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Tunisie : Le marché du médicament, victime de surconsommation et de contrebande!
Publié dans WMC actualités le 11 - 06 - 2012

Le circuit du médicament en Tunisie est connu pour être l'un des mieux organisé sur le plan international. La Pharmacie Centrale de Tunisie (PCT) détient le monopole de la distribution, étant la seule institution qui a le droit d'importer des médicaments pour les livrer ensuite aux grossistes répartiteurs lesquels ont la charge de fournir les pharmaciens. Ceux-ci sont soumis à des exigences juridiques très rigoureuses, au point qu'il est très rare d'entendre qu'un médicament manque, sauf en cas de retard dans la livraison par le laboratoire concerné ou d'un problème de rupture de stock.
Pour autant, ce circuit performant ferait défaut actuellement. Depuis le déclenchement de la révolution tunisienne, suivie de celle de la Libye, plusieurs médicaments manquent sur le marché tunisien. Un souci que partagent patients, médecins et autres pharmaciens.
Parmi ces produits, le Levothyrox qui, depuis quatre mois déjà, connaît une perturbation au niveau de sa distribution dans les pharmacies. Ce produit est prescrit pour le traitement de l'hypothyroïdie, une maladie due principalement à un manque d'iode, qui intervient dans la création des hormones thyroïdiennes. Le non traitement de cette maladie peut provoquer surtout des troubles cardiovasculaires.
Des réclamations quotidiennes…
Cette maladie est assez fréquente en Tunisie puisqu'elle concerne entre 1 à 2% de la population. Elle se classe comme deuxième pathologie après le diabète. Le Levothyrox est le seul médicament traitant cette maladie qui existe sur le marché tunisien, livré par le laboratoire allemand Merck Serono, qui a d'ailleurs un bureau à Tunis.
Dr. Samir Ouertani, directeur médical au sein de ce bureau, nous indique qu'il reçoit quotidiennement des réclamations quant au manque de ce produit de la part des patients ou des médecins. «Cette situation devient problématique. De notre côté, nous honorons nos livraisons. Il n'y a aucun problème de ce côté-là. Si la situation persiste, ceci peut poser un problème pour les patients qui en ont besoin puisque c'est un traitement à vie», lance-t-il.
Alertés, nous décidâmes alors de faire le tour de quelques pharmacies de la capitale. Et on se rendit compte que les plaintes des patients sont réelles. Le produit manque considérablement sur le marché. Les pharmacies se plaignent du fait que leurs requêtes auprès des grossistes répartiteurs ne sont pas satisfaites.
Pour une commande en date du 17 mai, un pharmacien n'a reçu que deux boîtes de Levothyrox; ce qui est aberrant, selon lui. «Il y a un réel problème au niveau de la distribution. Les grossistes nous disent qu'ils n'ont pas assez de ce produit et la Pharmacie Centrale est réticente à augmenter la quantité distribuée. Conséquence : les patients souffrent», affirme-t-il. Il indique que des patients viennent même des autres régions pour chercher le produit et ne le trouvent pas.
Un second pharmacien confirme aussi le manque du Levothyrox sur le marché. Mais il indique que le stock de ce médicament a été bien géré, à son niveau. «La présence de ce produit sur le marché a diminué depuis trois mois déjà. Mais de notre côté, nous avons tenu à maintenir stable notre stock. Nous ne donnons ce produit qu'à nos clients habituels pour éviter une éventuelle rupture de stock. Le produit existe mais en petites quantités», souligne-t-il. Il soupçonne la contrebande d'avoir joué un rôle dans la diminution de ce produit sur le marché.
Réticence…
Mais il semble que le discours soit différent, au niveau de la Pharmacie Centrale de Tunisie. Un responsable nous affirme que le produit ne manque pas et qu'il y a même un stock de trois mois. Il indique que la PCT a livré, au mois de mai, près de 90 mille boîtes. «On livre pour un mois et demi de consommation», précise-t-il.
Il faut noter que le produit existe en trois dosages, à savoir le 25μG, le 50μg et le 100μg; le manque a touché particulièrement le 100μg qui est le plus prescrit par les médecins. Dr Ouertani affirme que la PCT dispose d'un stock d'environ trois mois, mais c'est sa mise en répartition qui pose problème.
Le responsable de la PCT nous confirme que le médicament a été mis en répartition, ce qui signifie qu'il est livré en petites quantités. Il indique qu'il n'est pas possible d'augmenter les quantités pour ne pas mettre en risque le stock existant. Ce qui fait qu'il y a une réticence à augmenter les quantités livrées aux grossistes, bien que le stock existant au niveau de la PCT couvre trois mois de consommation normale. Notre source souligne qu'il a été décidé, au mois de juin, de renforcer encore plus les stocks. Les quantités distribuées sur le marché ont aussi doublé pour combler le manque.
Le responsable de la PCT n'a pas voulu commenter le manque du produit sur le marché, insistant sur le fait que la Pharmacie Centrale honore ses livraisons aux grossistes répartiteurs. Selon lui, le problème concerne le circuit de distribution et non la livraison. Il précise que le ministère de la Santé est en train de faire ses investigations sur cette question.
Une question qui nous a incités à faire appel à la direction de la pharmacie et du médicament, au sein du ministère de la Santé. Kamel Idir, son directeur, a été réticent à nous fournir plus de détails sur ce problème. Il a précisé que le ministère de la Santé a demandé à la Pharmacie Centrale d'augmenter les quantités livrées en ce médicament, sans nous dire davantage sur les procédures de contrôle du circuit de distribution.
Un générique ?
Selon nos sources, la PCT a lancé un appel d'offres, remporté par un laboratoire grec pour fournir le marché en un générique, essentiellement pour le 100μg. Selon le responsable de la PCT, ce générique n'est pas nouveau sur le marché tunisien. Il est déjà utilisé dans les hôpitaux tunisiens, depuis une vingtaine d'années.
Mais il paraît que le fabricant n'a pas encore fourni la quantité demandée à cause des contraintes de fabrication et de logistique. Ce qui fait que la PCT recourt au laboratoire allemand pour satisfaire ses besoins. «Mais nous ne pourrons plus livrer le produit. Notre stock actuel est de trois à quatre mois. Nous pouvons attendre jusqu'à ce que le fabricant du générique honore ses livraisons», explique le responsable du laboratoire allemand.
Il ajoute aussi que le recours à un générique n'est pas la solution puisque ceci va poser un problème d'ordre médical pour les patients. Pour un patient qui prend du Levothyrox à 125μg, par exemple, ce serait compliqué de prendre deux produits différents, mais la contrainte essentielle est que ce patient aurait à refaire le bilan médical, une nécessité quand on change d'un produit à un autre.
A noter que le produit n'est pas cher (aux alentours de 1 à 2 dinars, selon le dosage), ce qui fait qu'il est accessible pour les patients. Le laboratoire allemand indique qu'il n'est pas rentable commercialement et qu'il réalise des gains minimes, et il s'agit surtout d'une politique qui vise à favorise l'accès au traitement, d'ailleurs largement implémentée surtout en Afrique: dons de laboratoires d'analyses mobiles (Thyromobiles), programmes de sensibilisation à cette pathologie…», insiste Dr Ouertani.
Manque de contrôle…
La problématique se situerait donc clairement au niveau du circuit de distribution. Une question qui est en cours d'investigation par le ministère de la Santé, selon la PCT. Les professionnels évoquent deux possibilités, la surconsommation et la contrebande vers la Libye.
Un pharmacien nous indique que beaucoup de médicaments ont rencontré le même problème. Il signale que la contrebande qui s'est amplifiée durant la révolution libyenne a également touché les médicaments. «J'ai reçu de 50 à 60 millions de commandes en produits divers. Mais naturellement j'ai refusé», lance-t-il. Il ajoute qu'il y a un déficit au niveau du contrôle du circuit de distribution, ce qui fait que tout devient possible.
«Le Levothyrox est un médicament essentiel, un produit unique qui n'a pas de générique. Nous demandons au ministère de la Santé, plus particulièrement à la direction de la pharmacie et du médicament d'être plus vigilante dans le contrôle», réclame-t-il.


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