principaux protagonistes en Libye qui se sont accusés et invectivés par médias interposés, compromettant ainsi les chances de parvenir rapidement à la paix. Le président du Conseil présidentiel libyen, Fayez al-Sarraj, a qualifié l'intention du maréchal Khalifa Haftar de faire marcher ses troupes sur Tripoli, d'acte "inopportun et risqué" alors que Haftar s'est gaussé du titre de commandant suprême des forces armés dont s'est affublé, al-Sarraj. Il a souligné qu'il ne reconnaissait qu'un seule légitimité, celle du Parlement libyen basé à l'Est de Libye. D'ailleurs ces déclarations ont été largement relayées par la presse alimentant les rumeurs enflées par les partisans des uns et des autres, au point d'augmenter le hiatus qui sépare les deux camps. Un accord de pur forme Nombreux sont ceux qui ont critiqué la précipitation avec laquelle l'accord a été signé par Haftar et al-Sarraj, affirmant qu'il s'agit d'une opération de communication orchestrée par le président français Emmanuel Macron qui veut marquer des points sur la scène internationale. Pour eux , le cessez-le feu déclaré est purement imaginaire étant donné qu'il n'existe pas de confrontation directe entre les forces de Haftar et celles du Conseil présidentiel. En outre l'accord souligne que le cesse-le-feu ne concerne pas les actes de lutte contre le terrorisme que les troupes de Haftar déclarent combattre. Rien dans les 12 points de cet accord ne comportent des clauses contraignantes pour les deux parties ce qui le rend essentiellement théorique sur des principaux généraux. Rivalités régionales L'initiative du président Emmanuel Macron, a suscité les jalousie au niveau des pays européens notamment l'Italie, ancienne puissance coloniale de la Libye qui estime que la France a empiété sur sa chasse gardée. L'Italie possède d'importants investissements dans le secteur des hydrocarbures en Libye et représente le premier partenaire économique de Tripoli. Rome est très impliqué dans la situation intérieure en Libye qui constitue la principale source de départ des milliers d'immigrés qui envahissent les côtés italiennes. Par ailleurs, des rivalités opposent aussi les pays de la région qui exercent une grande influence sur les protagonistes en Libye. Ainsi , l'Egypte, l'Algérie, le Soudan, le Qatar et les Emirats arabes unis unis sont profondément impliqués dans le conflit libyen et soutiennent certains belligérants. La Tunisie quant à elle, a clairement réitéré par le biais du président Béji Caid Essebsi que Tunis n'avait pas d'agendas particuliers en Libye à part que celui d'aider le peuple libyen à sortir de son épreuve et de retrouver sa stabilité. C'est dans ce cadre que s'inscrit l'initiative de Essebsi de réunir les protagonistes libyens pour discuter directement entre eux sans intermédiaires ni interventions étrangères. Adoptée par l'Algérie et l'Egypte , cette initiative n'a pas encore réussi depuis son lancement il y a plusieurs mois à réunir les Libyens. Haftar soutenu par l'Egypte et les Emirats arabes unis, rechigne jusqu'à présent à faire le déplacement à Tunis en dépit des multiples invitations qui lui ont été adressées. Une action internationale concertée Pour trouver une solution à l'énigme libyenne , il est nécessaire qu'une action concertée soit entreprises au niveau internationale et ayant pour cadre le Conseil de sécurité des Nations unies. L'accord de Paris est en lui même une initiative louable et contient les germes d'une solution négociée en Libye. mais il doit être adopté par le Conseil de sécurité et en faire un texte contraignant pour toutes les parties impliquées avec à la clé des sanctions ciblées et personnalisées. L'Italie et la France au lieu de se concurrencer sur le dossier libyen doivent agir de concert pour faire aboutir une résolution onusienne d'autant plus que la France est membre permanent du Conseil de sécurité. D'ailleurs, Emmanuel Macron a exprimé cette possibilité , il doit œuvrer à la faire aboutir. Un Libye livrée au chaos , est une danger non seulement pour ses voisins immédiats mais aussi pour les pays européens et le monde entier. La communauté internationale doit agir rapidement car laisser traîner le conflit libyen , c'est risquer d'avoir une deuxième Somalie en Afrique du Nord et en Méditerranée à quelques vols d'oiseau des plages de pays européens.