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La troisième décimale : faux problème ou casse tête chinois ?
Publié dans WMC actualités le 05 - 09 - 2008

Peut-on imaginer notre univers sans monnaie? Nous nous tuons à l'œuvre pour la gagner, nous adorons la dépenser et certains d'entre nous ont du plaisir à l'amasser et même à la collectionner. Ces actes banals que nous pratiquons au quotidien ne nous poussent guère à nous interroger sur la nature de la monnaie, ses composants, et même la signification des illustrations qui y figurent. Nous nous en servons mais nous ne nous posons jamais des questions à son sujet. Comment fabrique-t-on une monnaie ? Pourquoi un tel chiffre plutôt qu'un autre ? Répond-elle aux standards internationaux ? Même les plus avertis ne sauraient y répondre. La Tunisie figure parmi peu de pays qui fonctionnent à trois décimales dans un monde où on use de monnaies à deux décimales. Pourrait-on parler d'une exception tunisienne? Ce choix risquerait-il de nuire à nos transactions financières ?
Des experts en parlent.
« Il n'existe pas de règles applicables dans tous les pays en ce qui concerne le nombre de décimales dans une monnaie. Il n'existe pas non plus un standard international à ce propos. Chaque pays est souverain et applique son propre système monétaire » affirme Habib Maalej, directeur général de la Caisse générale des Comptoirs et des systèmes de Paiement à la banque centrale.
«La première interrogation qui s'impose d'elle-même est : à quoi correspond une troisième décimale dans un monde qui fonctionne uniquement à deux? Nous communiquons dans un langage qui n'est pas conforme aux standards internationaux, ce qui a pour conséquence des risques de dérive sur les gros montants ou des effets multiplicateurs pervers sur les petites sommes soumises à un grand nombre d'opérations. Il existe également un risque d'affecter la fiabilité des échanges financiers alors que pour ce genre de transactions, lisibilité et maniabilité sont de rigueur ». Riposte Ezzeddine Saïdane, PDG de Directway Consulting et expert financier. Selon lui, la Tunisie a dû mettre en place des systèmes d'informations adaptés à notre monnaie puisque ceux utilisés par les banques locales sont importés de pays fonctionnant à deux décimales.
Pour Kamel Saffar, directeur commercial de la BFI, La pratique collective en Tunisie, est basée sur le système des trois décimales. Elle est bien ancrée dans notre pays et depuis toujours. Pour la BFI spécialisée dans la mise en place des systèmes d'information des banques tunisiennes, les systèmes à trois décimales n'ont jamais posé de problèmes au niveau de leur installation « Nos institutions financières sont familiarisées avec le système monétaire à trois décimales. Changer de système reviendrait à bouleverser tout le paysage monétique du pays. Les magasins, hôtels, restaurants, tous les lieux où le citoyen dépense de l'argent doivent se munir de nouveaux équipements adaptés au nouveau système. A commencer par les caisses enregistreuses ». La dimension sociale est aussi importante. Dans le quotidien, l'usage de la monnaie relève de la mémoire collective liée à un référentiel culturel. Des facteurs tels que l'habitude, l'identité nationale, la relation de l'usager avec sa monnaie sont à prendre en compte.
D'autre part et sur le plan purement pratique, selon M.Saffar, « Il n'y a pas de difficultés d'adaptation des système d'information, Il s'agit tout simplement d'une question de paramétrage, la BFI installe en Tunisie des systèmes d'information à trois décimales, et dans d'autres pays où on use de monnaies à deux décimales, met en place des systèmes d'information adaptés ». Il est rejoint en cela par M. Maalej qui estime que les trois décimales ne compliquent absolument pas les transactions financières et qu'elles ne rendent pas non plus difficile l'adaptation du système d'information dans les banques. « En tant qu'institut d'émission, nous n'avons jamais reçu de réclamations ou de critiques de la part des banques à propos de difficultés rencontrées à cause de notre système monétaire, il n'y a aucun mal à garder sa propre monnaie » ajoute t-il. Question de coûts.


« Les coûts de fabrication des petites monnaies comme le millime, les deux millimes ou les cinq millimes exigent des moyens substantiels. Si nous éliminions la troisième décimale, nos systèmes d'information seraient gérés beaucoup plus simplement et bien entendu nous économiserions sur la fabrication de la monnaie ».
Eh non ça n'est pas aussi simple que cela M.Saïdane. Car quand on aurait légiféré, Il faudrait s'attendre à un grand chamboulement affirme M.Maalej : « Il ne s'agit pas tout simplement de retirer les petites monnaie du marché, il faudrait les remplacer par une nouvelle monnaie. Les 100 millimes deviendront 10 centimes, les 50 millimes 5 centimes et ainsi de suite. Pour rapatrier tout cet argent, il y a toute une logistique à mettre en place ce qui coûte énormément cher et exige des moyens humains conséquents »explique t-il. Si on devait compter le nombre de nouvelles monnaies dont nous aurons besoins dans le cas où nous déciderions de changer notre monnaie, cela nous coûterait des dizaines de millions de dinars et prendrait un temps de réalisation d'un minimum de trois ans. Sans oublier le fait que les prix des matières premières pour la fabriquer sont extrêmement élevés et vont crescendo ajoute le directeur général de la Caisse générale des Comptoirs et des systèmes de Paiement. « Aujourd'hui, il serait beaucoup plus économique pour nous de garder notre monnaie que d'en changer » approuve M.Saffar. Une évolution vers un système à deux décimales demande du temps et une bonne préparation sur le plan logistique même si pour certains notre monnaie n'est pas très pratique. « Ce qui n'est absolument pas pratique serait plutôt le fait de nager à contre courant » soutient Ezzeddine Saïdane : « Car s'il existe une véritable volonté d'éliminer la troisième décimale et de nous adapter aux normes internationales, nous ne sommes pas obligés de fabriquer instantanément de nouvelles pièces de monnaies, il suffirait que la banque centrale publie un texte légal qui consiste à informer les consommateurs que désormais les pièces de 10, 20, 50 ou 100 millimes seraient considérées comme des centimes, le temps que le nouveau système se mette en place et que les gens commencent à s'y familiariser». Il ajoute : « Ce n'est pas la première fois que nous faisons cela en Tunisie, à la veille de l'indépendance, les francs français circulaient avec la monnaie tunisienne, cela a pris un certain temps avant que la monnaie française ne disparaisse définitivement du paysage monétaire tunisien ».Usage compliqué ?
L'exemple du secteur touristique le montre explique le PDG de Directway Consulting : les Tours opérateurs (TO) trouvent des difficultés dans les opérations de conversion de la monnaie tout comme les touristes ne parviennent pas aisément à manipuler notre monnaie nationale car il est plus facile de conserver un référentiel si le facteur de conversion est 2. Mais d'un autre côté, un touriste n'est-il pas censé apprendre à se familiariser avec la monnaie locale ? L'une des premières curiosités dans un pays que nous visitons ne serait-elle pas sa monnaie ? En réalité, il n'existe pas un référentiel culturel unique en matière de monnaie, chaque pays dispose d'une totale liberté dans le choix de sa monnaie et de ses unités de mesure. Si ce n'est l'avènement de l'union monétaire européenne, l'Italie aurait peut être gardé sa fameuse lire divisible sur mille. Evidemment le problème ne s'est pas posé pour le franc français qui est à deux décimales depuis toujours.
S'il n'existe pas de références sur le plan culturel en matière de monnaie, il en existe peut être sur le plan économique. Après tout rien ne nuirait à ce que nous parlions au monde dans son langage à condition d'y mettre les moyens. « La pertinence et la précision de la communication sont importantes. Il faudrait faire l'effort de parler aux autres dans un langage qu'ils comprennent et dans le cas présent, nous parlons d'une monnaie à deux décimales. Nous ne pouvons plus nous permettre de nous soumettre aux standards internationaux dans tous les domaines et ne pas les appliquer s'agissant de la monnaie, car dans toute activité financière, il faut simplifier les procédures au maximum et éviter les interprétations. Eliminer la troisième décimale ne porterait aucune atteinte à la valeur de notre monnaie, nous ferait gagner des millions de dinars sans oublier que cela permettrait au pays de répondre aux normes internationales sur le plan monétaire », affirme Ezzeddine Saïdane.
‘‘Wait and see'' (Attendons voir), peut être qu'un jour, nous déciderons de migrer vers le système monétaire à deux décimales. En attendant, nous ne sommes pas encore sortis de l'auberge.

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