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Tunisie-Elections de la Constituante: Des élections exemplaires ?
Publié dans Tunisie Numérique le 13 - 11 - 2011

Il est de bon ton et politiquement correcte d'affirmer que : « le peuple tunisien a voté et a fait preuve d'une grande maturité qui lui a valu l'admiration du monde entier. Les élections ont été honnêtes transparentes, équitables et démocratiques selon l'avis de tous les observateurs nationaux et internationaux qui en ont supervisé le déroulement, en effet tout le monde a apprécié le stoïcisme des Tunisiens, restant dans les files, sans râler, pendant plus de deux à trois heures avant de déposer leurs bulletins dans les urnes ! Démentant ainsi les appréhensions de ceux qui avaient peur et craignaient des incidents et des troubles qui en empêcheraient le bon déroulement, même les incidents et dépassements qu'il y eut, demeurent insignifiants et ne sont pas de nature à en modifier les résultats».
Et tout le monde y va de son couplet de remerciements envers « le peuple tunisien, les partis pour leur campagne électorale exemplaire de civisme et de responsabilité, envers le gouvernement de transition qui n'a ménagé aucun effort pour faire réussir cette expérience, sans oublier l'ISIE qui a été le maître d'œuvre de cette élection réussie, un vrai chef d'œuvre, et enfin notre glorieuse armée et les forces de sécurité intérieure qui se sont tellement dévoués pour s'assurer que toutes les phases de ce processus se déroulent en toute sécurité et permettre aux tunisiens de vivre pour la première fois des élections démocratiques »
Oui mais ...des dépassements il y en a eu, et ce n'est pas contester les résultats des élections que de les dénoncer, certains sont mineurs qu'on taira mais certains sont graves et qu'il faut dénoncer pour qu'ils ne soient pas banalisés et passeraient ainsi dans les habitudes :
L'intrusion de l'argent puant les pétro dollars venant de Londres et/ou d'orient, ne semblait gêner personne. Tout le monde, gouvernement de transition, Commission B.Achour , ISIE, tous faisaient mine d'être occupés par des affaires plus importantes et regardaient ailleurs ! aucune réglementation ni contrôle sérieux n'ont été fait pour connaitre l'origine des financements des partis alors que des sommes colossales étaient dépensées par certains partis ! le premier voyage de R .Ghannouchi, après les élections, au Qatar, sonne comme un aveu, était ce pour remercier ou pour demander la feuille de route pour les étapes suivantes ?
Les mosquées n'ont pas été tenues à l'écart de la politique, malgré les promesses, au contraire, elles ont été un amplificateur particulièrement puissant au parti de Rached Ghanouchi, comme la télévision El Moustakella l'a été pour Al Aridha, tout cela sans que les autorités tunisiennes provisoires ne soient capables d'y mettre le ho là et de garantir la neutralité des lieux de culte malgré la promesse faite par tous les partis de maintenir la politique en dehors des mosquées, nombre d'imams , lors de leurs prêches, ont appelé à voter pour le parti de l'Islam, sous entendant que les autres partis sont contre l'Islam, sans qu'ils ne soient rappelés à plus de retenue
Aux promesses démagogiques et populistes tenues notamment, dans les quartiers populaires et à l'intérieur du pays en direction d'une population marginalisée et paupérisée par l'ancien régime et frappée de plein fouet par la crise économique que traverse le pays depuis la révolution, des cadeaux et de l'argent a été offert même le jour des élections ! C'est ainsi qu'Al Aridha a promis la couverture santé universelle, deux cents Dinars à chaque chômeur, transport gratuit pour les plus de cinquante ans,...), certains ont même promis le mouton de l'Aïd après avoir marié gratuitement des dizaines d'autres et ont été jusqu'à promettre de trouver une solution aux femmes de quarante ans non encore mariées ! et tous de promettre que demain on rase gratis !
Mobilisation et transport des non-inscrits avec consigne de vote le jour même du scrutin, noyautage des bureaux de votes, distribution d'argent. A l'intérieur du pays et dans certains quartiers populaires, El Nahdha, aurait mobilisé des voitures de transport rural avec distribution à chaque votant d'un paquet pique nique (bouteille d'eau, casse croute et billet de 30 dinars sans oublier l'autocollant du parti pour aider les analphabètes à bien voter) !
Est-ce la peur des débordements et des réactions violentes qui ont motivé cette discrétion et ce mutisme envers le non respect de la loi et le rétablissement des listes d'El Aridha après leur annulation ?
LES RESULTATS DES ELECTIONS
Incontestablement le parti Ennahdha est sorti vainqueur de ces élections, cette victoire est sans appel ! Puisqu'il a remporté 41% des sièges soit 89 élus sur 217 sièges que comptera la nouvelle assemblée
Les partis progressistes ou modernistes et surtout la gauche ont été les grands perdants de ce suffrage.
La plus grande surprise c'est Al Aridha qui l'a réalisée, inconnue jusqu'à la veille du scrutin, avec 12% et 26 élus elle se classe troisième talonnant le CPR qui totalise 29 élus !
Autre surprise, ce mode de scrutin qu'on disait favorable aux petites formations et permettrait une assemblée mosaïque a en fait éliminé presque la quasi-totalité des listes indépendantes, elles étaient près de 1500, et de ce fait 1500 000 voix, presque autant qu'Ennahdha, n'ont eu aucun élu ! Et l'on se retrouve donc avec une assemblée presque monocolore (en incluant le PCR lequel aurait conclu un accord électoral secret avec le parti Ennahdha, celui ci l'aurait aidé à avoir des listes dans toutes les circonscriptions et aurait même appelé ses militants à voter pour lui, une fois le plein assuré !
Mais analysons les résultats d'un peu plus près, et quitte encore à être un rabat joie, ce ne sont pas 80% ou 90% des électeurs qui ont participé au vote mais seulement la moitié (3,7 millions) des tunisiens en âge de voter (7,6 millions) et ce malgré l'autorisation de voter accordée aux non inscrits. C'est donc près de la moitié des tunisiens qui n'a pas voté ! Il appartiendra aux partis de savoir : qui ils sont et pourquoi ils n'ont pas voté.
Le système électoral a joué le rôle « de concentrateur » des sièges attribués au parti ayant ramassé le plus grand nombre de voix, au lieu de « diluant » comme annoncé par la Commission B.Achour, en effet comment expliquer que dans plusieurs circonscriptions Ennahdha arrivée en tête rafle la mise (elle obtient proportionnellement plus de sièges qu'elle n'a obtenu de voix) à Monastir, par exemple, avec 20% des voix Ennahdha obtient 33% des sièges cela se vérifie aussi globalement en effet avec 37% des voix exprimées Ennahdha obtient 41% des sièges.
Ennahdha a donc profité de l'éparpillement des voix sur les listes indépendantes et les petits partis sans base qui n'ont pu faire élire que 5 députés avec 50% des voix, quel gâchis ! Alors que ce ratio est entre 50 et 60% pour Ennahdha. Par ailleurs les voix n'ont pas partout le même poids, il fallait trois fois plus de voix pour avoir un siège à Tunis qu'à Médenine par exemple (10.000 voix à Médenine contre 30.000 environ à Tunis2), ce fait est encore aggravé par le système des plus forts restes, certains sièges ont été obtenus grâce à uniquement 2.000 voix (le CPR à Sidi Bouzid et le PDP à Médenine.) Cela pose donc également un problème de la représentativité de cette assemblée.
Ennahdha avec seulement 20% des voix des personnes en âge de voter obtient 41% des sièges et prétend imposer sa loi aux autres partis ( elle s'est attribuée, avant même l'annonce officielle des résultats et sans négociation avec aucun de « ses partenaires » le poste de premier ministre et d'autre postes clé c'est ainsi que le ministère des affaires étrangères irait à Dilou... et elle a choisi également les partis avec lesquels elle veut gouverner, ceux-ci se sont précipités comme un seul homme ! prétendant qu'ils ne reniaient absolument pas leurs programmes ni ne trahissaient leurs électeurs, et que c'était dans l'intérêt supérieur du pays et pas du tout pour avoir un strapontin ! Ah que la soupe est bonne !
LES RAISONS DE LA VICTOIRE ET DE L'ECHEC
Ennahdha est le seul avec peut être et à un degré moindre le PDP à avoir des racines anciennes, il a su garder ses structures opérationnelles malgré la persécution, structures qu'il a pu mobiliser rapidement, il a su capitaliser sur son passé de parti le plus persécuté par l'ancien régime, et donc le plus légitime à prendre la relève, il a également capitaliser sur le fait que c'est un parti islamique et que ses militants ayant connu les prisons et craignant dieu, ils ne voleront pas le peuple, ne mentiront pas au peuple et réaliseront ce qu'ils ont promis, ce discours s'adressant aux masses marginalisées et paupérisées de l'intérieur du pays et des quartiers populaires a plu !
Ennahdha s'adressant à une population en désespérance sociale, a su lui tenir le discours qu'elle attendait, elle lui a fait les promesses qu'elle espérait (l'emploi : création de 120.000 emploi net/an, croissance annuelle de 7%, la lutte contre la vie chère, la lutte contre la corruption...) et en lui précisant que eux, les nahdhaouis, sont des musulmans, contrairement aux autres, qu'ils craignent Dieu et donc tiendront parole. Combien de fois n'ai-je entendu comme justification au choix d'Ennahdha « eux au moins ils ne nous mentiront pas et ne nous voleront, parce qu'ils craignent Dieu ! »
Ennahdha a également profité de l'opacité et du manque de visibilité du paysage politique, plus de 115 partis ,1500 listes et qui pour la plupart, sont de création récente et n'ont pas encore, de ce fait, pour la grande majorité d'entr'eux d'implantations régionales et demeurent donc inconnus de l'électeur, d'autant plus que ce nombre pléthorique de listes et de partis n'a pas facilité la tâche aux média et leurs voix sont restés inaudibles aux électeurs, ceux-ci dans ce brouillard et cette opacité ont opté pour le parti le plus médiatisé et qu'ils connaissent le plus :Ennahdha
Ennahdha, s'est aussi empressée de mobiliser dans les quartiers populaires et l'intérieur du pays, alors que les autres partis menaient des campagnes dans les grandes villes côtières pour se faire connaitre. Ennahdha grâce à son ancienneté et son implantation dans toutes les régions du pays, les mosquées lui servant souvent de relai, avait de ce fait plusieurs longueurs d'avance sur les autres partis.
Ennahdha, n'a par ailleurs pas eu de scrupules à tenir un discours, à faire des promesses, souvent démagogiques ou qu'elle savait difficilement tenables (trouver des emplois aux chômeurs des maris , aux femmes de quarante ans restées célibataires, transport gratuitaux plus de cinquante ans ...) et à entreprendre des actions populistes et très médiatisées ( des mariages collectifs à la cité Ettadhamen, des dons de colis dans les douars de l'ouest du pays en promettant qu'ils auront plus après les élections si elle gagne !) Aidée en cela par des moyens financiers importants qu'Allah et Ghanouchi seuls en connaissent l'origine.
Les islamistes ont tendu un piège aux autres partis, ils les ont attiré sur leur terrain et ce sont eux qui leur ont fixé les thèmes de la campagne (l'identité, la religion...), les démocrates sont tombés dedans et se sont contentés souvent de se positionner par rapport à ces thèmes. Ennahdha , avait le beau rôle, leur discours sur ces thèmes est rôdé, les autres partis étaient sur la défensive et sommés de se justifier, Ennahdha apparaissant comme le parti de l'islam et le rempart contre les autres partis qui apparaissaient/ou elle les faisait apparaitre, comme des anti islam.
Il aurait fallu que les autres partis s'approprient le débat identitaire, pour l'évacuer, Ennahdha n'ayant pas le monopole de la foi et le Tunisien n'a pas de problème d'identité et ainsi amener le débat sur les vrais problèmes qui intéressent les électeurs, sur les problèmes socio économiques (l'emploi, les inégalités régionales, l'éducation...) qui dévoilera le vrai visage d' Ennahdha et fera ressortir ses insuffisances manifestes, Ennahdha apparaitra alors comme il est réellement un parti conservateur d'extrême droite, n'ayant ni doctrine ni programme économique en dehors de l'ultra libéralisme et des slogans populistes ( gratuité des soins, lutte contre la spéculation et la corruption ) d'ailleurs qui connait ce « programme » de 365 points balancé quelques jours avant le 23 octobre ?
Ennahdha a compris, avant les autres partis, l'importance, pour les élections, des structures transitoires mises en place, au lendemain de la révolution telles que les Comités B.Achour, et A. Amor, les différentes structures professionnelles et humanitaires (ligue des droits de l'homme, association des magistrats, les différents ordres leurs militants étaient présents même à l'UTICA et à l'UTAP !) et les a infiltrées. Tout le monde se souvient de l'ardeur de ses militants à défendre leurs avis et poussant le jeu de dramatisation tantôt en appelant au boycott ou la menace du recours à la rue, quand les choses ne vont conformément à leurs souhaits !
Les partis que j'appellerai modernistes, par opposition au pole conservateur, pour simplifier(le PDP, le PDM, Ettakatol, Afak et certains partis de gauche...) dont les programmes sont très proches n'ont pas cherché ou pu s'entendre sur une plateforme commune et constituer un front commun face au pôle conservateur.
Chacun voulant connaitre son poids (ou étant confiant dans sa supériorité sur l'autre ?) A voulu se présenter seul devant les électeurs en promettant de se coordonner après les élections, le système électoral aidant cet effritement leur a été fatal, un front commun aurait pu donner plus de visibilité aux électeurs et décider les indécis
La pléthore de listes indépendantes a rajouté à la confusion, plusieurs d'entre elles sont conduites pourtant par des compétences reconnues en matière de droit constitutionnel, et auraient pu contribuer efficacement à l'élaboration de la constitution, ni le pôle des modernistes ni ces personnalités n'ont cherché à s'en rapprocher pour les intégrer dans leurs listes, il en a résulté le gâchis qu'on connait, d'autant plus que l'objet des élections, qui faut il le préciser est l'élaboration d'une nouvelle constitution, semble avoir été oublié par les partis et les électeurs et ceux qui en ont parlé ont été ignorés !
QUELLES PERSPECTIVES ?
D'abord, il me semble important de repréciser que le peuple tunisien a été appelé à élire ses représentants pour que dans un délai maximum d'une année ils élaborent une nouvelle constitution, il n'a pas élu ses représentants pour un nouveau parlement.
Il me semble également utile de rappeler que tous les partis ayant obtenu des sièges à cette assemblée constituante ont signé un engagement sur une feuille de route claire. Alors pourquoi toutes ces discussions sur la nécessité de porter les délais des travaux de la constituante à deux ou trois ans afin de permettre au CPR et à Ennahdha d'appliquer leur programme ! Non messieurs Dilou et Marzouki ce n'est pas le mandat que vous avez reçu, n'anticipons pas, ne vous trompez pas d'élection !
Les urnes ont révélé leur secret Ennahdha avec 89 sièges (41%) est sorti grand vainqueur de ces élections, le CPR qui serait son satellite suit avec 29 sièges ( 13,3% ), ElAridha avec 26 sièges (12%) prend la troisième place, et enfin le FDTL 20 sièges (9%), le PDP16 sièges (7,4%), le PDM , Afak, l'Initiative 15 sièges (15%) et les divers 10% et 22 sièges,
Ennahdha a totalisé près de 1.500.000 voix soit 37% des votants, elle a su mobiliser et a inciter la majorité sinon la totalité de ses adhérents et sympathisants à s'inscrire et à voter pour elle aussi ma conviction est qu'elle a fait le plein de voix et qu'elle ne pourra recruter à l'avenir qu'à la marge, elle ne représente que 20 à25% de la population, la marge de progression des partis du pôle moderniste est donc énorme et le travail qu'il doivent faire pour convaincre et rassembler n'est pas moindre.
Ennahdha , bien que possédant la minorité de blocage, ne peut pas gouverner seule, la Tunisie n'a pas basculé dans l'Islamisme à l'aube du lundi 24 octobre 2011, les islamistes totalisent 41% des sièges, c'est vrai que ce parti est devenu incontournable dans l'échiquier politique d'aujourd'hui par la faute des égo surdimensionnés des chefs des partis du pôle moderniste qui n'ont pas voulu s'assembler pour rassembler alors que ce qui les unit et de loin plus important que ce qui les sépare, et la course de certains à l'ambition dévorante, pour quémander un portefeuille, tout cela sous couvert de l'intérêt national ! On se demande quelles sont les valeurs et le projet de société qui rapprochent le PCR et Ettakatol à Ennahdha et les éloignent du pôle des partis modernistes ? Est ce réellement l'intérêt national ou la perspective d'un bon portefeuille ? il est légitime de se poser la question tant le fossé est grand qui sépare les projets défendus par chacune des parties !
Ennahdha est sorti vainqueur, elle appelle à un gouvernement d'union nationale, et sans attendre ni la proclamation officielle des résultats ni le début des « négociations » avec les deux partis CPR et Ettakatol pour se réserver le poste de premier ministre, le poste de ministère des affaires étrangères et de l'éducation etc... Pourquoi un gouvernement d'union nationale ? Est ce, parce que devant une conjoncture nationale et internationale qui s'annonce difficile, elle sait que les promesses mirifiques qu'elle a faite seront intenables, et de ce fait elle cherche à associer le plus grand nombre de partis pour le jour où ses électeurs lui demanderait des comptes ?
Les urnes ont désigné un vainqueur à ces élections, c'est Ennahdha , la démocratie impose au « perdant » d'être dans l'opposition et au vainqueur de gouverner, l'idée d'un gouvernement d'union nationale (version des islamistes ) ou d'intérêt national (version Ettakatol) n'a pas de sens et ce serait aller contre la volonté du peuple qui s'est exprimé clairement !
Par contre si réellement on recherche l'intérêt national et non les strapontins, un gouvernement de technocrates rencontrant le consensus de l'assemblée ou mieux la reconduction du gouvernement de monsieur B.Caid Essebsi avec quelques retouches parce qu'il assurerait la continuité et éviterait la perte de temps car il faut aux nouveaux responsables du temps pour se mettre au courant et une année c'est court ! serait la solution pour permettre aux nouveaux élus de se consacrer entièrement à la rédaction de la Constitution.
Dans tous les cas et quelque soit le scénario que choisira Ennahdha,il appartiendra à l'opposition de rester vigilante, de lutter contre toute dérive contraire aux consensus convenu ou de tentative d'atteinte aux acquis progressistes intangibles réalisés par le peuple depuis plus d'un demi siècle ou celles plus récentes acquises depuis la révolution, le code du statut personnel, les libertés fondamentales publiques et privés, la liberté du culte et d'expression et de création etc... Il appartiendra au pôle moderniste de mobiliser et de rassembler à l'intérieur de la constituante et d'alerter l'opinion publique à l'extérieur pour qu'elle défende ses acquis.
plus que jamais le peuple attend que les partis du pôle moderniste se mettent d'accord sur une plate forme et que leur leaders mettent leur égos de côté et se rassemblent pour pouvoir convaincre les indécis et les sceptiques car les échéances prochaines se gagnent aujourd'hui et elles sont vitales pour le pays qui, dans sa majorité refuse le projet de société rétrograde qu'on lui prépare et reste fermement attaché aux acquis socioéconomiques et politiques progressistes acquis de haute lutte !
Rester vigilant est une ardente obligation pour tous les démocrates, parce que les Islamistes se projettent déjà dans l'après constituante ! Le choix des porte feuilles qu'ils se réservent n'est pas fortuit ni innocent, le poste de premier ministre leur permet de contrôler l'action du gouvernement, le portefeuille des affaires étrangères (et de la coopération internationale ?) leur permettra de faire leur campagne à l'étranger, d'avoir une stature internationale et de rassurer les différents partenaires de la Tunisie.
Par ailleurs, ayant la minorité de blocage, il est probable qu'ils choisiront que les lois se fassent à la majorité des 2/3 pour qu'aucune loi qui ne leur convient pas ne puisse passer même en cas de défaillance de leur deux alliés.
Les salafistes, se chargeront et ils ont déjà commencé, à l'université et dans la rue, à vouloir imposer par la violence le nouveau modèle de société qu'ils nous préparent, sans qu'Ennahdha ne condamne ces dépassements et cette violence, c'est vrai qu'ils étaient occupés par les inondations ont-ils dit ! On nous dira « Echaabou yourid »
Ghannouchi lance déjà des ballons d'essai pour interdire les lois qu'il juge, selon lui, contraires à la Charia, il s'est déjà prononcé sur l'adoption, demain la polygamie, peut être, que certains considèrent comme une liberté octroyée par l'Islam pourquoi cherche t-on à en en priver celui qui souhaiterait en user !
Ennahdha dit qu'elle a changé. Nous jugeons sur pièce et comme dit le proverbe : « je continuerai à lire la sourate de Yassine , mais je garderai la pierre dans ma main ».


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